Légende Vivante
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Légende Vivante

Album de Lorenzo (2022)

J’redébarque pour foutre la merde, la France réclame Lorenzo ; Dernier album et j’me barre, ils m’reverront pas d’si tôt

3 ans après la sortie de Sex in the city, Lorenzo est de retour sur la scène du Rap FR avec un nouvel album, Légende vivante, qu’il a également annoncé comme étant son ultime projet avant de se retirer de l’industrie. Un ultime projet, pour un ultime coup d’éclat.

100 éditions différentes, dont une édition « fumable », et 68 titres, qui s’avèrent être plus exactement 16 titres découpés en 68 fragments de 31 secondes, une petite filouterie imaginée par Lorenzo pour faire gonfler ses ventes et faire transpirer les plateformes musicales après avoir découvert la faille de ces dernières, qui rémunèrent le titre d’un artiste lorsqu’il a été écouté au moins 31 secondes. En d’autres termes, un titre de 2 minutes, découpé en 4 morceaux de 31 secondes, sera rémunéré quatre fois plutôt qu’une.

Vous suivez ? Bien, parce que Lorenzo a aussi (et surtout) fait transpirer de plaisir beaucoup de ses auditeurs, moi le premier, avec cette œuvre exceptionnelle qu’est Légende vivante. Et comme Lorenzo n’a jamais été véritablement pris au sérieux par l’auditorium du Rap FR, et que vanter ses mérites soulève généralement les remarques du style « Lorenzo, c’est bien quand t’as 13 ans » venant de certains observateurs condescendants, je pense qu’il est important de préciser que j’emploie le mot « exceptionnel » avec beaucoup de sérieux et de conviction, et les propos que vous lirez par la suite seront tenus avec le même sérieux et la même conviction.

À noter que j’ai écrit cette critique à la suite de ma deuxième écoute du projet, pas plus de 24 heures après sa sortie, sans l’avoir décortiqué plus en profondeur. Je vais donc me contenter d’une brève synthèse, mais qui, je l’espère, sera assez parlante pour exprimer mon ressenti.

Légende vivante, c’est d’abord Boss final, une intro explosive et enflammée, comme un rappel que Lolo peut lui aussi « découper les prod’ » comme s’en vantent si souvent ses collègues. Cette intro ouvre la voie à un mélange de hip-hop, pop, dance voire électro/house, en passant par le reggaeton et par une reprise de Everytime We Touch de Cascada. Certains sons s’apparentent même presque à de la variété. Légende vivante, c'est une odyssée musicale pour nous en faire voir de toutes les couleurs, sans pour autant que Lorenzo s’écarte de ses principes et de son personnage : car Légende vivante, c’est aussi réussir à parler de weed, de perroquets addicts à la cocaïne, de chasse aux fantômes, de Pokémon, de Yu-Gi-Oh et d’activisme écolo et vegan dans le même projet ; c’est aussi réussir à appeler un titre Amy Winehouse et appeler le suivant Dracaufeu ; c’est aussi réussir à passer d’un featuring avec Heuss l’Enfoiré à un autre avec Jean Dujardin.

Et c’est aussi, et c’est là que cela devient encore plus intéressant, réussir à s’ouvrir pour la première fois à ses auditeurs. Revenir sur son enfance et sur l’abandon de son père dans Le daron, puis, après avoir balancé une dernière bombe atomique avec Légende vivante, titre éponyme de l’album (et selon moi le meilleur titre de toute la discographie de Lorenzo), conclure à la fois son projet et sa carrière par une lettre ouverte à ses collègues rappeurs, aux journalistes, aux labels, ou plutôt à l’industrie musicale dans sa globalité et à la liberté d’expression. Une lettre dans laquelle Lorenzo ne mâchera pas ses mots, mais n’oubliera pas de déclarer sa flamme à ses fans en leur disant à quel point ils vont lui manquer.

En disant tout haut ce qu’une minorité pense tout bas, et ce à quoi la majorité ne se risquera jamais ni à dire, ni à penser ; en faisant un grand bras d’honneur à l’industrie là où beaucoup se contentent de suivre le troupeau ; en passant outre le peu de filtres qui lui seraient éventuellement restés ; en nous en mettant plein les yeux et les oreilles, aussi bien sur le plan musical que sur le plan lyrique où il a toujours excellé malgré son étiquette de rappeur « décalé » ; en démontrant à ceux qui disaient le contraire qu’il est bel et bien capable de se renouveler… Jetez-moi des pierres si vous le souhaitez, mais Lorenzo a sorti l’album de l’année. Peut-être même l’album de la décennie. Peut-être même l’album de ta vie.

L'album de SA vie, du moins, c'est une certitude. La carrière de l’artiste Lorenzo s’est conclue de la meilleure des manières. Et je n’ai pas peur d’employer le mot « artiste ». Parce que l’art n’a pas de limites, mais aussi parce que l’art ne dépend pas du simple goût de chacun. L’Art dans toute sa grandeur fait réagir et perdure avec le temps. Il marque les esprits. Et si le voile de Lorenzo semble s’être levé, à moins d'une énième mise en scène, dans ses derniers instants, sur les deux-trois derniers morceaux de sa discographie, il ne restera levé qu’un très court instant et retombera aussi vite pour ne laisser comme héritage que le personnage rocambolesque que tout le monde connaît et que personne n’oubliera.

Et que cela plaise ou non, force est de constater que le personnage le plus singulier que la scène du Rap FR n’a jamais connu vient de Rennes, aime beaucoup les Pokémons et s’appelle Lorenzo.

Une légende qui a toute la vie devant soi désormais.

Raymus
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le 20 déc. 2022

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