Pour comprendre le black metal (mais c’est aussi vrai par exemple pour le punk, quoique dans un registre très différent) il ne suffit pas d’écouter la musique, de juger la création artistique, il faut se placer sur un plan presque sociologique ou psychologique.
Ici c’est la haine qui ressort (ou la révolte pour le punk) , la haine du monde et qu’on ressent dans la musique avec ce côté nihiliste quasi destructeur, absolu...
Mayhem est un groupe culte, sulfureux avec, sans trop s’étendre (mais il faut bien en parler) , une série d’évènements qui ont contribué à sa réputation : le suicide sanglant de Dead le premier chanteur, l’histoire des photos de son cadavre, l’assassinat en 1993 du guitariste Euronymous par Varg Vikernes le leader du groupe concurrent Burzum (et qui pour pimenter encore le tout tient ici la basse, ironie du sort!), le groupe impliqué dans les affaires d’églises norvégiennes incendiées... tout cela a participé à la légende , au mythe, à la réputation de Mayhem.
Mais sans cela « De Mysteriis Dom Satanas » serait quand même un album important dans l’histoire du black metal comme l’est aussi « Deathcrush » leur premier mini LP avec Dead au chant.
La pochette d’ailleurs participe aussi merveilleusement bien à l’imagerie sataniste du groupe (ces fameuses églises – celle de la pochette aurait dû être incendiée mais finalement le projet ne sera pas mis à exécution).
Attention groupe culte donc !
Culte car précurseur d’un Black Métal encore plus ultime, brut, féroce, d’une rage haineuse sans commune mesure à l’époque (plus démoniaque que Venom, Bathory ou Celtic Frost ; on pousse encore les limites d’un cran).
Sept ans séparent le mini album « Deathcrush » sorti en 1987 de cet album ; sept ans de compositions et trois ans d’enregistrement avec tous les « problèmes » énumérés plus haut.
Un disque culte du black norvégien et du black tout court.
Il s’agit donc du premier véritable album du groupe avec un nouveau chanteur Attila Csihar, qui a remplacé Dead mais dont la voix tout aussi morbide et caverneuse.
Difficile de sortir un titre du lot, peut être "Freezing moon" ou " Buried by time and dust"
Difficile dans la mesure où cet album est un tout, compact, et qu’un tel album se doit d’être écouté en entier, d’une traite (et non pas juste un morceau détaché du reste).
Quasiment mono-rythmique du début à la fin avec ici ou là des passages plus rapides ou plus lents et de rares breaks.
Rien à voir avec les pitreries et le folklore de Venom, là c’est du « sérieux » .
Si Mayhem avec « De Mysteriis Dom Satanas » est dans le top 5 voire le top 3 du black metal je trouve malgré tout que « In the nightside eclipse » d’Emperor sorti la même année lui est supérieur et incarne le vrai renouveau du genre avec vitesse, rage, violence mais avec une petite touche de symphonie en plus et dont on ne trouve nulle trace dans les premiers Mayhem .
Car Mayhem, dans sa première partie de carrière en tout cas, propose du black metal old school, minimaliste pas de volonté mélodique ou symphonique.
Chaotique, sombre, malsain, brut, primaire, haineux, féroce, barbare, dévastateur, aucun compromis (je ne suis pas certain d’avoir déjà entendu quelque chose d’aussi ténébreux dans ma vie).
Une voix caverneuse comme jamais.
Brutal de chez brutal.
Primaire de chez primaire.
Cet album fait partie de l’histoire la plus sombre mais la plus « passionnante » et agitée de la scène black metal et c’est un témoignage sur ce courant musical de la fin des années 80 et du début des 90, notamment en Norvège où il s’est réellement développé.
Malgré toutes les tempêtes survenues en son sein le groupe, depuis 35 ans, reste en haut de l’affiche, inamovible (avec toujours Hellhammer à la batterie et Necrobutcher à la basse) et hisse haut et fort l’étendard du Black metal, avec à son actif de bons albums (et des moins bons) mais surtout ce « De Mysteriis Dom Satanas » incontournable, dantesque, furieux, à la fois ténébreux bien sûr mais qui se révèle également être un phare, une référence pour de montrer groupes qui ont suivi.
Attention : à ne pas mettre entre toutes les oreilles ; âmes sensibles s’abstenir !


PS : étant athée je précise une fois de plus que je ne cautionne ni l’imagerie ni l’idéologie sataniste
Buried by time and dust
https://www.youtube.com/watch?v=x9LDUOW3h3w

Créée

le 7 mars 2020

Critique lue 313 fois

3 j'aime

nico94

Écrit par

Critique lue 313 fois

3

D'autres avis sur De Mysteriis Dom Sathanas

De Mysteriis Dom Sathanas
sergent_mantuok
10

Mayhem, tout simplement.

7 ans se sont écoulés depuis la sortie de l'EP Deathcrush déjà. Mayhem s'entraîne depuis tout ce temps à entretenir son statut de leaders (à l'époque plus sur le "jamais vu" que sur le réel aspect...

le 21 févr. 2012

20 j'aime

De Mysteriis Dom Sathanas
MathieuCan
3

Ah le satanisme!

Aussi ridicule que le christian rock, voici donc les meneurs de l'autre camps. Par contre au niveau de la musique ça fonctionne à l'économie, car en dehors du fou furieux à la batterie qui doit avoir...

le 12 déc. 2014

8 j'aime

17

De Mysteriis Dom Sathanas
LeChiendeSinope
9

Critique de De Mysteriis Dom Sathanas par LeChiendeSinope

L'album de plus culte d'un groupe maudit. Après le suicide du chanteur fou Dead en 1991, après le meurtre du guitariste Euronymous par le bassiste Varg Vikernes, en 1994 Mayhem sort son premier...

le 19 déc. 2011

7 j'aime

1

Du même critique

Adieu les cons
nico94
7

Critique de Adieu les cons par nico94

J’avoue que comme pour les films de Kervern/Délépine j’attends toujours les œuvres de Dupontel avec une certaine impatience même si on peut parfois – rarement – avoir de mauvaises surprises (comme...

le 31 oct. 2020

21 j'aime

12

In the Court of the Crimson King
nico94
10

à jamais les premiers

Considéré à juste titre comme le premier album de rock progressif (même si Fripp récuse le terme) "in the court of the Crimson king" est aussi le meilleur album du genre, celui qui a donné ses...

le 3 juin 2018

20 j'aime

77

Une grande fille
nico94
8

Quelle saloperie la guerre !

Léningrad (actuelle Saint Petersbourg), 1945 La guerre est finie depuis quelques mois à peine. Après 900 jours de siège non-stop par la Wehrmacht, des bombardements incessants, des millions de morts...

le 12 août 2019

18 j'aime

48