Fragments
6.4
Fragments

Album de Bonobo (2022)

Si vous connaissez Bonobo, du label emblématique Ninja Tune, vous ne connaissez pas qu'un seul album. C'est le genre d'artiste capable de maintenir une métamorphose pendant plus de deux décennies tout en gardant sa base de fans heureuse et fidèle. Du moins si vous avez découvert, comme moi, son travail de ses débuts.

Je n'ai aucune idée si cela fonctionne aussi à l'envers, si un jeune fan de Bonobo serait tout aussi impressionné par "Terrapin", son premier succès, un titre Trip-Hop Jazzy incroyable sorti sur son premier album “Animal Magic”, à l’aube de l’an 2000.

C'était il y a 22 ans. Pas la même planète. Regardez juste les différences. On passe de Downtempo à quelque chose que les gens appellent aujourd'hui Deep House ou Tech House, faute d'une meilleure catégorisation. Et pourtant, “Fragments” est bien plus que cela.


À partir de “Black Sands” en 2010, Simon Green, de son vrai nom, a progressivement pivoté vers un son plus centré sur le club. Mais là où beaucoup artistes électro ont régulièrement transformé leur musique dance en de nouveaux sommets euphoriques, celle de Bonobo nous emmène dans une zone juste assez douce et scintillante pour s'installer dans un monde introspectif même si son tempo s'est légèrement accéléré.


“Fragments” est une écoute profondément agréable, avec une multitude de collaborateurs qui aident à briser le flux langoureux de l'album d'interludes de violon et d'accords de synthé aériens.

Après le méditatif “Polyghost” en ouverture, aidé du violoncelliste Miguel Atwood-Ferguson et de la harpiste Lara Somogyi, "Shadows" construit son groove central deep house dans un tourbillon de synthétiseurs haute définition et de cordes béantes, tandis que Jordan Rakei, autre signataire de Ninja Tune, fournit une voix R&B inattendue qui complète à merveille le tout.

Dès la 3ème piste, Green atteint des sommets avec "Rosewood", et sa ligne centrale répétée "I Won’t Leave, Your mind has set me free". Nous avons là une chanson réellement romantique sur une fondation Garage-House qui s’envole à 2 mn 25 grâce à une boucle de synthé enveloppante et irrésistible. Et il y a aussi "Counterpart" et "Sapien" qui rappellent la grande période Jamie xx sans le copier et ce n'est pas donné à tout le monde, c’est même une petite prouesse tellement des clones du compositeur londonien ont fleuri cette dernière décennie.


Par moment, “Fragments” se transforme en essayant autre chose. Des expériences électro-R&B, comme les superbes “Tides” avec Jamila Woods aux lyrics touchants et un final majestueux, et “From You” avec Joji, interrompent temporairement le rythme.

Mais sinon, le son électro très assoupi et détendu fait penser à un club qui tourne encore à l’aube, sur une plage qui se vide doucement, empruntant des idées passées de la musique électronique et les présentant en un moment d’évasion tout à fait cohérent.


Chaque rythme démarre au bon moment, chaque pad ambiant est chronométré pour correspondre aux cordes qui suivent, et dans l'ensemble, la liste des pistes s'apparente à un DJ set de grande qualité, avec des ballades qui apparaissent juste aux bons endroits.

Il y a fort à parier que certaines personnes pensent que “Fragments” est juste sympathique, qu'ils l'estiment : “Trop gentil, trop charmant, trop "inoffensif" - comme si être offensant était une qualité souhaitable.

Pourtant, ici, tout est bien plus subtil que sympathique. D'une certaine manière, les instruments de cet album sont utilisés plutôt que joués, il y a plus à ressentir qu’à écouter. Et il n'y a rien de mal à cela car Simon Green est extrêmement bon dans ce domaine. Il a sa propre façon de faire les choses, il a son propre équilibre.

Oui, il cherche à plaire mais il veut que les gens se sentent bien, c'est évident.


“Fragments” est agréable et on peut danser dessus sans trop transpirer. Et pour ceux qui recherchent des paysages sonores expansifs qui renforcent le bonheur des soirées estivales et des bons moments à venir, Fragments est idéal.

BRKR-Sound
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le 23 juin 2022

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