Infinite Arms
6.6
Infinite Arms

Album de Band of Horses (2010)

Seulement reconnu à sa juste valeur par une poignée de blogs influents, “Everything All The Time”, premier album de Band Of Horses sorti en 2006 chez Sub Pop, restera pour toujours, et pour beaucoup, ce premier disque qu’on découvre sur le tard. En 2007, le public indie rock compensait logiquement sa maladresse en jetant son dévolu sur un “Cease To Begin” parfait à tous les égards, d’une justesse inouïe, et qui ouvrait enfin en grand les portes d’une renommée internationale définitivement méritée. Après plus de deux années passés à tourner, Band Of Horses entame avec “Infinite Arms” le second volet de sa belle carrière. Un changement de label, des moyens plus conséquents, un line up modifié et élargi, mais surtout un véritable travail collectif marquent comme une coupure avec ce qu’on connaissait jusque là du combo.Depuis peu, Band Of Horses n’est donc plus tout à fait ce qu’il était. Et le changement majeur est incontestablement cette approche beaucoup plus collective de la composition: quand les titres des deux premiers albums soulignaient une instrumentation mesurée, authentique, et d’une grande finesse, toute au service de la voix de Ben Bridwell, son charismatique frontman, le plus lisse “Infinite Arms” a clairement tendance à couper court aux égos, et afficher deux visages assez différents - l’un très pop-rock, l’autre très folk - séparés par un fossé que Band Of Horses peine véritablement à combler. Toute la différence avec l’entame d’une discographie plus cohérente qui, elle, s’écoutait d’une traite et sans faux pas.Mieux vaut donc ne rien attendre de particulier de cet album, si ce n’est celle de retrouver cette voix toujours aussi rare, et ces mélodies capables de vous faire décoller vers des pics d’émotion inattendus. Car, si tout cela est cette fois différemment exploité, on le retrouve bien sur ce disque qui s’en va fricoter avec un rock plus classique, aux deux pieds bien ancrés dans la tradition américaine. De là, Band Of Horses touche plusieurs fois la perfection, et excelle dans chacun des registres dans lesquels il s’engage. De la pop d’un reluisant “Factory” soutenu par cordes et cuivres, au nettement plus rock “Compliments” et son refrain efficace, en passant les excellentes ballade “Older” et “For Annabelle”, ou le souffle folk du mélancolique “Evening Kitchen” capable de faire chavirer un colosse, le quintet signe là quelques uns des plus beaux morceaux qu’il n’ait jamais composé.Mais, histoire de ne pas tout de suite rentrer dans l’histoire de la musique US, Band Of Horses semble s’efforcer de ne pas tenir la cadence: une pensée quelque peu tordue qui vient à l’écoute de quelques titres majoritairement mollassons, seulement sympathiques (”Laredo”, “Blue Beard”, “On My Way Back Home”, “Neighbor”, Infinite Arms”, “NW Apt”), ou lors de francs clins d’oeil aux radios (”Dilly”). Et cela, qu’il n’en déplaise à ses plus anciens admirateurs, confortés dans leur scepticisme par le fait qu’ils ne soient pas joués sur scène, là ou le public a encore le sentiment que Band Of Horses ne lui échappe pas. Ce sera d’ailleurs le plus gros challenge du groupe lors du prochain album: garder le contrôle, et continuer à battre des ailes sans abandonner définitivement ceux qui lui ont ouvert la cage. (mowno)


Troisième livrée de la bande à Ben Bridwell, "Infinite Arms" est un album qui pourrait compter dans la carrière du groupe de Caroline du Sud. S’ils sont encore assez peu connus en France, les Band of Horses jouissent chez eux d’une belle renomée qui dépasse le cadre indé traditionnel. J’en veux pour preuve leur passage de Sub Pop (éminent label indépendant) à Columbia (grosse machine de guerre commerciale). Ce changement de label est la conséquence de l’excellent accueil fait à leurs deux premiers albums de l’autre côté de l’Atlantique. Il doit permettre au groupe de conquérir un public plus large, une bonne nouvelle pour le portefeuille du groupe mais pas forcément pour leur auditoire « historique », forcément un peu inquiet de voir ses chouchous succomber aux dollars promis par la grande méchante major.Ne tournons pas trop longtemps autour du pot, "Infinite Arms" n’est pas le meilleur album de Band of Horses. Loin s’en faut. Ben Bridwell a beau clamer à tout va qu’il le considère comme le premier véritable album du groupe puisque cette fois-ci tout le monde a mis la main à la pâte, on ne peut s’empêcher de le comparer à "Cease to Begin" et surtout "Everything All The Time" et, si la comparaison est loin d’être honteuse, elle ne joue clairement pas en faveur du dernier rejeton de la bande. Le talent de mélodiste est pourtant toujours là, en témoignent des titres tels que Compliments ; Laredo ; Dilly ou encore Blue Beard. Pourtant, aucun n’atteint en intensité les sommets des deux premiers albums, que ce soit The Great Salt Lake ; Is There a Ghost ; Ode To LRC ou l’immense The Funeral, pour ne citer que les plus connus."Infinite Arms" n’est pourtant pas à proprement parler un mauvais album, il plaira certainement à de nombreux fans du groupe par son côté immédiat, ses mélodies lisses et aseptisées. Les autres lui reprocheront justement d’avoir un peu trop cherché le consensus (Factory et ses violons qui dégoulinent) au détriment de l’émotion, des aspérités que l’on aime ressentir à l’écoute d’un morceau et que l’on cherche en vain parmi les 12 titres de cet opus. L’avenir donnera peut-être raison aux Band of Horses dans leur pêche au gros et l’on retiendra alors que "Infinite Arms" a été l’album détonateur mais pour l’instant on ne peut s’empêcher de ressentir une pointe de déception car ce groupe nous avait habitué à beaucoup mieux que ça. (indiepoprock)
Pour une surprise, c'est une surprise. Avec ses deux premiers albums, le sombre mais mélodieux groupe de l'écurie Sub Pop semblait bien parti pour creuser sa petite niche : Band of Horses deviendrait une formation de plus de qualité, ignorée du grand public, chérie par les initiés, dont on attendrait chaque année qu'elle reproduise la magie de ses plus beaux titres, Our swords et The Funeral. Et voilà qu'Infinite Arms nous présente un groupe métamorphosé. Non pas qu'il se soit renié, l'esprit et la subtilité sont toujours au rendez-vous. Mais là où le rock lyrique de Band of Horses ­tendait vers le crépusculaire, il revient aujourd'hui fermement tourné vers la lumière. Mélodies en cascade, harmonies vocales sucrées, chansons aux accents pop délicieusement décomplexées qui passent du rock le plus joyeusement débridé (Compliments) à la mélancolie d'une alt-country inspirée (Older). En trois ans, Ben Bridwell, le leader et seul membre originel, a recruté quatre nouveaux musiciens qui participent à l'écriture et signé sur une major. Ç'aurait pu augurer le pire. Il n'en est rien. On ­pense même à l'évolution similaire d'un Jeff Tweedy avec son toujours remarquable Wilco. Difficile de trouver plus beau compliment. (HC)
C’était prévisible, presque prévu : Band Of Horses, formation issue de la fantastique scène indie-rock de Seattle (Damien Jurado, Fleet Foxes) gagne en popularité, prenant une certaine ampleur médiatique. De fait, après l’album dit de transition qu’était Cease to begin — où le groupe négociait alors habilement le départ de l’un ses éléments clés, le co-leader Mat Brooke parti formé les non-moins talentueux Grand Archives — les objectifs furent revus à la hausse. Ce troisième opus en perspective, Ben Bridwell et les siens envisagèrent dès lors leur art de façon plus modérée, accentuant leur penchant bucolique au détriment d’une frontalité musicale qui légitimait, à l’époque de leur premier album, leur présence au sein de l’écurie Sub Pop. Forts d’une écriture désormais collective, distribué à présent par un label à la mesure de leur ambition, et après un énième remaniement de personnel, Band Of Horses signe avec Infinite Arms un album sous forme de plaisir-coupable, léché et soigné au-delà du raisonnable, mais qui peut s’avérer quelque peu déconcertant pour les fans de la première heure. Si le groupe conserve ici encore suffisamment de caractère pour être identifiable, il frôle pourtant à plusieurs reprises la bande d’arrêt d’urgence, remettant en question notre attention à son égard. Non pas que ce disque soit intrinsèquement raté (on peut même parler de réussite dans sa catégorie), mais l’affection que l’on porte à Band Of Horses nous contraint à l’honnête constat que ce n’est simplement pas le genre d’œuvre que nous attendons de leur part. Soit un album bien trop sage, bien trop radio friendly pour qui connaît le parcours de ses auteurs (“Dilly” et sa mélodie passe-partout que Weezer aurait accueilli à bras ouverts). Ainsi, la formation opère un glissement plus ou moins habile : de groupe indie-rock s’inspirant de la country et de la folk, il est soudainement devenu l’inverse (“Older”, “Infinite Arms”). Le quintette ne prend cependant personne en traître, annonçant même fièrement la couleur avec le grandiloquent et spectorien “Factory”. Chanson d’ouverture (il est vrai et autant l’admettre, idéale) peuplée de cordes et de cuivres, toujours à la limite de la valse sans totalement en être une, son écoute évoque beaucoup le travail de Grand Archives, faux-nemesis mais vrai jumeau de nos canassons du jour. D’emblée, on retrouve nos repères par le biais du chant de Ben Bridwell, dont le timbre toujours aussi aguicheur vient se poser naturellement sur une instrumentation plus en retenue et boisée qu’à l’accoutumée. Pour autant, lorsque la formation lâche la bride l’espace de quelques — trop rares — titres plus habités ou musclés (“Compliments”, “Laredo”, “Northwest apartment”), elle démontre qu’elle a toujours autant de corps que de cœur. En réalité, son problème au jour d’aujourd’hui serait plutôt à chercher du côté de sa carence d’âme, et du significatif désintérêt qui en découle. Tout cela manque cruellement d’incarnation et trop de titres ne sont là que par pur acte de présence, occasionnant à l’album un gros ventre mou. Band Of Horses confond ici diversité et dispersion pour un résultat, au final, plus scolaire que solaire, au sein duquel se délite dangereusement le talent (pourtant insolent) de Bridwell. Il apparaît alors évident que ce dernier n’est jamais aussi bon que lorsqu’il endosse le statut de dictateur artistique plutôt que celui d’apprenti démocrate. Que ses camarades nous entendent et lui rendent son leadership. (pinkushion)
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le 19 mars 2022

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