Or noir
6.4
Or noir

Album de Kaaris (2013)

Peut-être est-il temps d'écrire quelques lignes à propos de Kaaris. Je vois pas mal de critiques, plusieurs (sincèrement) positives, mais pas une qui puisse être à même d'expliquer, à quelqu'un qui vouerait à Kaaris une antipathie bien défendable, la raison pour laquelle il me paraît non seulement l'un des plus grands rappeurs français, mais plus encore un des rappeurs les plus universels.


Il faut avant tout, avant de juger Kaaris, se poser une question fondamentale : qu'est-ce que le rap ? Ou plutôt, qu'y cherche-t-on et, que peut-on y trouver ?
Comme je vois les choses, en écoutant de la musique (mais aussi en rencontrant n'importe quelle œuvre d'art) on recherche, plus qu'une sensation, un sentiment qui oscille entre deux pôles, l'un foncièrement positif, l'autre parfaitement négatif.
Ecartons-nous juste un instant du rap pour généraliser avec deux compositeurs classiques : tu écoutes le divin équilibre mozartien, tu recherches l'harmonie céleste, la pureté de ton âme et ce sentiment d'élévation que cherchait Schopenhauer dans les mélodies de Rossini. Tu écoutes Penderecki, tu recherches à l'inverse un sentiment chthonien, une déchirure tellurique qui t’entraîne au plus profond de toi-même.
Il est amusant de remarquer que Platon craignait la musique pour sa valeur émolliente qui altère l'âme de l'homme, mais qu'il n'avait pas envisagé le cas inverse, l'altération de l'âme par la recherche de la violence musicale, qui pourtant est certainement plus dangereuse et plus efficace encore que son opposé. Peut-être est-ce d'ailleurs un syndrome de notre siècle et du précédent.
En ayant bien conscience que ce qui va suivre n'est pas forcément valable pour tout le monde – mais que tout le monde pourra peut-être, en revanche, à défaut de partager, comprendre – il faut à présent envisager le rap comme un des territoires de prédilection à l'épanchement de cette musique négative, cette musique qui ne veut plus nous élever mais nous détruire de l'intérieur. Lorsque je recherche une musique qui m'attire vers ce pôle imaginaire positif, j'écoute tout sauf du rap. Lorsqu'à l'inverse je veux faire le plein d'émotions négatives, là, j'écoute du rap. Je construis ma haine, je lui bâtis un temple protéiforme mais voué à ce seul dieu, avec une petite statue difforme pour chaque sorte de musique, sensation, perception qui vient me détruire un peu en nourrissant mon pôle négatif.
Dès lors, nous revenons, avec une réponse, à la question « que cherche-t-on dans le rap ? » et « qu'a-t-il à nous offrir ? ». De l'animalité, de la violence, de la pure haine, etc. Et dès l'instant où l'on accepte ces prémices, on doit reconnaître que tout le rap conscient, le « bon » rap, le rap « old school », tout ce qui a été élevé au panthéon du rap, lui a prétendument donné ses lettres de noblesse, s'écroule au profit d'une nouvelle scène qui n'est pas encore comprise pour ce qu'elle est : l'essence du rap. Je parle donc de Kaaris – qui me paraît être celui qui est allé le plus loin – mais aussi de Alpha 5.20, Rochdi, Gradur, Seth Gueko, Al K pote, 25G, 59 Grammes, même Cobro, etc. Si l'on accepte l'hypothèse que je soutiens, on accepte de détrôner IAM, NTM, Keny Arkana, La Rumeur et plus encore Svinkels, Klub des loosers, Orelsan & co. Aussi intéressant qu'ils puissent être sur un million de plans, ils peuvent apporter un semblant de satisfaction, mais on est loin de la plénitude de jouissance terrible recherchée ; ils ont finalement une puissance extrêmement faible et, inévitablement, provoquent l'ennui (là, si je ramasse pas une pierre ou deux...).
Je reviendrai bientôt sur les ficelles de cette ultra-violence d'un rap qui émerge depuis quelques années sous différentes formes. D'abord, terminons ces considérations générales visant à justifier la possibilité d'apprécier Kaaris dans son principe (nous verrons ensuite dans la pratique – il s'agira de prouver que Kaaris est loin d'être stupide ou mauvais).
Kaaris répond donc à un besoin d'émotions animales, d'anti-conscience. Ce besoin, je le pense universel. C'est un point qui me tient particulièrement à cœur, puisqu'il permet en second lieu d'affirmer que Kaaris est certainement le plus accessible des rappeurs. Outre ce qui fait la qualité de son rap, il y a dans son principe quelque chose qui permet de le rendre universel. C'est d'ailleurs amusant de regarder une vidéo d'un live et d'observer le public : on s'attendrait à n'y voir que des krakis de la pire espèce, mais le public est très hétérogène : krakis certes, mais aussi une tripotée d'hipsters, et je n'irai pas jusqu'à dire « de respectables mères de famille avec leurs enfants et leur paternel octogénaire », mais le cœur y est. Kaaris, j'ai envie de dire « expliqué aux enfants », ça marcherait. Il suffit de laisser de côté les préjugés que l'on a sur le rap, de rejeter toutes les idées préconçues et de voir toute cette affaire sous un autre angle, et on peut commencer à devenir fou, tous ensembles, de 7 à 77 ans.
Cette universalité kaarisienne passe aussi par un changement très important qu'il opère vis-à-vis des autres rappeurs pour krakis. C'est qu'il ne fait pas du rap que pour les krakis. Il cherche à toucher différents publics, notamment des publics plus intellectuels, au moyen de la référence. C'est intéressant de voir qu'il en est conscient : « J'aime quand il y a des chiens de la casse […] mais il faut qu'il y ait de tout : il faut qu'il y ait des petites meufs en tailleurs, il faut qu'il y ait des Blancs, des Chinois, des Arabes, il faut qu'il y ait de tout. » Naturellement, Kaaris ne pouvait pas avoir le même rapport à la référence qu'un doctorant en Sciences Humaines. Il est dans la subversion totale de sa référence. Il la salit, la traîne dans la boue, la transforme en un objet irregardable – vous l'aurez compris, un objet de jouissance. Prenons par exemple cet exemple délicat, tiré du hit « Bouchon de liège » : « 20000 lieues toute l'année, ma bite dans ton cul fait d'l'apnée. » Que se passe-t-il ? Kaaris se sert des similitudes sonores entre « année » et « apnée », et mêle Jules Verne, qui se demande bien comment il a pu arriver là, à une punchline magistrale qui lui fait la réponse. Plus sobrement, lorsqu'il dit « Léonard de Vinci est très préoccupé par mes travaux » (« Comment je fais »), il affirme que ce qu'il fait est tellement bon que même un génie protéiforme comme De Vinci serait en admiration craintive devant la production de Kaaris, mais en même temps il fait jouir tous ceux qui sont à même de mesurer l'impact de la production pluridisciplinaire de l'italien. On trouve un autre très bon exemple de subversion de la référence dans le blasphème qu'il propose en introduction de « Tu me connais » : «  J'descends de la navette, j'marche sur des débris lunaires, j'vais faire trembler toutes leurs shneks sur l'échelle de Richter. Le diable peut te tenter juste avec une somme, pour les plus connes, juste avec une pomme. » On pense, bien évidemment, au titre qu'avait donné un rappeur auquel je ne tiens pas mais qui a quand même fait quelques petites choses ça et là dignes d'intérêt : Sefyu, et son album au titre si bien choisi « Suis-je le gardien de mon frère ? ». Revenons à Kaaris : il glisse, négligemment, à la fois une insulte aux femmes, une référence à l'Ancien Testament, une référence au système de mesure des tremblements de terre qu'il met en lien direct avec une nouvelle insulte aux femmes et sa supériorité sur elles, la confirmation qu'il est bien sujet aux tentations de l'argent, etc., on pourrait aller encore loin. Oui, ses textes sont riches. Denses.
Mais c'est un autre sujet. Qu'on me pardonne ces catégories simplettes, mais Kaaris parle aux krakis, Kaaris parle aux hipsters ou intellectuels du dimanche de tous bords. Kaaris parle aussi aux geeks, comme lorsqu'il dit dans « Juste », « Le gorille géant de la ville me jette des tonneaux ». Cette référence à un jeu vidéo n'est pas seule dans l’œuvre de Kaaris, on trouve aussi une référence à Superman lorsqu'il parle de « billets vers comme la Kryptonite » (« Comment je fais ») ou à Dragon Ball et Tintin à la fois avec « La punch est magistrale, chacun de mes freestyles fait apparaître les sept boules de cristal » (« Bouchon de liège »).
J'aime aussi beaucoup les parallèles géométriques qu'il trace : « T'as la shnek en triangle, et j'ai la mâchoire carrée » (« Comment je fais ») ; et dans « 63 », « Illuminati en triangle, comme la forme de ta chatte ». Nous y reviendrons, mais la construction de ces punchlines est parfaitement représentative de l'esthétique du collage et de la dégénérescence de la narration qui kaaristérictisent son rap.
Ce petit laïus pour expliquer que Kaaris offre un point d'ancrage aux opérations identificatoires inconscientes (parce qu'elles sont inconscientes, mais je maintiens qu'elles existent quand bien même on n'a rien à voir avec cette culture) à travers des références plus fines et surtout plus diversifiées que l'éternel sample de Scarface en VF.
Parlons un instant « VF ». Pourquoi ce rap ne donne le maximum de son potentiel qu'en français ? Pourquoi, alors qu'il existe des Kaaris américains, certainement plus sales encore et de meilleure qualité, n'éprouve-t-on pas la même jouissance dès l'instant où l'on traverse l'Atlantique ? Je pense qu'il y a deux éléments de réponse qui se rejoignent, encore, autour de la problématique de l'identification. Tout d'abord, l'argot français, reconnaissons-le, demande déjà un certain entraînement pour être saisi au prix du moindre effort. Or, vous vous rappelez peut-être que ce rap n'est pas fait pour être intellectualisé. Pour qu'il atteigne son maximum d'efficacité, il doit être impulsif, intuitif et non raisonné. Il va de paire avec une compréhension immédiate, directe, primaire : animale. Ce qui nous amène sur le deuxième problème : quand bien même l'anglais est très bien maîtrisé, il faudrait être, pour un auditeur français, totalement bilingue – y compris avec l'argot anglophone – afin de ne pas pâtir de la barrière de la langue. Cette barrière vient non seulement altérer la compréhension immédiate (passive) du texte, de l'Idée mais, ce faisant, elle se pose comme un voile, un média supplémentaire dans la construction des opérations identificatoires. Parce que la langue n'est pas la nôtre, il devient plus difficile aussi de se reconnaître dans les sons, dans les phonèmes prononcés. L'imaginaire que transporte un texte en anglais est fondamentalement différent de celui transporté par un texte en français. Harlem n'est pas la Courneuve. Si le langage n'est pas en adéquation avec la culture du sujet, alors il est plus difficile – mais pas impossible, naturellement – de se reconnaître dans le propos.
Entre ces remarques louvoie depuis quelques temps déjà une nouvelle problématique : Kaaris comme tous ces rappeurs que j'affectionne, je l'ai dit et je le répète, ne peut être conçu au seul second degré. Si l'on prend Kaaris au second degré, on se prive d'une partie de la force qu'il peut dégager. Alors, certes, il est impossible à un petit fils de bourgeois comme vous et moi d'écouter Kaaris au premier degré. Je me demande même s'il est possible au dernier des dégénérés de considérer ces textes au premier degré, de ne pas se rendre compte que c'est complètement démesuré. Mais ce qui est certain, c'est que ce dernier des dégénérés ne l'écoute pas au second degré.
Plus simplement : si l'on admet que le premier degré est une acceptation simple et sans la moindre retenue du propos, et que le second degré est, à l'inverse, une dérision de l'intégralité du message, un refus total et, obligatoirement, une incapacité à la plus minime des opérations identificatoires, je dirai que le chien d'la casse écoute Kaaris au degré 1,1, le kraki moyen à 1,3 ou 4, le petit bourgeois à 1,7 ou 8. Mais c'est déjà un peu trop. Ça reste abstrait, mais je dirais qu'il faut essayer de se rapprocher d'un idéal qui serait le premier degré et demi. Certes, une partie de notre esprit est consciente qu'il faut rire de ce qu'il dit – et, régulièrement, on rit. Mais une autre absorbe les paroles, absorbe l'instru, absorbe l'énergie : elle accepte l'ultra-violence musicale sans chercher à la convertir dans l'humour. On n'écoute pas Kaaris comme on écoute TTC.

À peu de choses près, j'ai jusqu'à présent laissé de côté la musique en elle-même, pour me concentrer sur sa réception par l'auditeur. Cette opération me semblait un pré-requis nécessaire à la bonne disposition de mon lecteur envers mon propos. À défaut, je me dis que lassé, il a passé son chemin. Elle m'a permis de poser aussi quelques idées qui justifient d'autres branches de ma théorie kaarisienne : nous allons pouvoir entrer maintenant dans l’œuvre elle-même.
La musique de Kaaris est, pour l'auditeur, une musique animale, instinctive, et non raisonnée. Pour que l'auditeur ait ce sentiment, il faut qu'initialement, il y ait dans le propos quelque chose qui donne cette impression. Je crois qu'en premier lieu, ce qui frappe le plus c'est l'absence totale d'engagement politique de la part du rappeur. Lui-même le dit : « J'm'en fous de l’État, frère […]. Moi, c'est surtout la musique ». Il est très important – et Ô combien délicieux ! - d'avoir immédiatement à l'esprit que dans ce rap, il n'y a pas le moindre engagement politique. Qu'il n'y a pas de conscience, pas de volonté utopique de faire changer le monde. Le mouvement kaarisien est centrifuge, il part de l'Omphalos – Kaaris – et explore le monde, mais ne revient jamais vers le centre, qui existe indépendamment de ce qui l'entoure. Il n'y a pas de dialogue entre Kaaris et le monde, il n'y a qu'un long matraquage monolithique, un monologue. C'est certainement pour ça que les seules photos que poste Kaaris sur son facebook sont des photos de sa propre personne. Le rap n'est donc pas là pour dénoncer, et il le sait : « Le rap à message, le rap conscient, comme je l'ai toujours dit : si j'ai besoin d'un message, j'écoute ma mère. » Certains objecteront bien que la glorieuse République est régulièrement l'objet des assauts phalliques de Kaaris, comme dans « Pirates » : « Marianne n'aime pas ma nation, j'lui bouffe la chatte de temps en temps, elle dit que les petites attentions entretiennent les bonnes relations », dans « Lourd lourd », « Marianne, j'te baise mais putain qu'est-ce que tu crois ? Et si t'es déjà enceinte, ben ça m'f'ra un plan à trois » et, toujours dans le même bijou : « Si la république est prête, j'lui fais un facial. Avec ma grosse bite, style colonial ». Les connaisseurs noterons la délicate accentuation sur « grrrrrosse Bite ».
Bien, mais si Kaaris ne dénonce pas, que dit-il ? De quoi et comment sont faits ses textes ? Peut-être doit-on commencer par la forme. Dans le rap classique – et même la plupart des morceaux du rap le plus indécent actuel – nous trouvons, organisés généralement autour de refrains, des couplets qui offrent à l'auditeur une suite logique, sensée, de phrases qui permettent la narration d'une situation, d'une histoire, ou de quoi que ce soit. Chez Kaaris – et c'est là quelque chose de magnifique à mon goût – la narration tombe. Il n'y a plus la moindre intention narrative, plus le moindre désir de raconter une histoire. Kaaris, je ne dirai pas « invente », parce qu'on va me dire que les américains l'ont fait bien avant lui, mais adapte au rap français l'esthétique de la juxtaposition. Prenons l'exemple de Zoo, premiers mots : « J'n'ai aucune peine j'te nique ta race / Dans les veines j'n'ai que de la glace / J'veux savoir c'que ça fait d'prendre leur place / J'm'entraine à sourire devant ma glace / La capitale dans l'barillet / Tout arrive de Colombie akhé » etc., etc., nous pourrions continuer longtemps. Chaque phrase fonctionne comme une entité autonome qui n'est reliée à ce qui l'entoure que par... Et bien en fait, par une quantité tout à fait honorable d'éléments (rythmique, instru, flow, jeux sur les mots, les sons, etc.), sauf par le fil narratif. Un autre bon exemple où l'on entend bien que le seul lien qui justifie la mise bout à bout des différentes phrases n'est pas d'ordre narratif mais bien sonore se trouve dans « Je Bibi » : « Mon son est sur Deezer / Ton front est dans le viseur / Le produit est dans le mixeur / Rien ne change à part Freezer. » Une fois notée la référence à Dragon Ball, on a libre cours pour analyser ce qui permet à Kaaris d'assembler de la sorte ces quatre phrases.
Il en résulte un phénomène passionnant : il serait possible d'intervertir presque chaque phrase d'un morceau avec celle d'un autre. Le sens global n'en pâtirait pas : chaque morceau n'arrive à synthétiser son unité qu'artificiellement, dans un refrain qui n'est qu'un trompe-l’œil, puisque neuf fois sur dix il ne possède pas d'identité narrative. C'est aussi ce qui contribue à l'intégrité respectable (pas parfaite, j'y reviendrai) de l'album, il rassemble ses punchlines sans grande distinction, à l'aveuglette.
Cette juxtaposition de punchlines sans volonté de concaténation logique participe de la sensation d'ultra-violence anomique qui fait l'efficacité de Kaaris, qui lui permet de toucher aussi près au vortex négatif qui bouillonne naturellement en chacun de nous. Je trouve cette ultra-violence très bien représentée lorsqu'après avoir dit « J'baise les pieds dans la subaru, grosse queue de loup-garou », il enchaîne sur la répétition « Meurs ! Meurs ! Meurs ! Meurs ! » (« Je Bibi »), qui n'est rien d'autre que l'expression d'un désir caïnesque ultra-primaire : Kaaris crie son désir de meurtre, le répète et, ce faisant, l'ancre dans notre conscience pour faire écho à ce désir du meurtre de son prochain que Freud classe dans les pulsions de mort, pulsions entravées par le principe de réalité nous permettant, par la construction psychologique due à l'éducation, d'y résister. Nous ne voulons pas tuer, nous le désirons. Et Kaaris parle à ce désir profond de meurtre et de domination, le remue, le réveille. C'est pour ça qu'il est jouissif, comme lorsque dans « Juste » il dit « J'fais plus dans la dentelle j'encule ces enculés ! » Que reste-il ici, si ce n'est une décoction au plus pur de l'insulte ?
On remarque aussi qu'il accorde un soin tout particulier aux introductions de ses morceaux. Chez Kaaris, il faut que d'entrée de jeu, tu prennes une grosse baffe dans ta face. Et c'est effectivement primordial, car ça permet, avant toute chose – et j'entends par là « avant tout avis extérieur, différent » –, de détruire les doutes qui pourraient subsister chez l'auditeur. Des morceaux phares comme « 63 » commencent par le terrible « Ramasse ton string et va t'laver / et j'te l'répèterai pas », ou « Bouchon de liège » par cet enchaînement magique : « J'suis au départ d'la fusée Ariane ça t'é-t'étonne grosse bouffonne / J'crame le gros cul de Marianne c'est pour ça qu'ça sent le bacon / J'leur mets profond j'fais d'la spéléo / J't'ouvre la gorge comme une trachéo / Un facial j'te r'fais la déco / Ton sang dans l'Graal c'est pour l'apéro » et le couplet commence sur « Réveille-toi pédé ». On note à nouveau cette esthétique de la juxtaposition, du « collage » dirait Jean-Paul Olive. Cette introduction est réellement présentée comme une anacrouse, alors qu'elle ne diffère en rien de ce qui suivra ; c'est simplement qu'elle est une accroche d'ultra-violence à l'auditeur. Et quand Kaaris envoie ça avant l'arrivée du premier temps pulsé, force est d'admettre que l'oreille, subjuguée, est incapable de s'en détacher. Il faut absolument aussi rendre honneur à la première punchline d'un morceau magnifique, « Juste », qui est d'une gratuité extrême : « Elle prend par le cul elle m'la dit de sa bouche ». Inutile de rappeler qu'il enchaîne sur quelque chose qui n'a strictement rien à voir. On voit qu'il a perdu totalement [le sens des réalités, diraient certains] le besoin de justification. Chez Kaaris, plus c'est gratuit, plus c'est vrai. Faire du Kaaris, c'est faire du gratuit. Son double album regorge d'exemples merveilleux, « Chargé » nous offre, entre autres, « Dis à ta bitch negro, qu'elle se pose dans le vip à l'aise / son boule est tellement gros, que sa schnek avale la chaise » et « Sevran » ne se gène pas pour commencer par « La coke est dans la coupelle, ta shnek est dans la poubelle ».
A l'échelle de l'album aussi, ce serait un peu long à développer, mais le merveilleux « Bizon » de l'album Or Noir et le très fun « Intro » de Or Noir 2 sont des morceaux particulièrement indiqués pour introduire ses albums. Notons que « Bizon » se termine par une phrase qui indique à mon sens une lueur d'intelligence sous les muscles de Kaaris, une capacité à l'autospection et une certaine lucidité sur son travail : « J'suis capable du meilleur, comme du pire / Et c'est dans l'pire, que j'suis l'meilleur. » Au fond, et même si je préférerais que ce ne soit pas le cas, je me dis qu'il est peut-être conscient de ce qu'il fait : « Les gens pensent que je suis là, que je fais le fanfaron...Non, non, j'ai énormément de recul par rapport à ça. Je sais ce que je fais et ça m'étonne pas. » Ce morceau qui lui permet de s'assimiler à un bison lui permet aussi d'enchaîner sur un autre morceau en rapport avec les animaux, le très célèbre « Zoo ». Oui, les albums de Kaaris sont malgré tout construits, pensés.
J'en profite pour rappeler l'importance de la métaphore animalière dans l’œuvre de Kaaris. Il ravale constamment l'homme à sa nature bestiale. Car l'homme n'est plus exactement un « animal social » mais bien une « bête en bande ». Cette idée est aussi traduite visuellement dans les clips. Il n'y en a pas un qui se respecte sans sa petite bande de krakis qui « représentent », en bas des blocs. Je suis personnellement fou de ces groupes où se mêlent parfois des enfants, qui sont « capuchés, cagoulés, lunettes-de-soleillés », pour reprendre une expression de Seth Gueko. Chaque bande est plus méchante que la précédente (avec quelques exceptions, particulièrement quand on sent que y'avait pas assez de tunes pour faire intervenir des figurants et que ce sont la famille et les copains qui doivent tenir le rôle). Kaaris a l'intelligence de reproduire cette image jusque dans ses concerts, où il est constamment accompagné d'une vingtaine de renois baraqués comme des armoires normandes. Je suis bien avec lui lorsqu'il dit que « peut-être que 20% de la force est là » : l'image doit être puissante, massive, violente, présente. Plus d'hésitation possible : « Chez nous l'animal dominant est un noir chauve » (Zoo).
Je ne traiterai pas longtemps des thèmes kaarisiens. Si vous avez lu ce que j'ai écrit ou écouté un tant soit peu de rap de ce type, vous aurez compris qu'en substance ils ne diffèrent pas des habituels putes/sex, deal/drogues, violences en tous genres, insultes/égotrips et... Et voilà. Toutefois, ce n'est pas tant par les thèmes présents que par les absents que Kaaris se fait remarquer dans le rap : ici, pas ou peu de textes sur la difficulté de la vie. Pas de punchlines miséreuses – et d'ailleurs, comment pourraient-elles être des punchlines ? Seulement les sujets les plus agressifs, pas de plaintes, de larmoiements et tous ces autres trucs insupportables dans le rap. Kaaris ne te dit pas qu'il vit dans la misère, pour la simple raison qu'il te crie sa réussite, qu'il est le meilleur et que tu n'es rien à côté de lui. C'est encore une fois une des têtes de l'intérêt de son rap, puisque la galère ne conduit pas aussi directement au bouillonnement intérieur de violence que la violence nue.
Kaaris est violent, Kaaris est gratuit. Kaaris est surtout hyperbolique. La métaphore kaarisienne se situe dans le dépassement hyperbolique qui est l'essence de son rap. Jankélévitch n'a plus rien à faire ici, l'euphémisme et l'esprit de litote sont bannis. Car ce que l'auditeur cherche, c'est quelque chose de tellement immense que c'en devienne inconcevable, donc Kaaris offre hyperbole sur hyperbole, jusqu'à devenir indicible. Oui, Kaaris est ineffable (Eh ! Le voilà qui rejoint finalement Janké !). En tout cas il le désire. Ses formules hyperboliques touchent une quantité infinies de sujets :

Ses propres capacités : « J'te bouffe la shneck comme une viennoise en même temps j'fume ma O. G. Kush en même temps j'attrape une grosse mouche avec une paire de baguettes chinoises » (« Bouchon de liège »).
Sa renommée, dans une punch mémorable : « Même si je perce y'aura pas assez d'cire pour faire mes couilles au musée Grévin » (« Binks »). (marche aussi pour sa bite.)
Ses origines d'Afrique Noire : « J'ai des traces de coups d'fouet – à la place des tatouages » (« 63).
Son pouvoir auprès des femmes : « J'peux te faire sauter le gue-strin juste en soulevant le portefeuille » (« Je Bibi »).
Ses capacités auprès des femmes : « J'leur mets profond tellement de-spee qu'elles attrapent le hoquet » (« A la barrière »).
Ses capacités auprès des femmes : « La juge a vu mes pecs congestionnés, son clitoris a du gonfle » (« Pirates »).
Sa relation avec la femme : « J'ai des jambes à la place des bras, elle pense que j'suis en train d'la doigter, j'lui mets mon gros doigt d'pied » (« Kalash », qui est un peu le morceau qui l'a rendu célèbre, notamment grâce à cette punchline absurde).
Sa bite : « Selon le CNRS l'univers est en expansion comme ma bite » (« Houdini »).
La comparaison et la métaphore sont aussi au cœur du travail kaarisien sur le texte, bien que moins représentatives de l'essence de son rap à mon sens. On trouve toutefois quelques perles qui traitent des sujets déjà énoncés :
La vie : « Chaque jour est une bitch tu la niques ou tu t'résignes » (« Plus rien »).
La vie, encore : « La vie n'est qu'une taspé avec un gros cul j'espère q'tu la montes au moins » (« Binks »).
Sa bite : « Dans le vaisseau ma bite s'allonge comme le menton des frères Bogdanov » (« Comment je fais » – oui, en lisant cette punchline, on se demande effectivement comme tu fais).
Son sperme : « Faut qu'tu m'payes la vraie somme, ou j'te raye le rectum, sur tes chicots je cum, comme du vademecum » (« Bouchon de liège » – notez bien l'assonance en « um »).
Son sperme, encore : « J'déverse des tonnes de me-sper et j't'éteins comme un canadair » (« Je bibi »).
Ses couilles : « pillave sur la table, j'suis au four j'fais l'mac, biatch sous la table […] bouffe mes couilles comme œuf de pâques ! » (« Je bibi »).
Et, enfin, ses couilles ET sa bite : « Veni, vidi, tu comprendras que j'ai vicci quand ton équipe et l'industrie se délecteront de mes litchis, le métal et de tout c'qu'y a dans mon futal, la rigidité de ma queue comme un cadavre après une mort brutale » (« L'hôte funeste »).


On a compris que l'égotrip est au cœur de son travail. Il est très intéressant de remarquer que chez Kaaris le phénomène prend, comme d'habitude, une ampleur en dehors de toutes proportions : l'égotrip de Kaaris est hyperbolique. Comme, je l'espère, la série d'exemples précédemment cités le montre, Kaaris s'érige lui-même en une figure omnipotente, un sur-homme, un être supérieur à Dieu. La toute-puissance qu'il manifeste est vitale pour consolider cette image de figure de pouvoir qui va de pair avec la possibilité – imaginaire – de laisser libre-cours à ses pulsions de mort. Kaaris est une espèce de Surmoi dégénéré ultra-permissif, un Surmoi démoniaque fantasmé qui offre simultanément une face protectrice (et donc bien permissive) et une face délétère (qui pousse au vice et à l'(auto-)destruction).
Pour que cette figure soit mise en place le plus efficacement possible, deux moyens : d'une part, donc, l'égotrip. Kaaris est ontologiquement plus que les autres : « Je vous nique tous, j'vous encule j'irai même vous chercher dans le caveau familial » (« Juste ») ; « Le niveau est si bas qu'j'te clash avec mes poils pubiens » (« Vendeur de Nah nah »). D'autre part, le complément logique, tous les autres sont infiniment moins que Kaaris. Et, ici, quelque chose qui me tient vraiment à cœur : la dévalorisation de la femme. Le phénomène est complexe, composé de plusieurs justifications qui s'entre-mêlent mais, principalement, je crois que l'incroyable dévalorisation de la femme trouve sa raison d'être dans ce besoin de créer en Kaaris une figure supérieure. L'issue genrée ne pouvait être contournée et, à mon sens, tout comme le rap de Kaaris doit être réfléchi sous un angle inhabituel (celui que je défends) pour être apprécié, sa misogynie incroyable, en étant pensée dans le cadre d'un phénomène théorique analysé trouve non seulement sa raison d'être, mais en plus sa profonde nécessité. Kaaris qui respecterait les femmes, ça n'aurait pas le moindre intérêt. Le contresens philosophique serait même impensable. On peut alors, sans partager ses convictions Dieu merci, jouir par empathie de la position qu'expose Kaaris. C'est de cette façon qu'on peut devenir fou en entendant « Et maintenant avale ou j'te baise toi, ta re-mè et tout ton village natal » (« Je remplis l'sac »), ou encore « Tas-pé j'ai le doigt léger car j'aime t'asperger » (« Lourd lourd »). Les exemples sont légions ; dans l'univers kaarisien, la femme est un objet à maltraiter, qui n'est bon qu'à assouvir les pulsions masculines (l'homosexualité féminine est d'ailleurs complètement ignorée) les plus violentes, et cela au grès de leurs manifestations : « J'suis speed j'ai tellement pas l'temps qu'j'te baise et j'garde mes chaussettes » (« Lourd lourd »). La femme est un objet soumis (« Salope tu peux jouer avec ma queue mais ne t'éloigne pas trop », « Sombre ») qui doit, au moindre signe de désobéissance, être sévèrement humilié. En clair, Kaaris, encore une fois, répond à un imaginaire de domination masculine. Certains s'en offusqueront et hurleront au scandale. Pour ma part, je prône plutôt une conscience des enjeux qui permet en second lieu une jouissance (certes bourgeoise, car fantasmée. Mais qu'importe !).
Plus révoltant encore et pourtant aussi vital au rap de Kaaris se trouve l'homophobie. Lorsque le rappeur scande « Ça m'débecte quand j'vois qu'Cupidon lance ses flèches sur deux mecs » (« Je remplis l'sac »), évidemment nous sommes scandalisés. L'intolérance physique dont il fait preuve est insoutenable. Mais on doit l'accepter comme faisant partie du jeu. Pas de jouissance kaarisienne sans l'acceptation – temporaire ! – de l'homophobie, au même titre que de la misogynie.
J'aime particulièrement cette punchline qui synthétise simultanément l'égotrip de Kaaris et l'avilissement de la condition féminine : « double rotor, en platine, comme les couilles à Terminator, elles se déboîtent les babines, quand elles sucent le dinosaure ». Cette punch nous vient de « 63 », il se compare à un dinosaure et à terminator par le biais de la taille de ses couilles et de sa bite, tout en insinuant que les femmes (y'en a plusieurs) essayent malgré tout de le sucer et s'en déboîtent les lèvres. C'est magnifique.
Avant de conclure, il me reste encore quelques (très brèves, ça m'intéresse un peu moins) considérations relatives au méta-texte : le flow, les instrus et les bandes de krakis. L'originalité et l'intérêt de Kaaris viennent aussi, bien entendu, de son flow. Extrêmement aéré, Kaaris a le temps. Mais je le laisse parler : « J'ai rencontré Therapy fin 2009, et il m'a dit une phrase : ''T'as des grosses punchlines mais il faudrait que tu les aères un peu plus, que t'aères un peu plus tes couplets pour qu'on puisse comprendre les punchlines.'' C'est là que j'ai commencé à faire des pauses, à saccader un peu plus. » Le flow de Kaaris est au service de la forme de son texte, tout comme les instrus ; elles le servent : « le style dirty south ou trap, permet d'énoncer ». Il faut noter aussi que ses instrus trap sont un des principaux éléments qui permettent de poser Kaaris comme une rupture avec tout ce qui a précédé dans le paysage du rap français. Des mecs comme Al K pote, Rochdi, sont parfois très proches de Kaaris sur plein d'autres points, mais les instrus sont le point qu'ils ne franchissent pas.
Ce qui me permet, puisqu'on parle de rupture dans l'histoire du rap due partiellement à l'emploi d'instrus influencées par la trap music de conclure en répondant à l'accusation la plus irrecevable dont Kaaris est pourtant trop souvent l'objet. Qui n'a pas entendu le très irritant « de toute façon, il a tout pompé aux américains » ? Si cette remarque te viens encore à l'esprit après lecture de ma critique, c'est que je l'ai bien mal écrite ou que tu l'as bien mal lue : on s'en fout complètement, qu'il ait pompé les idées des américains. L’œuvre est là, elle existe en soi : Kaaris se tient debout, il est déjà bien plus que lui-même, il est une image imaginaire, que ne saurait être le plus sale des rappeurs américains à l'esprit d'un français.

Kaaris est donc au rap français ce que Griffith fut au cinéma : un accoucheur de génie.
Le rap, c'est mieux aujourd'hui, et ce sera encore mieux demain : il n'est pas mort, il vient de naître.


(Il m'aurait encore fallut traiter l'immense problème qu'est l'utilisation de l'autotune dans ce rap, réfléchir plus profondément sur l'importance de la frappe sonore, parler de ses marques de fabrique (ahhh... CLIC ! ; S.E.V'R.A.N, 27093, etc.) mais, je le reconnais, ça aurait fini par être un peu long.)
(Les citations de Kaaris qui ne sont pas rattachées à un morceau sont issues de l'interview réalisée par Kiblind, disponible ici : http://www.kiblind.com/Kiblind-detail-article/Interview-kaaris/pa7a1587.html)


BONUS 1, Pour aller plus loin :


À tous ceux qui souhaiteraient approfondir ce sentiment du rap, à tous ceux qui recherchent les mêmes énergies, il existe d'autres artistes qui voltigent autour du barbu chauve dans ce monde du trap rap hardcore. Ils sont dans 95% des cas très inégaux, mais y'a des morceaux immenses. D'autant que c'est un sous-genre de rap qui est réellement en train de naître, beaucoup d'artistes donc qui font leurs débuts, qui n'ont qu'un bon morceau à leur actif. 
Voici quelques pistes accompagnées de commentaires, j'en aurais bien fait une liste, mais SC manque cruellement de fiches. Bande de blacks, barres d'immeubles, cabrages de motos et paroles sales au rendez-vous :

(Un merci à Beef-heart qui est à l'origine de plusieurs de ces découvertes, souvent les meilleures d'ailleurs.)


Île de France :
Volts face : https://www.youtube.com/watch?v=cCETPJPeWkw
Lacrim : https://www.youtube.com/watch?v=lpWMCulJrOc
Sultan : https://www.youtube.com/watch?v=x3Tm1bobWN8 [Voir aussi son couplet dans « Que d'la peufra », mais Ixzo est insupportable].
S. Pri Noir : https://www.youtube.com/watch?v=r3zSFX8pkKI
Joke : https://www.youtube.com/watch?v=IrwG0izcMlg
Skero : https://www.youtube.com/watch?v=h704563WLWI
Juicy P : https://www.youtube.com/watch?v=W1M5Dg3wisA
Sazamyzy : https://www.youtube.com/watch?v=sxJlJXp4LJw
Dosseh : https://www.youtube.com/watch?v=MqvcEgGUVRI
MZ : https://www.youtube.com/watch?v=QulNussmQk4
One Shot : https://www.youtube.com/watch?v=o4SudhFVMcs
Y du V : https://www.youtube.com/watch?v=xWu1jbLpDok
PSO THUG : https://www.youtube.com/watch?v=XDhN3ZCA9nY
Sadek : https://www.youtube.com/watch?v=UkY3kN-F2BA
Midos Jr : https://www.youtube.com/watch?v=xS8S1q7qZfg
Bramox : https://www.youtube.com/watch?v=zPbDQBPhT7Q
SBS : https://www.youtube.com/watch?v=ecILmJTanBs
B2M : https://www.youtube.com/watch?v=LJPL68FZpek
BLM : https://www.youtube.com/watch?v=3VlSY7hvc28
Bakalay : https://www.youtube.com/watch?v=6bXzoXqbXd4
Escobar Macson : https://www.youtube.com/watch?v=pk5xcjPt1E8
(En bonus, pas trap, mais la violence à l'état pure, j'en suis fou, Rochdi : https://www.youtube.com/watch?v=5wOFJGUsOnQ)


Marseille :
Zbatata : https://www.youtube.com/watch?v=mVq1qZByZEE
GGN : https://www.youtube.com/watch?v=CNuYS2DY7UE
Guirri Mafia : https://www.youtube.com/watch?v=qgBxuoWTmIc
Kalif Hardcore : https://www.youtube.com/watch?v=fsnK5mIpsck


Autre :
Gradur : un géant, ultra-violent, du 59. Punchlines de dinosaure : https://www.youtube.com/watch?v=4Cw_sgFePv4


Allemagne [très bonne scène là-bas, si quelqu'un en connaît d'ailleurs (Pays de l'est, Italie, Espagne, Japon, Inde, ce que vous voulez) je suis extrêmement preneur)] :
Haftbefehl : grandiose, découvert grâce à un feat avec Kaaris : https://www.youtube.com/watch?v=MvfEu9SV0ms
Omik K : https://www.youtube.com/watch?v=MGatgZ9My5E
Milionair : Allemagne : https://www.youtube.com/watch?v=DlCRvmiWdII
Bozza : https://www.youtube.com/watch?v=YMoFkRp2LMw
Akkurat : https://www.youtube.com/watch?v=WoqzxqZe6B8


Et, une catégorie spéciale pour... Les enfants ! Y'a pas d'âge pour être hardcore :
Tahr : https://www.youtube.com/watch?v=XSQQgJrOSm4
Ghetto Attitude : https://www.youtube.com/watch?v=f_DlLbw-KsY
Cobro : (très sale mais un poil amateur) : https://www.youtube.com/watch?v=bPhqDwvL8Cg
Sarcelleslite : https://www.youtube.com/watch?v=dzmm9uFBIKE&feature=youtu.be
B15 Family : https://www.youtube.com/watch?v=V79utBXcbBQ
V12 : https://www.youtube.com/watch?v=MPpzhp67TOU


BONUS 2, Punchlines inutilisées :


Pendant que j'écrivais ces lignes, je mettais soigneusement de côté toutes sortes de phrases qui me plaisaient particulièrement, pour telle ou telle raison. J'en ai cité une bonne partie, il en reste toutefois quelques uns qui n'ont trouvé nulle part où se loger alors, pour les nostalgiques de Kaaris, comme si elles allaient disparaître, je vous les laisse ici :

« J'vais les hagar comme un tyran, j'prends l'pouvoir comme en Iran / Tu peux m'app'ler le Shah, j'vais t'la mettre dans la chatte » [Bouchon d'liège]
Glock sous la table d'accouchement j'attends qu'ils sortent du ventre de leur mère [Comment je fais]
« Je sais exactement où les atteindre ils ont le clitoris qui clignote » [Je Bibi]
« T'auras pas b'soin d'danser comme un indien – pour qu'il pleuve des balles » [63]
« Suce-moi bien j'te rajoute des points sur ta carte de fidélité » [Sombre]
« Le doigt sur une chatte ou deux ou sur la gachette j'suis chatouilleux. » [Comment je fais]
« J'vends d'la came à des mineurs pourtant j'ai un BAFA. » [Juste]
« Tu réalises qu'y'a une stache-mou à l'autre bout d'ton gar-ci. » [Juste]
« Elles s'rappelleront que j'suis chauve mais avec une queue d'cheval j'téclate le skate de Lil Wayne sur la tête tu m'pompes ma lollipop, j'tue l'hip hop t'as même pas l'temps d'mettre un slip propre. » [Juste]
« Les bouteilles viennent vers nous ; et les balles vont vers vous », [répété deux fois d'affilée dans Chargé]
« Je n'fais pas la bise, braaahh, dans le fion » [Killé]
« Ouvre ta gueule et ma bite se décharge au fond de ta gorge » [Je remplis l'sac]
« « Si j'leur éclate le fion ? » « Oui j'les défonce. C'est ta question ? C'est ma réponse. […] Ramène quelques chiennes que toutes j'les prenne en file indienne » »
« Ne crois pas qu'j'éprouve de la douleur quand j'me recueille : j'me d'mande juste quelle s'rait la bonne couleur pour ton cercueil. » [Binks]
« Le clac du string d'une tass pour que le char se réveille, un doigt de génie rectal en guise de tendresse » [Houdini]
« Les effets du réchauffement elles ont les poils de la chatte qui deviennent blonds » [Freestyle Booskaaris1]

Adobtard
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le 29 nov. 2014

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