Horehound
7.1
Horehound

Album de The Dead Weather (2009)

C'était alléchant : l'hyperactif Jack White (The White Stripes) recrutant la chanteuse de l'autre duo mixte majeur, The Kills, pour créer un groupe. Le résultat est très convenu. Alors que dans leurs formations minimalistes respectives White et Alison Mossheart réussissent à injecter du sang neuf, de l'énergie et de la sensualité dans des formules rock a priori usées, ici ils ne parviennent jamais à dépasser le stade du tribute band. Un groupe hommage à quoi ? A de bonnes choses, rassurez-vous. Après tout, on connaît l'obsession de White pour le meilleur blues-rock du début des 70's, des intouchables Led Zeppelin à son modèle évident, le très culte Terry Reid. Le problème est que White, l'un des guitaristes les plus excitants du moment, se contente ici de jouer de la batterie et que Mossheart, condamnée à brailler, perd tout le sel, le mystère et le charme de sa voix des Kills. Surtout, on cherche dans ce flot de riffs bravaches et de breaks rageurs une mélodie mémorable. Horehound ferait un très bon album de Humble Pie, en 1972. Ou même de Grand Funk. C'est déjà ça. HC


Du côté de Nashville, où il réside depuis quelques années, Jack White a sans doute découvert la sympathique coutume locale du barbecue. Il invite des copains à la maison, il allume les charbons, il attend que ça chauffe, puis il envoie la barbaque. The Dead Weather, son nouveau super groupe en compagnie d’Alison Mosshart des Kills (au chant), Jack Lawrence des Raconteurs (à la basse) et Dean Fertita des Queens Of The Stone Age (aux guitares et claviers), il l’a vraisemblablement conçu comme une soirée barbecue. L’album du groupe, enregistré en trois semaines dans le nouveau studio perso de Jack White, sonne comme ça, comme un carré de côtes de porc cuit à point : braisé, les graisses fondues, brûlant, servi nappé d’une savoureuse sauce au goudron, dans un nuage de fumée acre. 

La recette est simple, c’est celle que préfèrent les White Stripes, les Kills et même Queens Of The Stone Age : le bon vieux diable du blues, saisi à vif et ravi d’être torturé sur la grille de l’after-punk. A l’écoute de Horehound, on pense souvent à une version métallisée de Birthday Party, parfois à du krautrock converti à l’énergie atomique. Assez fidèle à la somme de ses parties, intimes et poilues, The Dead Weather sonne comme un vrai groupe, sensuel, instinctif, où chaque musicien joue au chat noir et à la chauvesouris avec les autres. Il n’y a pas de blond(e) dans The Dead Weather, et cette musique est brune, sombre et jouisseuse, tentée par le monde des ténèbres. Les voisins de Jack White adorent ses soirées barbecue. Surtout si c’est la famille Addams. Toutes les chansons bastonnent dur, suent, saignent et dansent dans les flammes de Lucifer. Seule la dernière, qui s’appelle Will There Be Enough Water, semble ouvrir la porte d’un autre univers, comme souvent sur les disques de Jack White : un blues du bayou à sec, un morceau lo-fi semiacoustique qui rappelle une demo des Stones en pleine descente. Suffira-t-elle pour éteindre le feu ? Non.(Inrocks)


Ne cherchez pas la marque de la guitare de Jack White, même si les sons au grain monstrueux ne manquent pas. Dans ce super-groupe né presque par hasard, Jack tient la batterie comme à ses débuts dans Goober And The Peas. Et il ne chante que sur deux titres pour accompagner Alison “VV” Mosshart (The Kills), dont la voix de succube passe par toutes les meilleures compressions et réverbérations vintage du studio de la moitié la plus prolifique des White Stripes. 

Et qui tient les guitares ? Dean Fertita, vieille connaissance de Detroit actuellement embarquée chez les Queens Of The Stone Age, tandis que Jack Lawrence, complice de Jack White au sein des Raconteurs, joue de la basse. Voici donc un disque de garage rock garanti sans la moindre adjonction digitale (à se demander si on est vraiment autorisé à l’écouter en Cd), qui aime les éruptions et les faux calmes comme le blues hanté des Cramps ou de Led Zeppelin. C’est cependant dans les recoins qu’on ira chercher les plus fortes sensations : le dub rock I Cut Like A Buffalo, le single Treat Me Like Your Mother avec ses airs de funk revu par les Seeds (pleurons Sky Saxon récemment disparu), et l’hypnotique So Far From Your Weapon, où les trois garçons répondent à Alison comme les Bad Seeds savent le faire avec Nick Cave. Nouvelle révision à la fois fidèle et apocryphe à l’essence du rock’n’roll, cet album devrait être culte chez les vinyles freaks de 2040. Si cette espèce ne s’est pas encore éteinte.(Magic)


En plus du talent qu'on lui prête, il faut reconnaître à Jack White sa capacité à rebondir et créer l'événement. En 2006, certains déploraient le manque de tubes sur "Get behind me Satan" des Whites Stripes ? Quelques mois plus tard, il était de retour à la tête des Raconteurs et balançait Steady as she goes en éclaireur de leur premier album. Le second opus sorti l'an dernier de ces mêmes Raconteurs peinait à convaincre ? Le voilà aujourd'hui de retour à la tête des Dead Weather, nouveau "supergroupe" où il officie notamment à côté d'Alison Mosshart et d'un Queens of the Stone Age. On peut se demander si ce nouveau projet est une dispersion inutile de plus ou une véritable bonne idée. Mais on sait que Jack White au meillleur de sa forme, et Alisson Mosshart, au moins à l'époque du premier album des Kills, c'est peut-être ce qu'on a connu de mieux ces dernières années en termes de rock et de blues radical. Intéressant aussi, Jack White a abandonné la guitare pour passer à la batterie, expérience nouvelle donc. L'introductif 60 feet tall pose immédiatement le décor et nous donne quelques raisons d'espérer. Climat et guitares tendues, chant fièvreux, c'est bien à un album de rock sans fioritures auquel on a affaire. Album qui gagne même en densité et en chaloupements sous les coups de boutoir d'un orgue vintage sur I cut like a buffalo, ainsi que sur l'endiablé Treat me like your mother qui n'a pas été choisi au hasard comme premier single. Toutefois, lorsqu'un groupe affiche un tel casting que The Dead Weather, on est en droit de se demander ce qu'apporte chacun à l'ensemble. Or, si Jack White fait un très compétent batteur, son jeu ne se révèle pas aussi instinctif et passionnant que celui de sa "soeur" Meg au sein des White Stripes, et ses habituelles boucles de guitares font ici défaut. Alison Mosshart, elle, apporte une touche sensuelle et sauvage par son chant, sans toutefois déborder du cadre des chansons, et les deux derniers protagonistes se coulent dans le moule avec un peu trop de sagesse pour un album de ce genre. Bref, si "Horehound" est un efficace album de blues rock séminal, sans bas, mais sans sommets non plus, même si les titres déjà cités ainsi que Rocking Horse ou la ballade finale Will there be enough water sortent un peu du lot, il lui manque un brin de folie, de spontanéité pure pour réellement imprimer une empreinte durable. On peut y voir là la limite de projets qui rassemblent des musiciens qui, même s'ils ont le même état d'esprit, ont acquis des habitudes diverses au sein de leurs formations et avec leurs comparses habituels. Conséquence, on sent sur "Horehound" plus de compromis que d'émulation. Pour faire court, disons qu'on souhaite voir Jack White rentrer au bercail rapidement. 
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le 27 févr. 2022

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