
Depuis sa première mixtape Bastard en 2009, la trajectoire de Tyler the Creator a tout d'une immense montagne russe. Celui qui se distinguait par son goût pour la provocation et le chaos à ses débuts, et des albums déroutant ponctués de coup de génie, est aujourd'hui un excellent songwriter qui chante l'amour entre hommes. Igor est son oeuvre la plus cohérente et la plus épurée, une suite parfaite à l'excellent Flower Boy d'il y a deux ans. On y suit Tyler à travers une rencontre, une histoire et une déception amoureuse.
D'habitude très brute et habitée par sa voix monolithique, ses productions sont ici plus solaires.
Sa voix justement, pitchée à toutes les sauces, et les nombreuses harmonies de Solange, s'accordent parfaitement. Son amour pour les chords, qu'il proclame à toutes les sauces en interview, rayonne. Les invités ne font aucune fausse note, et dépasse même leur fonction (ce chant de lil uzi vert sur "igor's theme" putain).
Le parfait mélange entre les beats hip hop et le songwriting indie, teinté de soul, est le véritable tour de force d'IGOR, qui parle à plusieurs publics et contient quelques presque tube (coucou earfquake), sans jamais être autre chose qu'un disque de Tyler the Creator.
Les influences de Kanye, Pharrell et Tame Impala sont évidentes, mais elles sont digérées et parfaitement délivrée.
Après 10 ans de carrière, le californien semble avoir atteint une maturité artistique et personnelle, sans rien perdre du fun et de la folie qui l'a fait connaître.
L'homme est fascinant, l'artiste passionnant.