Sur le mode de l'imprévisible

Je lisais récemment à propos du travail psych-rock de Kikagaku Moyo que le mouvement psychédélique est dans une vive jeunesse au Japon et dans sa sphère d'influence — notons que l'archipel donne effectivement parmi les meilleurs disques du genre depuis plusieurs décennies. Ceci-dit, le Masana Temples de Moyo est relativement anecdotique pour son genre et ne m'a pas laissé un souvenir impérissable parce que trop prévisible, daté et scolaire.
Tout le contraire de ce Crumbling du projet sud-coréen Mid-Air Thief. imprévisible, moderne et syncrétique. Il ne faudrait cependant pas penser qu'il s'agirait là d'un pur miracle créé par un novice : rien que la texture lo-fi du son est produite grâce à l'utilisation de cassettes bricolées. Il y a donc une certaine scolarité (au moins un maîtrise) dans tout cela.
L'anecdote laisse présager beaucoup d'application à la confection d'un album que l'on rapproche tantôt de Grizzly Bear pour l'irrévérence quant à la mélodie (These Chains) et plus généralement à Animal Collective pour le caractère hypnagogique de cette pop déstructurée. En somme, un nouvel essai sur le mode de l'imprévisible si bien tissé.
Le contrat psychédélique est quant à lui assurer par des sonorités manifestes et des envolées propres à produire l'hallucination sonore. Néanmoins, il n'y a rien qui nous rapproche d'un état larvaire et cannabisé ici. Le label psych donne plutôt rendez-vous à la dissonance, la bizarrerie et la surprise permanente entre la rêverie électronique et le délire stéroïdé.

Notons peut-être qu'une partie du plaisir vient de la sortie très discrète du disque que seuls les nerds de RYM ont su mettre en avant. Peut-être aussi que la provenance lointaine nous inspire encore davantage de rêveries que la musique dont il est question... Pour autant il n'y a aucune raison de bouder un tel plaisir qui nous décolle de notre siège comme un nouveau collage des Avalanches.