On avait adoré le premier album de Vampire Weekend, pur moment de joie et de lumière ; on avait adhéré à l'évolution de "Contra", qui recherchait à tâtons cette maturité qui manquait jusqu'alors au groupe, bien jeunot. "Modern Vampires of the City" pose néanmoins beaucoup plus de problèmes, en particulier à l'auditeur impatient qui ne lui consacrerait pas les quatre ou cinq écoutes - minimum - nécessaires à ce que son charme (délétère, le charme) infuse par delà la pâleur des chansons. On sera certes immédiatement impressionnés par le travail minutieux effectué par Ezra Koening et Rostam Batmanglij sur le son du groupe, combinant de manière stupéfiante modernité et tradition en une musique régulièrement "divine" de légèreté et d'élégance : honnêtement, le troisième album de Vampire Weekend est l'une des choses les plus intelligemment produites, les plus... euh... révolutionnaires qu'on ait entendues depuis des lustres (... Radiohead, peut-être ?). Le problème vient plutôt des chansons, principalement lentes ou mid tempo, souvent dépressives, quasiment sans mélodies discernables, confondant systématiquement rêverie et mélancolie avec ennui et demi-sommeil. Pire, les quelques tentatives d'accélérer le rythme donnent des résultats encore pire, puisqu'on a alors l'impression d'écouter des copies affadies des grands "tubes" de naguère ! Bref, on ne peut que souscrire à la décision de Vampire Weekend de clore avec ce disque à demi-raté un cycle, et de rechercher autre chose pour la suite : on a l'impression d'écouter ici un groupe à bout de souffle, qui a dû utiliser toute son (immense) intelligence pour compenser son manque criant d'inspiration par un remarquable "engineering" formel.
[Critique écrite en 2013]

EricDebarnot
6
Écrit par

Créée

le 1 août 2013

Critique lue 422 fois

3 j'aime

1 commentaire

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 422 fois

3
1

D'autres avis sur Modern Vampires of the City

Modern Vampires of the City
MrShuffle
9

Université de Babylone

Ils sont plus beaux, plus riches, mieux fringués, plus éduqués, plus cools que nous et en plus ils traînent avec Steve Buscemi (puisque de nos jours, on ne peut plus parler d'un album de pop sans...

le 10 juil. 2013

17 j'aime

7

Modern Vampires of the City
Bouquinages
9

Vampire Weekend, créateurs de bonne humeur

Trois ans après le très réussi « Contra » en 2010, les Vampire Weekend reviennent sur le devant de la scène avec « Modern Vampires of the City », leur troisième album. Après les succès public et...

le 8 mai 2013

13 j'aime

3

Modern Vampires of the City
EricDebarnot
6

On a le droit de baîller...

On avait adoré le premier album de Vampire Weekend, pur moment de joie et de lumière ; on avait adhéré à l'évolution de "Contra", qui recherchait à tâtons cette maturité qui manquait jusqu'alors au...

le 1 août 2013

3 j'aime

1

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

101

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

183 j'aime

25