MAGIQUE.
Il n'est pas très original de préférer cet album aux autres, mais le fait est que Harvest est jusqu'à présent l'album de l'artiste qui m'a le plus touché. Tout y est. C'est à la fois pur et osé, sincère et maîtrisé, onirique et humain. En fait, il suffit d'écouter Neil Young, sa voix et son harmonica pour voir nos rêves être apaisés. Parce que oui, cet album a la capacité de transcender l'être qui l'écoute, en l'occurrence moi. C'est très personnel, mais à voir son succès, c'est en réalité universel.
Chaque son (ou presque) est un coup de cœur. L'album commence déjà avec un chef-d'œuvre, le son de l'harmonica me rappelle pourquoi il est bien d'être vivant, et surtout de sentir comme tel. Out on the Weekend est d'une pureté incroyable, on s'imagine une balade automnale, au bord d'un lac dans le Wisconsin, avec le reflet des arbres colorés sur le miroir de l'eau. L'album est lancé. Puis il y a Harvest, qui est formidable également, sans pour moi atteindre le pic d'émotions du premier son. Déjà, j'étais dans les cordes. Puis le troisième son, encore différent, une nouvelle proposition, mais toujours le même succès, de nouveaux sentiments naissent, à la première, à la deuxième, puis à la troisième écoute, etc. Il y a presque un caractère solennel dans ce troisième titre, une solennité qui nous élève. Et c'est ce pourquoi l'Art existe, pour nous élever. Ce fameux moment de grâce.
Et pourtant, le sommet de l'album - et probablement de la carrière du Loner - arrive après avec le chef-d'œuvre intemporel Heart of Gold (cf. l'introduction de ma liste). 4 premiers sons pour l'éternité.
Une fois que l'on atteint ce sommet, on est obligé de redescendre, et bien entendu Are You Ready for the Country est clairement en dessous. C'est d'ailleurs le moins bon titre de l'album, à mon sens.
Et puis, il y a Old Man... Quel bonheur. Suit ensuite There's a world qui vient toucher une nouvelle corde. Le titre m'a directement évoqué un univers de film, c'est à la fois magique, onirique et fantastique, une composition qui pourrait sans nul doute apparaître dans un film Disney ou un Tim Burton.
Alabama est dans la même veine que Southern Man de l'album précédent, et une fois de plus parle du racisme dans le Sud de l'Amérique. Sweet Home Alabama sera d'ailleurs une réponse à ces titres de Neil. Les titres très politiques ne sont pas ceux dont je raffole le plus, mais je comprends leur importance. C'est aussi une des fonctions de l'art, véhiculer un message pour faire changer les choses.
Deux minutes de The Needle and the Damage Done de bonheur, mais hélas on aimerait que ça dure plus longtemps, à l’image de cet album finalement. On aimerait rester dans cet état second, qui pour le coup nous fait plus de bien que de mal. Mais ces deux minutes nous mènent vers un nouveau sommet : Words (Between the Lines of Age). Et pour le dernier titre de l’album, tant il est fragile et puissant, je n’ai pas les mots.
Et à la fin, on réécoute cet album pour ne pas sortir de cet univers, un univers dans lequel on se sent vivant mais surtout éternel. La récolte de Neil Young fut bonne,The Loner m’a cueilli.
Quelques citations qui montrent la sincérité et la pureté de l’artiste et l’universalité de son propos :
"Dream up, dream up,
let me fill your cup
With the promise of a man"
Harvest
"A while ago somewhere I don’t know when
I was watching a movie with a friend
I fell in love with an actress
She was playing a part I could understand"
A Man Needs A Maid
"I’ve been first and last
Look at how the time goes past
But I’m all alone at last
Rolling home to you"
Old Man
"I come to you and see all this ruin
What are you doing Alabama ?
You got the rest of the union to help you along
What’s going wrong ?"
Alabama
"If I was a junkman
Selling you cars
Washing your windows
And shining your stars
Thinking your mind
Was my own in a dream
What would you wonder
And how would it seem ?"
Words (Between the Lines of Age)