
On imagine difficilement un nom de groupe plus décalé, plus inapproprié que ce "The Zombies" en écoutant de délicieux coulis de mélodies raffinées, voire éthérées qui compose "Odessey (sic) & Oracle"... Encore un disque sinon obscur, du moins bien oublié, de l'incroyable période créative des années 67-68 : le manque de succès remporté par cet album - devenu avec le temps une sorte de "diviseur des eaux", séparant "ceux qui savent" des autres -, est d'ailleurs complètement incompréhensible, tant tout ici est magnifique, parfaitement évident, des mélodies qui font fondre le cœur dès la première écoute aux arrangements précieux. "Odessey & Oracle" sonne, avec le recul, comme la célébration éperdue d'un âge d'espoirs et d'innocence, et nous laisse, auditeurs du XXIème siècle, comme hébétés devant la perfection - apparemment toute simple - d'un art, la "pop music", auquel rien ne paraissait alors impossible. Hymne à la joie traversée d'éclairs d'angoisse poignante, voire vertigineuse ("A Rose for Emily", "Butcher's Tale") , "Odessey & Oracle" tient encore magnifiquement debout un demi siècle plus tard, ruine majestueuse marquant dans notre imagination la fin de toutes nos illusions. [Critique écrite en 2008, retouchée en 2015]