
Todd Terje c’est avant tout « Inspector Norse », fulgurance disco-électrique à la mélancolie sous-jacente (et au clip²foufurieux). Une sorte de morceau festif définitif qui fait ici office d’épilogue à cet « album time ».
Et c’est dire si ce premier album était attendu.
Et c’est dire si ce premier album égale nos attentes – les dépasse souvent, et, dans quelques prodigieux moments, touche à la merveille.
12 pistes dont quelques unes déjà connues, et pour une fois je fais l’effort d’écouter un album de A à Z et dans l’ordre messieursdames. Forcement, la nouveauté empêche le recul mais elle n’entravera pas ce sentiment d’être confronté à ce qui -dans son genre - est indubitablement un diamant qui ne demande qu’à être poli par le temps.
Nappes de synthés spatiaux et lignes de basse surréalistes seront le crédo de l’opus-Messie, qui, dans une logique infaillible, nous fait embarquer primo à bord d’une croisière onirique et lunaire où les étoiles clignotent crescendo (Leisure Suit Preben), en direction de Caraïbes hallucinées (l’imparable Preben goes to Acapulco) où s’installe une frénétique fièvre tropicale, mi-samba mi-Slagsmå(lsklubben). Vient l’escale dans le Miami des 80’s, celui où des super-héros animés conduisent des voitures fluos qui crachent des lasers sous des croissants de lune.
Et puis, en milieu de parcours, il y a cette improbable reprise de « Johnny And Mary » de Robert Palmer, trêve-sommet où Bryan Ferry (que Todd avait déjà remixé) pose sa voix lancinante. On pense couchers de soleil perpétuels, amours désabusés et overdoses fatales. Et c’est beau, terriblement beau, et on tient là une incroyable lueur, vacillante – d’espoir ? de détresse ? – dans un océan de bonheur et de claviers fous.
La fête reprend alors, de plus belle, et bien que Alfonso Muskedunder soit peut-être un chouïa en-deçà du reste, la doublette suivante (Swing Star I&II) annonce le départ de la fusée Oh Joy, qui, crescendo toujours, finira par exploser et laisser place au cultissime Inspector Norse. On est dans l’espace et repense à la croisière polychrome et on est heureux et un peu tristes à la fois.
Hybride et addictif, au croisement du disco, de la synthpop et de l’italo-disco, « It’s album time » est un must qui – je prends les paris – nous fera danser pendant longtemps bien longtemps.