J'en ai vu des trucs curieux en mon bref quart de siècle d'existence ; des mélanges improbables, heureux ou foireux, des tentatives calculées ou innocentes de créer une nouvelle matière à partir de la fusion de différents styles existants. Le monde est vaste et je sais que j'ai encore maintes expériences inédites à vivre, mais en avoir conscience ne m'avait pas pour autant préparé à rencontrer un beau jour Helen Love, petite punkette fan des Ramones décidée à leur rendre hommage avec les armes de son époque. Et en 1998, si vous vous rappelez bien vos boums rythmées par "Barbie Girl" ou "I'm Blue (Da Ba Dee)", la zeitgeist pop de ce côté-ci de l'Atlantique est fixée sur l'Eurodance. Helen vient avec Love and Glitter, Hot Days and Music nous servir le premier (et seul à ma connaissance) cas de disque d'Europunk.


E-U-R-O-P-U-N-K. Rien que de l'écrire je me sens tout drôle. Voilà deux mondes qui ne se rencontrent pas facilement, pour euphémiser dans le vent. Il n'y a qu'à voir le nombre de XSilencieux présentement en train de vomir dans un petit coin de cette chronique depuis que j'ai mentionné le terme d'Eurodance. L'éthique rock indé comme chacun sait ne saurait souffrir pareil courant pop ultra-mainstream, ultra-flashy, ultra-accrocheur (voire racoleur) ou ultra-boum-boum.


Pourtant Helen Love l'a fait. Et je dois bien dire que rien ne me rend plus heureux que de me passer le disque en boucle ces jours-ci. Parce qu'il me transporte dans un monde utopique dans lequel mes amours mutants se sont réconciliés, où le punk, l'eurodance et l'électropop se donnent la main et font une ronde autour d'un feu de joie où se consument étiquettes, chapelles de bon goût et rigidités diverses, en entonnant les mêmes refrains en chœurs. Parce que la voix d'Helen charrie le ciment qui unit ses influences ; avec son timbre authentiquement punk, ses intonations narquoises juvéniles, son accent gallois, son chant je-m'en-foutiste à la limite de la fausseté, qui me rend instinctivement amoureux d'elle. Parce que la combinaison des mélodies synthétiques et électroniques cheap (on est plus près du casio que d'autre chose) et des guitares croustillantes me plongent dans une transe nostalgique béate (le refrain de "Who Stole the Starz"...).


Ce qu'elle accomplit avec ce petit album insouciant, qui ne paye pas de mine avec sa pochette Jeanne & Serge et ses titres simples et accrocheurs ("Atomic Beat Boy, "Punk Boy", "2000 mph Girl", "Does Your Heart Go BOOOOOM"...), n'est vraiment pas anodin. Avec ses 12 chansons pop punk (j'insiste, la plupart des compos pourraient être du Ramones) habillées de couleurs éclatantes, Helen Love montre qu'il existe un pont très naturel entre l'essence du punk et celle de la bubblegum pop (une branche de l'eurodance, pour les deux du fond), qui est celui du sentiment d'une urgence de jeunesse qui s'exprime d'un côté en criant sa rage ou son spleen avec la disto montée à 10, d'autre part en émulant son côté fleur bleue avec des beats furieux et la disco montée à 11.


Chronique provenant de XSilence

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le 7 févr. 2018

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T. Wazoo

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