Ecce Lex
8
Ecce Lex

Album de Nostromo (2002)

Un alien !!! Au secours, courrez pauvres fous !!!

Oui, c'est un peu ce qu'on peut se dire dès le premier titre de l'album... Mais sincèrement, des disques d'une telle qualité au rayon boucherie, il n'y en a pas des masses.

Tout d'abord Nostromo c'est quoi ? Hormis le vaisseau dans le premier Alien de Ridley Scott, entre autres, c'est un groupe de Genève qui donne dans la dentelle du metal extrême, entre Napalm Death et Meshuggah. Niveau influences, ils sont vraiment entre ces deux références du genre.

Ecce Lex est leur deuxième LP, sorti en 2002 après un EP (Eyesore) contenant une reprise de : Napalm Death. Cet album est la représentation d'une tuerie, et dans le sens figuré c'en est réellement une. Vous trouverez dans ce vinaigre très aigre une couleur rouille, dans un bocal en acier trempé, aux décorations grindcore tendant une pointe vers la crasse niveau son. Toutefois vous noterez une certaine précision chirurgicale dans la composition et l'interprétation (très réussie) des quelques 12 tranches servies dans un ordre ne laissant place à aucun hors d’œuvre.

Par ailleurs le chant est dans les médiums, ce qui tend un peu plus l'atmosphère, comme si un chien venait vous aboyer à la face, mais sans jamais vous toucher physiquement, quoique... Tendu, les nerfs à vif, le guitariste vous cisaille ses riffs pour mieux qu'ils soient concassés dans votre oreille, tout en étant appuyé par une batterie assassine. La basse, elle, très saturée (faut pas déconner non plus, on est dans l'excellence de la brutalité sonore) vient vous asséner des assauts imparables, dans le bide, histoire de vous achever si vous pensiez vous en sortir.

Les tempi, eux, sont comme une crème brûlée, mais qui aurait roussi trop longtemps. Oubliez le mou sous la croute, il n'y en a pas. Vous prendrez une petite friandise en écoutant autre chose, à moins que votre goût pour cette musique ne soit votre bourbon préféré.
Et comme si cela ne suffisait pas, les textes offrent des aspects poétiques inattendus dans le style (comme sur Sunset Motel). De quoi faire des cauchemars si vous lisez trop souvent cette fioriture en écoutant le son en même temps. Comme si c'était chose inimaginable de le faire...

Niveau metal, la suisse nous a habitués à sortir des groupes de talent (Knut, Samaël, Unfold...). Nostromo est l'un des piliers de cette culture souterraine, piliers sans lesquels les grosses pointures plus accessibles n'auraient aucune légitimité, car ils n'auraient aucune racine digne de ce nom. Souvent intimistes car peu diffusés (Overcome Records était un label indépendant français campé à Rennes), ces groupes fédèrent un public par la scène, et les disques se vendent avant tout lors des concerts.

La complexité de la composition, inspirée par les suédois cités en haut, n'est jamais lourde, mais plutôt lourde de sens. Oui, elle est bien justifiée par l'apport de personnalité qu'a fait le groupe dans ce style souvent linéaire : je parle du metal extrême. Apparus à une époque où le hardcore "oldschool" voyait des groupes comme Converge ou Botch faire dériver le style vers le côté "mathcore" (ces étiquettes intempestives nous permettent un tantinet de situer notre propos, mais c'est bien tout : un groupe a un nom et donc il se suffit à lui-même). Mais le paris des Genevois était réussi. Le public metal en attendait bien autant, car le Death Metal avait déjà posé des bases complexe dont Nostromo a tiré quelques éléments comme le blast-beat notamment. Mais le groupe est plus proche du Grindcore.

Ecce Lex est une pépite, vous l'aurez compris. Le genre de diamant peu recommandé pour votre sensibilité il est vrai. Mais la création artistique n'a de limites que notre capacité à tolérer chez l'artiste sa capacité à assumer ce que nous préférons nous ignorer en nous-mêmes.

Budokick
9
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Créée

le 23 janv. 2023

Critique lue 204 fois

6 j'aime

Budokick

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