Five Miles Out
7.5
Five Miles Out

Album de Mike Oldfield (1982)

Curieusement j'ai toujours un peu repoussé l'achat ou l'écoute de ce disque, me disant que je le garderais pour la fin, après avoir fait presque tout le tour de la discographie. Et voilà, j'y suis quasiment là... Si je ne tiens pas compte qu'il me manque une compile et le live exposed et que j'évite sciemment les dernières disques qu'il a fait dernièrement (et qui à l'écoute me donne souvent plus envie de fuir que rester).


Avec une vue d'ensemble et un net recul, Five Miles out me semble une pièce essentielle de la discographie de Oldfield. Dernier grand album en comptant Amarok ? Probablement (après il y aura encore quelques bonnes choses... mais moins). Maillon essentiel de la trilogie expérimentale où Mike réussit son virage 80's ? Assurément. Platinum mettait fin au format long en conservant toutefois par plaisir une piste longue (la suite en 4 parties) où après s'être inspiré de Steve Reich sur Incantations, Mike faisait un clin d'oeil à Philip Glass (allant jusqu'à reprendre donc la structure de North star au final du morceau titre Platinum) et introduisait les synthés dans sa musique. QE2 lui, tout en conservant les préceptes de son aîné, y mettait une pincée de celtique avec des percussions (renouant en cela avec Ommadawn) tout en mettant en avant la batterie et un son plus agressif (je n'en finis pas de l'explorer et d'y redécouvrir à chaque fois des nuances et des choses fascinantes).


Five Miles Out continue là dedans avec un son synthétique plus poussé, et les démarches vers une musique traditionnelle parfois totalement surprenante (le final d'Orabidoo qui va vers un folk à la Vashti Bunyan extrêmement dépouillé, une guitare, du chant et juste une petite clochette, mais le son est presque baissé volontairement après ce qui a suivi. Le contraste est assez violent : cette minute finale, simple, fragile après le gros son juste avant, bigre). A travers quelques sonorités 80's, l'époque, agressive, essaye de se frayer un chemin mais Mike tient bon et nous fait don d'une galette presque comme souvent chez lui, schizophrénique, battant les extrêmes et les contraires mais qui garde une certaine patine mélodique.


Les pistes les plus longues, Taurus II et Orabidoo reviennent par clins d'oeil au glorieux passé du musicien (Aspect pastoral à la Hergest Ridge volontiers repérable dans Orabidoo avec clochettes, musique qui décolle très longuement, orgue et piano endiablé qui s'impose comme un "substrat" au mur de guitares électriques de HR part 2 et final "folk" apaisant. Taurus II lui, lorgne plus volontiers vers la folie d'Ommadawn avec des chants échappés d'Incantations).


Les pistes les plus courtes font office de cartes de visite pour le musicien, une manière de prouver qu'il peut lui aussi faire des hits (et cet aspect se verra plus amplifié ensuite sur les albums Crises et Discovery, et paradoxalement entraînera hélas Oldfield vers un certain appauvrissement de sa musique. Mais cela hélas, c'est aussi le lot de beaucoup d'artistes et groupes dans les années 80).


Et ça marche assez bien d'ailleurs.
Family man est entraînante et fout la pêche (je la préfère même à la scie musicale Moonlight shadow qui m'a toujours constamment gonflé, souvenirs de passages incessant quand le papa mettait la radio et que cette chanson repassait constamment sur RTL2. Maintenant ce titre et certains de U2, je peux plus...) et Five Miles Out s'écoute honorablement même si faudrait voir à pas trop abuser du vocoder.


En bonus sur la version remastérisée, la version alternative avec une voix féminine et pas de vocoder, est presqu'une redécouverte de ce morceau, moins surprenant, plus abordable.


Au final, un grand disque du bonhomme, pas exempte de défauts, mais homogène et fascinant.

Nio_Lynes
8
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le 19 avr. 2017

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Nio_Lynes

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