MUSE L’INTÉGRALE ÉPISODE 7 : « DRONES »

Dans l’épisode précédent : Muse a échoué dans sa tentative de reconquête de certains fans après l’échec assez relatif de « The Resistance » en rebondissant sur un album aussi fédérateur qu’un « Black Holes and Revelations » ou qu’un « Origin of Symmetry ». « The 2nd Law » a reçu des critiques à peine meilleures que le disque précédent. La plupart des « fans » du groupe déplorant (particulièrement sur « The 2nd Law ») la présence toujours plus prononcée de musique électronique au détriment des décharges électriques et d’adrénaline qui avait conféré au groupe ses premiers succès (évidemment ils ont écouté l’album avec des œillères et n’ont même pas pris la peine de relever « Supremacy » ou « Survival » ça va de soi). Malgré un disque d’excellente facture qui avait remis le groupe sur des rails solides et une richesse musicale inédite dans une formule clairement plus abordable et simple qu’auparavant…l’album fût donc incompris ou tout du moins sous-estimé dans l’ensemble.

Ce que j’ai toujours admiré chez Muse et plus particulièrement chez Matthew Bellamy c’est leur courage et leur entêtement :

-éternel détracteur : « Bouuuuuh!!! Matthew tu nous fais chier avec ton rock de stade grandiloquent! Reviens à des sons plus simples!!!! »

-Matthew : « Awww! Je vais faire un rock encore plus formaté avec des sons électroniques alors! »

-éternel détracteur : « Espèce de vendu! C’est quoi cette usine à tubes ultra formatés prêts à l’écoute radio que tu nous as pondu??? Tu peux avoir honte de ton succès commercial et critique obtenu avec « Black Holes and Revelation », moi je retourne écouter « Origin of symmetry » et « Showbiz » en boucle gneugneuhééé!!! Et si tu recommences à nous prendre la tête sur le prochain disque avec des vocalises de castafiore on viendra avec mes frères pour te jeter des tomates pourries! Ça commence à bien faire cette folie des grandeurs!!!

-Matthew : « Awww! Je vais faire de la musique d’opéra avec des looongs passages de musique classique où il y aura un peu de Chopin, mais vu que je suis roublard je ferai un ou deux tubes ultra radiophonique pour que ma musique puisse atteindre tes oreilles même si tu as décidé de la snober…galopin que tu es! héhéhé!!! »

-éternel détracteur : « Bon ça suffit Matthew!!! Tu vas arrêter ta crise de mégalomanie tout de suite et revenir à des trucs SIMPLES espèce de fichu salopard! Sinon je vais chercher mes frères dans la cité et on va venir te casser la gueule!!! »

-Matthew : « Awww! Je vais continuer d’innover pour que tu te perde encore plus toi et ta petite ouverture d’esprit en faisant un album très axé « electro » mais je vais quand même revenir à une base plus rock sur certaines compos pour que tu puisses pas me critiquer sans te contredire et faire preuve de mauvaise foi malgré tout! héhé jé souis filou…jé souii Matthew!!! »

-éternel détracteur : lance une tonne de tomates en direction de Matthew et brûle un maximum de cd étiquetés « Muse » sortis depuis 2003

-Matthew : commence un peu à flipper mine de rien et fait mine de céder à la pression en proclamant solennellement dans un tweet qu’il va en revenir à des sonorités plus rock et plus « dures »

A cet instant l’éternel détracteur n’y comprend plus rien…Matthew l’artiste le plus entêté du 21ème siècle avait-il fini par entendre ses prières à force de recourir à la violence? Et bien oui…en grande partie il semblerait…mais ça ne veut pas dire que le disque soit « meilleur » que « The 2nd Law » pour autant. Déjà il y a une chose qui choque (réellement) avec cet album…c’est que Muse qui depuis 2003 n’a sorti QUE des disques avec des tubes mémorables a sorti un album avec (accrochez-vous bien) : 0 tubes! Oui oui…alors il y a des « singles » certes…mais bon là il s’agit de 3 morceaux très loins d’égaler un « Uprising » ou un « Starlight », sans parler d’un « Madness » (où le groupe fût atteint par la grâce). Commençons par le premier d’entre eux (2ème morceau du disque après une interlude où on entend un sergent gueuler, ce qui est relativement inutile et désagréable mais bon le groupe est fort pour faire des interludes comme ça…) : « Psycho ». Il s’agit d’un morceau de rock tout ce qu’il y a de plus lourd! Le riff est puissant et assez efficace…mais d’une part pas hyper original aussi bien par rapport à d’autres morceaux du groupe que par rapport à d’autres morceaux typés « hard rock » en général (écoutez « Pussy Liquor » de Rob Zombie dans un registre bien plus salace…je ne pense pas que Bellamy l’ait écouté mais la ressemblance est troublante!). Un morceau dynamique (aux paroles consternantes en revanche…même si le groupe n’a jamais été un monstre en song-writing) mais certainement pas un morceau « marquant ». Puis, il y a eu « Dead Inside » morceau d’ouverture et single un peu plus intéressant qui conserve suffisamment de touches « electro » au niveau des samples et de la rythmique très industrielle et mécanique pour faire râler les fans ayant bu les paro…euh le tweet du Bellamy! Les harmonies vocales sont très réussies et l’ensemble est très entraînant sans être réellement addictif. « Mercy » est peut-être le single le plus léger et le plus sympa : les premières notes de clavier évoquent presque un certain « Starlight » qui paraît un peu (trop) lointain maintenant…la mélodie est très orientée « pop mélancolique de stade » oui…Muse vient de l’inventer c’est assez bizarre mais ça passe alors pourquoi pas!

Point positif du disque : Il se laisse écouter assez facilement car presque tous ses morceaux se valent à peu près! Pour une fois il n’y a aucun déséquilibre sur un disque de Muse étant donné que les plus hauts sommets du disque (on les a déjà presque tous cités) ne sont pas très hauts comparés à d’habitude…ce qui peut être un problème sur un plan commercial (le disque n’a quasiment pas fait parler de lui à sa sortie en France comparé à d’habitude) mais n’en pose pas forcément sur un plan critique. Pour la plupart des morceaux du disque on a principalement deux catégories : -des morceaux très orientés « glam rock » moderne un peu plus « hard » et énergique qu’à l’accoutumée il est vrai… »Reapers » (très bon riffs) « The Handler » (supers solos de Bellamy avec une netteté dans le son à la limite du maniaque), ou encore le sympathique (mais un poil répétitif) « Revolt ». -Les morceaux progressifs et orientés « ballades » un peu plus intéressants à écouter dans le genre que d’habitude : « Aftermath » et « The globalist » (un peu trop long…10 minutes Muse n’avait jamais encore osé mais s’en sort pas trop mal finalement).

Un mot rapide sur le morceau-titre « Drones » qui conclut le disque : Ils ont réussi à faire l’équivalent d’un morceau uniquement axé sur des chants grégoriens sans que cela ne soit kitsch ou démesuré et puisse clore le disque sans faire tache! Un vrai ovni très intéressant et un des sommets du disque de par son aspect mystique et assez osé selon moi! Bref, ce disque de Muse n’est pas aussi marquant que d’autres albums de Muse (les deux meilleurs, vous savez lesquels si vous avez suivi l’aventure depuis le début) la faute à un cruel manque de mélodies marquantes et percutantes. L’avantage de ce défaut, c’est corrélativement de proposer un disque cohérent (Muse n’ayant jamais excellé à ce niveau-là de façon globale même sur « The 2nd Law »), soigné, maîtrisé de bout en bout et j’ose le dire…vraiment BON! Pas de sommet ou de virtuosité musicale excessive (comparé à d’habitude), pas de trop gros risque, pas de mauvais morceau, pas de temps mort…donc pas de critiques réellement possibles venant de la part des éternels détracteurs pour le coup…Muse a sorti un bon album qui ne fera pas date dans sa carrière mais il s’en sort largement avec les honneurs et peut légitimement échapper aux râleurs habituels…voilà qui n’est pas banal!

L’aventure « Musicale » se termine ici pour l’instant…à dans 2 ans pour un 8ème épisode? En guise de cadeau d’aurevoir voici un petit quelque chose pour « récompenser » les braves qui auraient tout lu jusqu’au bout (ou du moins le présent article), les notes (subjectives) que j’attribuerai aux albums de Muse pour donner une idée approximative de mon degré d’appréciation de chaque album.

Bilan de l’intégrale Muse :

-Showbiz : 10/20

-Origin of Symmetry : 14/20

-Absolution : 12/20

-Black Holes and Revelation : 18/20

-The Resistance : 13/20

-The 2nd Law : 18/20

-Drones : 15/20

Muse est donc une valeur relativement sûre dans le paysage actuel du rock moderne, reste à savoir comment son parcours évoluera dans les années à venir…