Après Tyler et Frank Ocean, c’est au tour d’un autre membre du groupe Odd Future, Earl Sweatshirt, de se lancer dans la conception d’un album solo.

Au niveau de la production on va pas trop s’étaler vu qu’à peu près toutes les instrus se ressemblent. Sunday décliné en 14 versions différentes. Il me semble que c’est la phrase la plus simple et courte pour décrire Doris. Des productions lentes (on dépasse jamais les 70bpm), minimalistes, simplistes, qui sonnent toujours de la même manière. Après on sent bien un effort de la part des Neptunes sur Burgundy pour tenter d’inverser la tendance et proposer un peu de changement, à grand coup de trompettes grandiloquentes et de petites boucles de piano mais c’est clairement insuffisant. Chum est sans doute la plus grosse blague de l’album, puisqu’on remarque immédiatement que c’est un copier/coller de Luper, un des morceaux de sa mixtape sortie en 2010. Le piano sonne exactement pareil et schématiquement parlant c’est monté de la même manière : boucle de piano facile tout le long, soutenue par une caisse claire. Parmi tout ce vide mélodique, on va dire que Hive est la moins mauvaise production et qu’elle est la plus proche d’Odd Future au niveau de l’influence, avec sa bassline caractéristique.

Ça c’était le premier problème.

Le deuxième problème (et pas second hélas, parce qu’il y en aura un autre juste après) concerne les lyrics. Earl sait rapper, je pense que tout le monde est à peu près d’accord dessus. Après, savoir rapper ne signifie pas, savoir bien rapper, et on s’en rend compte dès le premier morceau (si on s’en est pas rendu compte en 2010). Le problème de Earl Sweatshirt, c’est qu’il est inintéressant, ses lignes sont totalement vides, dénuées de toute substance, c’est du rap abstrait, il peut te parler d’un truc et puis 3 secondes après il change de sujet. Niveau thématiques on va dire que c’est un peu toujours la même chose. Si vous vous attendiez à retrouver un Earl un peu plus mature, détrompez vous. On a toujours le même abruti, qui parle des mêmes sujets qu’avec ses potes de Odd Future ou bien dans sa mixtape, Earl. Ça parle de fumette, de meuf, de mort, d’égotrip etc. J’ai pas de problème avec ces thèmes, quand ils sont bien abordés, mais quand c’est fait n’importe comment ça devient assez chiant. Je défie quiconque de trouver une seule bonne punchline dans cet album.

Il y a quelques morceaux comme Sunday, où Earl essaie enfin de trouver un autre thème, il y parle avec son collègue Frank Ocean de leurs relations amoureuses, Earl avoue ne pas passer assez de temps avec sa copine etc. C’est marrant de voir comment un univers peut changer une collaboration. Cette chanson est infecte et c’est Earl Sweatshirt feat. Frank Ocean, mais prenons Super Rich Kids, où c’est l’inverse et on obtient une musique excellente. Surement parce que voir Frank Ocean s’essayer au rap est tout ce qu’il y a de plus burlesque, déjà au niveau du delivering, c’est super plat, on dirait qu’il récite une poésie le mec, je comprends pas pourquoi il quitte un domaine ou il est bon (le chant et le songwriting) pour se mettre à rapper.

Malgré tout, on assiste à quelques fulgurances sur Hive au niveau technique de la part de Earl, c’est fluide et ça rime assez bien, on va dire que c’est sa meilleure intervention de tout l’album. Son collègue Vince Staples débite aussi bien, quelques bonnes rimes, morceau sympathique.

Au niveau des guests, on notera la «présence» de The Alchemist et RZA (surement là pour faire joli, tant ils sont anecdotiques sur cet album) et de Mac Miller, qui vient délivrer sa merde habituelle. Y a aussi un gars que je connaissais pas, et que je suis fier de ne pas connaitre, SK La Flare, qui juge bon de se limiter à 5 mots par mesure.


Le troisième problème c’est que : PUTAIN ON SE FAIT CHIER !
Déjà que les productions se ressemblent toutes et sont super lentes, en plus on nous colle un mec qui a une voix super monotone et chiante, qui raconte les mêmes trucs depuis 2010, même quand il parle de la vie sans son père sur Chum c’est super ennuyeux quoi.
«non mais tu comprends pas lol, c’est le but, c’est une génération blasée quoi»
Alors déjà : ta gueule. On a pas besoin d’être lourd à ce point pour faire passer le message, s’il est bon, les textes devraient déjà faire une grosse partie et il aurait pas besoin d’user d’autant d’artifices pour nous faire rentrer dans son «monde».

Bref, à part les hipsters et les adolescents en crise, j’ai du mal à imaginer des gens aimer cet album.
Tibbar
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le 8 sept. 2013

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