"Les Pixies c'est bien ?"

Question posée à une disquaire en compulsant son bac rock indé sur le stand d'un marché dans une station balnéaire, 1996. Elle opine vigoureusement du bonnet. Depuis que je m'intéresse franchement au rock - soit 2/3 ans auparavant -, je confie confondre le groupe avec les Posies dont j'apprécie modérément le "dream all day" qui inonde les radios généralistes (autre époque...) et ignore les coupures de presse les concernant de ce fait.

Je prends quand même l'album - 10 balles seulement - en même temps qu'une valeur sûre, le "slanted and enchanted" de Pavement, alors au sommet du rock indé connu mais SUFFISAMMENT PEU pour paraître so cool aux yeux de l'entourage. Et aussi le "1977" de Ash d'ailleurs, qui m'avait durablement marqué durant les semaines précédentes, lors de vacances d'été en famille d'accueil anglaise. Bref, je digresse.

Cet album, je ne peux pas l'écouter tout de suite, étant chez ma grand-mère qui n'a qu'une platine vinyle. J'ai le temps d'examiner la jaquette sous toutes ses coutures (je vous ai dit que c'était une autre époque ?) attendant fiévreusement le jour où je pourrai le glisser dans ma platine CD. Une semaine c'est long, quand même.

Ca y est, j'y suis. "Cecilia Ann" : tiens, y a pas de paroles ? C'est un groupe instrumental ? La peur m'ôte toute lucidité car ça fait 7 jours que je connais mieux les paroles que les chansons.
"Rock music" : c'est bien aussi mais dis donc, il braille tout le temps comme ça ?

"A table !!!"

Ah non maman, pas tout de suite, je DOIS savoir...
"Velouria" : tout s'éclaire. Le groupe est donc capable en 3 chansons de mélanger surf pop, pop punk (dé)braillée et power pop avec la même réussite.

Je fonce à table en dévalant les escaliers, un sourire dément sur le visage. Je le sais, ça y est, j'ai trouvé MON GROUPE.

Un album qui sera éreinté avec mon meilleur pote tout l'été (y a-t-il une meilleure saison pour l'écouter ?). Un été à marquer au fer rouge, celui de toutes les découvertes (mais c'est une autre histoire comme dirait l'autre...) et ce souvenir tenace d'être allongés sur la plage, le regard perdu dans le soleil rougeoyant en écoutant les dernières notes estivales d'"Havalina", chacun vissé à une oreillette de mon discman...

Et la surprise sera grande de constater au fur et à mesure des découvertes des autres albums que ce n'est même pas le meilleur. Et ça, c'est aussi une autre histoire.