After Hours a permis à The Weeknd d'atteindre des sommets en termes de succès commercial et de popularité, jusqu'à faire la mi-temps du Superbowl.
Pour ce nouvel album, il pousse le délire Pop Synthwave encore plus loin que sur le disque précédent et nous pond un album-concept. Le principe est simple, on écoute une radio, et le DJ n'est nul autre que Jim Carrey. Coincé dans les embouteillages avant le jugement dernier avec de la musique décrite par le texte de Carrey lui-même comme du "Easy listening", on va enchaîner 16 morceaux, interludes incluses, avec des jingles radio créés pour l'occasion et aucune coupure.
À force de vouloir trop sonner vintage, la démarche finit par manquer d'authenticité et je comprends parfaitement que l'on reproche ça à l'album. Si comme souvent avec The Weeknd c'est très produit, je trouve qu'il manque une certaine épaisseur. C'est peut-être lié au son de caisse clair qui est parfois en carton sur certains morceaux (parce que selon les titres c'est variable de ce côté-là), volontairement sali pour donner ce côté rétro, ou tout simplement a un manque de basse organique qui aurait pu faire briller davantage certains morceaux en étant plus poussée dans le mix. Ici ce sont vraiment les synthés qui dominent et c'est regrettable, même si c'est un choix esthétique complètement assumé.
Pourtant, sans être un grand disque pour moi, c'est un album qui fait beaucoup de bien à écouter. On est tellement sur du Easy listening de compétition que c'est d'une efficacité redoutable. Difficile de ne pas se prendre au jeu. J'ai beaucoup aimé le fait que Take My Breath dure deux minutes de plus que la version single, c'est un tube accrocheur et ces passages instrumentaux et dansants supplémentaires, c'est que du plaisir. Daft Punk avait fait la même chose avec Get Lucky, livrant aux médias une version single assez courte pour finalement nous sortir une jolie version complète axée sur les instruments dans l'album. Ce n'est pas la seule similarité que cet album a avec le dernier opus de Daft Punk. En effet nous avons droit à une interlude narrée par un producteur de légende, ici Quincy Jones. Malheureusement, Quincy n'a plus vraiment la santé pour produire un titre (ce qui pour le coup aurait pu donner quelque chose d'énorme). C'est quand même touchant de l'entendre dire qu'il regrette de ne pas avoir été là davantage pour ses enfants. Je pense que ça a sa place sur l'album mais que dans le genre, avec leur titre Giorgio, les gars de Daft Punk avaient su créer un mastodonte.
On a des bons titres dans le même esprit, comme How Do I Make You Love Me?, Sacrifice ou Don't Break My Heart, même s'ils ne sont pas aussi bons à mon goût.
Il y a un petit hommage à Carpenter dans Every Angel Is Terrifying, (ou au générique de Stranger Things mais c'est déjà un hommage à Carpenter donc bon), c'est bien placé, ça s'insère bien au milieu de tout ça. Je pense que c'est ce qui sert le mieux l'album : tout est à sa place.
Il y a une belle ballade avec un couplet de Tyler, the Creator, Here We Go... Again. Malgré les sonorités Vintage, ça m'a vraiment fait penser au The Weeknd des débuts et ce n'est pas pour me déplaire. Best Friends aussi m'a fait penser aux premiers albums, le titre ressemble à une itération de Starboy, avec pour le coup des sons de percussions très actuels.
L'album se termine en beauté avec la voix de Jim Carrey évidemment, mais surtout avec Less Than Zero. Le refrain c'est du déjà entendu, mais la mélodie est très fédératrice alors ça fait mouche.
On sent que The Weeknd ne déchaîne les passions que lorsqu'il est dans l'hommage ou dans la redite de ce qui l'a rendu célèbre, qu'il a parfaitement compris cela et qu'il a choisi de ne pas sortir de ce paradigme. Alors qu'au départ le gars venait de l'espace avec du RnB accessible dans une période où Usher, Akon et Chris Brown étaient déjà has been. Je lui souhaite de sortir de ce travers-là pour le prochain disque pour trouver sa voie, son style et son propre son. En attendant, cet album fait du bien avec une production plutôt propre (malgré quelques choix qui me laissent perplexe comme je l'ai expliqué plus haut), et si le plaisir ne doit pas être le seul but de la musique, ça fait quand même le job ici.