En 2010, Reznor et Ross accouchent d’une des meilleures OST jamais produite pour l’un des meilleurs films du siècle en cours. Ouaip. Et ça, c’est plutôt cool. Bien joué, les gars.

N’étant pas des pros dans la composition de bande originale, vu que c’est leur première OST complète, ils font un peu comme ils le sentent (après un brief du réal, évidemment) et produisent un album qui marche parfaitement avec l’image mais plus encore, fonctionne magnifiquement par lui-même. Ce qui est extrêmement rare pour une OST. Gros gage de qualité.

Et en plus de ça, ils obtiennent un Oscar. Donc bravo, très bien. Pour une fois que l’Académie n’est pas à l’ouest…

Sauf que… Fincher, lui, ne gagne rien. Son film a beau être absolument fabuleux, ces vieux des Oscars lui préfèrent le neuneu Tom Hooper et son film qui caresse le public dans le sens du poil (avec en plus un passage où on voit le grand maychant Adolf Hitler en personne du coup, forcément, les quadragénaires vont kiffer).

Et là, petite hypothèse faite maison : Fincher est un peu jaloux de son duo de musicos prodiges. Et ça peut se comprendre. Du coup, maintenant, il leur impose un régime strict : faire de la musique inécoutable en dehors du film.

On peut voir “The Girl with the Dragon Tattoo” comme une transition dans laquelle, malgré une sensation désagréable de mélange confus et indisinct, 2-3 chansons sortent réellement du lot (dont la fabuleuse “What If We Could…”).

Mais là, avec “Gone Girl”, Fincher enfonce le clou et castre définitivement Reznor et Ross qui n’ont rien demandé à personne : pendant le film, la musique s’entend à peine (ah ouais, y a vraiment eu un orchestre qui a joué à un moment ?!) ; quand elle arrive finalement à prendre un peu d’importance, c’est pour un morceau sans originalité aucune ni inspiration (le très Inceptionesque “Consummation”) ; et si jamais on se risque à écouter l’OST seule, on a le sentiment d’un amas sans structure, sans volonté de créer d’émotion. Un bruit de fond, en somme (piste 9 de l’album).

Alors oui, Fincher a permis à Reznor de faire oublier les horreurs “Year Zero” et “The Slip” (quand même entre-coupées du brillant “Ghosts”). Et oui, NIN a touché le fond, tout seul, l’année précédente avec le catastrophique “Hésitation Marks”. Mais c’est pas une raison pour continuer, au contraire !

Tendez-leur la main, M. Fincher, offrez-leur un vrai film, un scénario leur permettant de créer à nouveau de belles choses. Et les Oscars, c’est un truc de vendus, de toute façon…
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le 30 oct. 2014

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