Le plus accessible et le plus amusant de ses albums. RIP Doom.

Il allait avoir 50 ans, un demi siècle. Putain!

Lorsque Daniel "MF DOOM" Dumile a sorti "Mm .. Food" il y a 15 ans, il signait là l'un des albums les meilleurs et les moins orthodoxes de l'histoire du hip-hop.
En l'espace d'un peu moins d'un an et demi, il avait sorti quatre projets classiques, chacun sous un nom / alias différent. Après avoir expérimenté avec "Take Me To Your Leader" de King Geedorah (2003), "Vaudeville Villain" de Viktor Vaughn (2003) et "Madvillainy" de Madvillain (2004), DOOM est revenu sur un terrain familier, sortant son deuxième album sous le nom de MF DOOM, son cinquième album au total, et en continuant les histoires étonnantes du méchant au visage de métal.

Pourquoi choisir cet album plutôt qu'un autre? Et bien ce n'est pas moi qui l'est choisi, c'est un ami proche qui m'avait offert le cd au Noël 2004 et je n'avais pas pris le temps de l'écouter encore. Et puis, en 2005, en plein été, je suis parti avec ma fille de 4 ans à l'époque en week-end, à la mer, tous les 2. Sa maman travaillait, pas moi, une envie de voir le sud, sentir l'odeur des pins, partager avec ma progéniture des moments précieux, rien qu'à nous, se faisait sentir.
je ne m'étais donc pas encore penché sur MF Doom. J'avais vu beaucoup de rappeurs le tenir en si haute estime. C'était le moment idéal pour le découvrir.

La découverte sur l'autoroute du soleil, fût une claque mémorable et jusqu'à aujourd'hui, j'ai pris le temps de tout écouter, d'essayer de comprendre. Et même si je ne peux pas dire que je suis le plus grand fan, force est de constater que MF Doom porte à merveille le titre de "Rappeur préféré de ton rappeur préféré".

Je dirais (maintenant que j'ai suffisament saigné sa discographie) que cet album voit le rappeur à son apogée, même si "Madvillainy" s'avère être le plus aimé des fans. "Operation: Doomsday" était une tentative plutôt fragile par rapport aux chefs-d'œuvre qu'il publierait à l'avenir et "Vaudeville Villain" était son projet le plus sombre et le plus étrange à ce jour, reprenant le thème d'une aventure extraterrestre, à la hauteur en termes de peur avec "BORN LIKE THIS", sorti beaucoup plus tard, en 2009.
D'un autre côté, "MM ... FOOD" est le plus léger que MF DOOM ait jamais sonné, ça a été une très bonne entrée en matière pour moi, pour la suite.

DOOM met son oreille à profit tout au long de MM .. Food , à commencer par "Beef Rap", le morceau d'ouverture de l'album. Ici, il échantillonne des sections d'un épisode de la version des années 1980 du dessin animé Spider-Man, en réutilisant sa musique et en recoupant des échantillons vocaux pour faire avancer l'histoire de la chanson. Au micro, DOOM est en pleine forme, intégrant ses vastes connaissances de la culture pop à ses rimes intelligentes, les filtrant à travers son insulte ivre.
MM .. Food est également une suite de Doomsday en termes d'approche de production de DOOM. Comme son premier album solo, il continue d'associer le Quiet Storm R&B de la fin des années 70 et du début des années 80 avec des beats hip-hop percutants. Ou, dans certains cas, des beat box, comme sur "Hoe Cakes".
Des chansons comme "Kon Carne" et "Deep Fried Frenz" relèvent également du style de production décrit précédemment. DOOM montre son affinité continue pour les boîtes à rythmes, mélangeant l'intro de "LaToya" de Just Ice avec un bref extrait de "Is It a Crime" de Sade. Pendant ce temps, sur "Deep Fried Frenz", DOOM mélange le rythme et le chant de "Friends" de Whodini avec les saxos de «Friends and Strangers» de Ronnie Laws. C'est le cadre idéal pour DOOM pour discuter de la dynamique compliquée de l'amitié et de la loyauté, et apprendre quand faire confiance à quelqu'un et quand faire attention à la trahison.
"Rap Snitch Knishes" est génial. La chanson voit Doom faire équipe avec l'insaisissable M. Fantastik. Ensemble, ils se moquent des rappeurs qui se prennent trop au sérieux et qui expriment leur dégoût des autres rappeurs. Cette chanson présente la deuxième et probablement dernière performance de M. Fantastik, un ami de longue date qui a déménagé de New York à Atlanta un peu avant DOOM.
DOOM, vous l'aurez compris, était extrêmement doué pour assembler des pistes de collage sonore, où il raconte une histoire à travers des échantillons vocaux provenant de nombreuses sources différentes.
Pour MM .. Food , il met sur pied une suite en quatre parties sur le thème de la nourriture, reprenant et réorganisant de manière experte les voix des dessins animés obscurs du samedi matin, des journaux de "News" et des émissions pour enfants. Grâce à ses manipulations, il crée des conversations avec des super-héros qui s'appellent “chicken heads”, des personnages qui mettent en garde les auditeurs sur les dangers des additifs alimentaires.
MM .. Food présente quelques exemples de production extérieure, ce qui n'était pas si courant pour lui. Habituellement, les projets DOOM mettaient en vedette le méchant au visage de métal gérant toute la production ou rien. Cependant, toutes ces pistes s'intègrent bien dans le flux de l'album et ne sont pas des titres stylistiques très différents. Par exemple, sur l'extraordinaire "Potholderz", DOOM fait équipe avec un ami de longue date, Count Bass D, un autre habitant d'Atlanta qui rime et produit le morceau. Sur une boucle légèrement accélérée et décalée de "400 Girls Ago" de Billy Butler, les deux couplets offrant un rap plus chaud pour les auditeurs avides.
"Kon Queso", produit par PNS de l'équipe de production basée à Chicago, The Molemen, s'accorde bien avec le son du reste de l'album. Avec ses synthétiseurs palpitants, Initialement intitulé "Yee Haw" et publié en indépendant en 2003, DOOM explique en détail comment il va “Train a sane brain to an insane train of thought / On a campaign trail he came to gain your support / Charge cash for an autograph / Say some shit to make your daughter laugh, then slaughter the ass.”
"One Beer" est l'un des meilleurs et des plus étranges morceaux de l'album. Produit par Madlib , c'était une piste inutilisée des sessions d'enregistrement de Madvilliany ; Stones Throw a sorti la chanson sur un 45 tours limité peu de temps après la chute de Madvillainy . Une des raisons pour lesquelles il n'a peut-être pas été inclus sur l'album de Madvillain est que DOOM rappe sur une version de Jaylib «No Games», l'une des meilleures chansons de Champion Sound (2003), également sortie sur Stones Throw.
DOOM prend un morceau que Jay Dee a béni et le transforme en une entité distincte et tout aussi forte, ce qui en fait un morceau «DOOM» plutôt qu'un Jam Madvillain. Sur des sections légèrement accélérées de "Huit Octobre 197" de Cortex, DOOM commence la chanson en gazouillant une interprétation ivre de "I Get a Kick Out Of You", puis se lance dans un autre couplet prolongé alimenté par un flux d'images de conscience. Il se moque des rappeurs farfelus qui "ressemblent à des pom-pom girls, rappant et dansant comme Redhead Kingpin" et prétend "porter un masque comme un «tarded helmet.»"
"MM .. Food" se termine fort, d'abord avec "Vomitspit", où DOOM lance à nouveau un long couplet sur un échantillon de piano de «Happy You Should Be» de Mashmakhan. Sur le plan lyrique, la chanson présente des fanfaronnades de DOOM et d'autres noyaux de sagesse décrivant ce qui est nécessaire pour survivre dans les rues de New York.
La fin est proche, avec "Kookies", le récit de DOOM sur la dépendance à la pornographie en ligne, tout en incorporant des références à de nombreuses marques et types de cookies et de friandises. La version originale de la chanson a été construite autour d'un échantillon du générique de clôture de Sesame Street et des échantillons vocaux de Cookie Monster et The Count. Les pressages ultérieurs de l'album comportent DOOM rimant sur une piste de batterie dépouillée, la piste étant probablement modifiée en raison de problèmes de clarté des échantillons.

Le concept de l'album est simple, de la nourriture, mais c'est ce qu'il fait avec ce concept qui est incroyablement étonnant. Nous présenter ses points de vue sur certains des scénarios humains les plus intéressants en établissant des comparaisons avec la nourriture. Si vous allez sur Genius, pendant l'écoute, pour lire les lyrics, vous vous retrouverez constamment en train de sourire tout au long de l'album alors qu'il glisse sans effort comme dans du beurre, à travers ces rythmes remplis d'échantillons vintage comme dans du beurre.
En fait, dès le début de "Beef Rap", vous avez une idée de la façon dont le reste de l'album va exactement sonner et comment tout va s'organiser. Il y a beaucoup d'échantillons obscurs et approximatifs. La majorité de MM..FOOD est incroyablement dominée par des instrumentaux colorés, vibrants et amusants. Bien que MF DOOM soit littéralement l'artiste principal, il ne semble rapper que 50% du temps. Bien que cela puisse être un problème pour ceux qui veulent juste entendre de bons raps, je pense personnellement que les sections instrumentales au milieu de l'album sont sous-estimées! MM..Food a littéralement tout ce que j'aime du hip hop: un lyrisme rusé et intelligent, une construction thématique unique et une prestation insensée qui le rend encore plus convaincant.
Doom est absolument fou sur cet album, prouvant à maintes reprises qu'il était l'un des meilleurs. Son jeu de mots et son lyrisme font partie des raisons pour lesquelles il est l'un des rappeurs préférés de tous les temps! L'album lui-même est accessible, facile à vivre, excentrique et agréable aux oreilles, mais DOOM l'élève. Sa présence sur cet album est cohérente, puissante, mais aussi réfléchie et parfois complexe! Et les invités sont également incroyables!
Si tu ne connais pas MF Doom, cet album est idéal pour entrer dans son univers.

MF DOOM était l'un des rappeurs les plus aimés et les plus importants de tous les temps, les hommages d'innombrable professionnels du Hip-Hop le prouvent. J'ai rarement vu la perte d'un Rappeur blesser autant, réunir autant de tristesse.
Il est temps maintenant de disperser au quatre coins du monde ses différents projets, le faire découvrir à ceux qui ne savaient pas. Il est d'utilité publique, maintenant, que son héritage accompagne chaque fan de Hip-Hop qui se respecte.

Bon voyage Daniel Dumile.

9/10