Brothers
7.6
Brothers

Album de The Black Keys (2010)

Entre la sortie de “Attack & Release” - dernier album en date produit par Dangermouse - et Blackroc - leur collaboration avec la crème de la scène hip hop US - les Black Keys auront plus fait parler d’eux en deux ans, que lors de leurs six premières années de carrière. Et pour cause, depuis 2008 et leur nette intention d’intégrer le groove à leur musique, Dan Auerbach et Patrick Carney sont comme poussés par un nouveau souffle, encouragés par ces deux dernières expériences dont on retrouve encore les traces sur “Brothers”, un nouvel album sur lequel le duo n’a jamais autant mis la guitare en retrait. De quoi effrayer les habitués venant chercher ici une nouvelle livraison de blues rock incandescent. Que ceux-ci ravalent leurs appréhensions…La raison de tout cela? L’enchainement des projets. Alors qu’ils avaient tout deux vidés les vannes de leurs propres inspirations dans leurs projets solo respectifs (Dan Auerbach sous son nom, et Patrick Carney avec Drummer), les Black Keys sont partis bille en tête sur “Brothers” seulement trois jours après avoir mis fin à Blackroc, et quitté l’ambiance hip hop-soul que le projet a fait planer au dessus de leurs têtes tout un été. Logiquement donc, à l’exception de “Tighten Up” et son break monumental (seul titre produit ici par Dangermouse), les deux ont appliqué seuls ce qu’ils ont retenu de leur collaboration avec le super producteur et génie du groove, tout en adoptant pour leur seul compte l’approche utilisée au profit de Blackroc, qui privilégiait les lignes de basse et de clavier à celles de guitare.Pas d’incompréhension pour autant: les Black Keys n’affichent aucune véritable concession, et poursuivent leurs pérégrinations rock (”Howlin For You”). Mais bien qu’elles soient présentes sur chacun des titres, les guitares ne sont plus ce fil rouge qu’elles étaient toujours auparavant, ne faisant le plus souvent qu’accompagner la rythmique ou se lancer dans quelques solos bien affutés (”Sinister Kid”, “She’s Long One”). Illustration sur “Next Girl” et sa ligne de basse aussi simple qu’imperturbable autour de laquelle les Black Keys brodent leurs blues rock. Et, comme le prouvent “Everlasting Light”, “Sinister Kid”, “Too Afraid To Love You”, “The Go Getter”, ou l’instrumental “Black Mud”, ce n’est pas la seule fois ici qu’on a l’impression que “Brothers” aurait très bien pu être un deuxième Blackroc, à la différence qu’il est ici chanté par Auerbach lui-même.Parlons du chant justement, lui aussi définitivement marqué par l’expérience Blackroc, Auerbach ayant vu à quel point des monstres comme Mos Def pouvaient vivre leurs textes, et de ce fait incarner plus facilement un personnage. C’est ce déclic qu’on entend aussi sur des titres comme “Everlasting Light” ou “The Only One”, et qui offre à “Brothers” des allures soul décomplexées, inédites à ce point dans la discographie des Black Keys (”Unknown Brother”). D’ailleurs, pour enfoncer le clou, le duo va même jusqu’à reprendre brillamment le “Never Gonna Give You Up” de Jerry Butler, et se lancer dans de touchantes ballades mélancoliques (”I’m Not The One”, le final “These Days”) qui ne dépareillent pas dans ce décor ou la musique actuelle rend encore une fois un bel hommage à celle qui l’a précédée. Un poil plus linéaire en 2010, celle des Black Keys en occupent toujours les premiers rangs. (mowno)


Ce disque-là, c’est peu dire qu’on l’attendait depuis des lustres… Brothers, l’album qui renvoie Meg, Jack et consorts à leurs chères études ! Aussi excitant qu’un vieux Stones – Philippe Manœuvre l’adore déjà –, le nouveau Black Keys est une authentique tuerie, le genre de délire soul rock pour lequel on vendrait son âme au diable. L’époque a cruellement besoin de héros ? Qu’à cela ne tienne, Dan Auerbach (chant, guitare) et Patrick Carney (batterie) font désormais le job. Et si, à l’heure où l’on réédite en grandes pompes le magistral Raw Power (1972) de Iggy Pop & The Stooges, le duo basé à Akron a l’intelligence de ne pas verser dans la surenchère sonique, on ne peut que se réjouir de le voir insuffler un tel groove dans son rock calibré sixties. Introduit par un boogie sauvage à la T.Rex (Everlasting Light, magistral), Brothers présente un groupe qui n’a plus peur de plaire au plus grand nombre. Épaulé par l’inventeur de l’enregistrement binaural et talentueux producteur Tchad Blake – on lui doit les meilleurs disques de Tom Waits, Evis Costello et The Dandy Warhols –, ces deux adeptes de Barack Obama que sont Auerbach et Carney offrent là un disque d’une densité ahurissante, entre mélodie pop, guitare blues, basse soul, clavier funky et batterie méchamment rock. Comme une locomotive lancée à toute vapeur, ce sixième Lp embarque tout sur son passage : Tighten Up, la meilleure chanson que vous entendrez cette année, ne manquera pas d’illustrer la plus belle scène jamais tournée par Quentin Tarantino dans les mois à venir, alors que Next Girl, Howlin’ For You et The Only One nous consolent enfin des retraites anticipées du Blues Explosion et The Make-Up. Sans la moindre faute de goût, à commencer par cette voix souvent proche de celle de Curtis Mayfield, les brûlots se bousculent comme autant de tatouages sur le corps d’Asia Argento. Plus sexuel que fraternel – chacun conviendra qu’il faut sacrément se connaître pour enregistrer pareille noce de Sabbat –, Brothers est le Sticky Fingers de sa génération, soit le disque qui fera danser les plus fervents adeptes de rock et se taper la tête contre les murs à tous les clubbeurs du monde. Au-delà des genres et des modes, The Black Keys signe le premier chef-d’œuvre de leur carrière. Sidérant ! (magic)
Il faut bien l'avouer, on a parfois été dubitatif sur la musique des Black Keys, même si leur premier disque, « The Big Come Up », reste un de ces chef d’œuvre définitif, rendant un brillant hommage au blues, tout en apportant une relecture des plus efficace grâce au duo guitare / batterie formé par Dan Auerbach et Patrick Carney. Pourtant d’album en album, la formule semblait s’essouffler, les riffs devenaient plus gras, la batterie semblait tourner en rond, tandis que les White Stripes, à qui les Black Keys ont souvent été comparés, opéraient un virage pop. Bref, que penser de leur dernier album ?… Après une première écoute, l’évidence saute aux oreilles, ce « Brothers » est effectivement une très bonne de surprise. Déjà l’année dernière, Dan Auerbach nous avait offert une belle pépite sous la forme d’un album solo rempli de titres plutôt ultimes. Le  changement de direction, plus pop, amorcé depuis « Attack & Release » trouve ici son rythme de croisière et cela dès l’immense Every Lasting Light et son petit riff joué sur un beau jeu de baguettes de Patrick Carney. Ca file des frissons de plaisir et réchauffe un peu. Sur Next Girl on y entend une basse fuzz, souvent associée au stade immuable du riff et Dan Auerbach y chante encore comme un vieux bluesman qui a encore trop bu de whisky. La production  demeure propre, carrée, moins brouillonne qu’au début ; on sent que le passage de Danger Mouse a été bénéfique pour le duo. Rien a jeter dans ce « Brothers », She’s Long Gone nous offre la renaissance de Muddy Waters, tandis The Only One se charge de rouvrir les studios Stax, l’occasion pour Dan Auerbach de nous montrer qu’il est aussi très bon dans un registre plus soul. Je pourrais encore vous détailler encore chaque petit détail, chaque petit riff poisseux, chaque ligne de basse bien rebondie, chaque ambiance délicieusement sixties (à quand les Black Keys chez Tarantino ?), mais je suis en train d’arriver à court de superlatifs ; bref ce « Brothers » procure un bonheur d’écoute quasi-impérial. Alors que Jack White semble faire du surplace, la musique  des Black Keys effectue de jolie variation et fait du bien à nos oreilles, elle sait déclencher quelques hochements de tête, et donnerait presque envie de remuer ses jambes. Tout petit coup de chaleur est bon à prendre, ça tombe bien le dernier Black Keys en est un gros. (indiepoprock)
Tout disque de blues ou de rock'n'roll postérieur à 1972 me donne la nausée », affirmait récemment Dan Auerbach, tête pensante du duo de blues rock puriste The Black Keys. C'est dire si lui et son complice, le batteur Patrick Charney, ont intérêt à assurer... Sur ce sixième album, c'est exactement ce qu'ils font. Une fois de plus, et avec toujours autant de classe. Notre duo de néo-bluesmen de l'Ohio, comme jadis le Fleetwood Mac original de Peter Green, insuffle une fraîcheur tantôt pop, tantôt hip-hop, à un genre qu'il traite pourtant avec la plus grande des rigueurs, le plus grand des respects. Ils parviennent à réveiller les fantômes de Marc Bolan (Everlasting Light) ou de Jimi Hendrix (I'm not the one) et s'autorisent même un clin d'oeil au Glitter Band (Howlin' for you). Sans paraître désuet ni daté, Brothers vaut assurément un très bon disque d'avant 1972. (HC)
bisca
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le 13 mars 2022

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