Lorsque Eric Clapton et John Mayall se rencontrent le temps d’un album, le premier vient de quitter les Yardbirds pour désaccords musicaux (la chanson « For Your Love » trop commercial au gout de Clapton en serait la cause) et le deuxième venait juste de sortir son premier album. Il propose à Clapton de rejoindre son groupe les « Bluesbrakers » où l’on trouve John McVie (futur Fleetwood Mac) à la basse et Hughie Flint à la batterie. Clapton s’occupe de la guitare et chantera pour la première fois tandis que John Mayall s’occupe du reste (chant, orgue, harmonica, guitare…).

Et cette rencontre accouchera d’un chef d’œuvre représentant l’apogée du blues-rock british. Clapton obtiendra son surnom de « god » grâce à cette merveille. Il mélange des chansons inédites et composés pour l’occasion à l’image de Little Girl, Another Man ou Double Crossing Time avec des reprises comme de Ray Charles avec « What’d I Say » et bien évidemment cette version définitive de « Ramblin’ On My Mind », composé par Robert Johnson où en plus de chanter pour la première fois, Clapton livre un solo magistral, tout en justesse et prenant aux tripes.

L’album s’écoute sans fausse note et frôle la perfection du début (comme en témoigne les deux premiers morceaux, les géniaux « All Your Love » et « Hideaway » où le génie de Clapton pend tout son sens, en donnant de l’émotion, du feeling et de la puissance à ses improvisations) à la fin (finissant encore une fois par le génie de Clapton sur Steppin Out puis par le rythmé It Ain't Right où cette fois ci le génie c'est Mayall à l'harmonica) . Le reste est composé de morceaux plus ou moins connu définissant ce qu’était le blues britannique et représentait l’alchimie parfaite de quatre grands musiciens.

Le son unique de cet album, définissant le blues électrique, accompagné de la Gibson Les Paul de Clapton branché sur un ampli Marshall 100 watts et le volume monté à 10, et de la voix de Mayall, intemporel.

Par la suite, Clapton quittera le groupe pour fonder Cream tandis que John Mayall continuera (et continue encore), parfois avec de nouveaux bluesbrakers dont Mick Taylor avant qu’il aille chez les Stones et Peter Green avant qu’il forme le Fleetwood Mac. Mais cette unique collaboration (avant une reformation pour live) aura accouché d’un très grand disque (subjectivement l’un de mes préférés avec bon nombre de chansons qui m'ont marqué) et qui marque l’apogée du « British blues boom».
Docteur_Jivago
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le 1 juin 2014

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Docteur_Jivago

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