Orelsan semble peu ou prou correspondre à la définition de l'artiste que rapporte Houellebecq d'une conversation fictive entre lui et Philippe Sollers dans les particules élémentaires. Un personnage solitaire, légèrement réactionnaire, imprévisible, et qui baise. Surtout qui baise. Beaucoup.
Pour la dernière partie, on sent dans le chant des sirènes qu'on n'y est pas encore, Orelsan cultivant un certain sens des valeurs. Mais on retrouve bien ce personnage un peu ambivalent, qui endosse différents rôles, n'épargnant personne sur son chemin de croix.
Au fil de l'album, on sent ces relents légers de réactionnaire par principe... Défenseur de certaines valeurs, de la veuve et de l'orphelin, et aussi un peu de l'ordre établi. Il se crée un personnage complexe et sympathique, agressif et sensé. Ses fluctuations, depuis le chant des sirènes à La petite marchande de porte-clefs en passant par La terre est ronde et Ils sont cools (ou encore 1990) dépeignent un jeune né au début des années 1980. Il a grandi avec Dragon Ball et les Chevaliers du Zodiaque, MC Solaar et I'Am, Mc Gyver et Supercopter. Il a connu Mitterand, l'Europe et la mondialisation, la solidarité et la crise.
Il vient de Province et découvre Paris, nous fait en chantant sa crise de la trentaine un peu en avance, de manière productive, comme une introspection sincère. Il connaît les pauvres et a rencontré les riches. Les arrivistes et les médias, les associations et les fans.
Finalement, Le chant des sirènes est pétri de bons sentiments, de cette culture commune à tous les "jeunes" des années 80. Il est humain, un peu gosse, ravi d'être là où il est et un peu en colère. Mention spéciale au Suicide social, surpuissant plaidoyer où tout le monde en prend pour son grade, ce qui a le don de déplaire à toutes les associations bien pensantes représentant les intérêt des groupes d'individus caricaturés dans le morceau. Sans être extraordinaire, l'album est bien ficelé, cohérent, plaisant, fun. C'est important ça, qu'il soit fun.
Ecoutez-le.