Blow
7.7
Blow

Album de Ghinzu (2004)

C'est sur scène que les Belges Ghinzu ont tranquillement fabriqué leur réputation de groupe nucléaire, dans la sueur de l'effort qu'ils ont appris à gérer leur inépuisable énergie. Un apprentissage clairement mis en pratique sur Blow, taillé pour le grand spectacle : comme un bon gros blockbuster hollywoodien, l'album, qui s'appuie sur une superproduction et des effets spéciaux ravageurs, sait tirer les bonnes ficelles au bon moment. De puissantes mélodies portent ces morceaux fulgurants, mais il s'agit toujours ici d'une pop à épines, tout en angles aigus, la pop d'un bulldog aux mâchoires serrées par lœurgence. Du Muse à taille humaine, du Radiohead bloqué sur The Bends, du Coldplay hautement bodybuildé. Blow est une longue montagne belgo russe, pleine de hauts, de chutes abyssales et de bas : les sensations fortes, vertigineuses, tendent parfois vers le nauséeux quand les guitares confondent rage folle et précipitation ( Til You Faint). Mais leur lyrisme dandy et urgent ne souffre finalement qu'assez rarement de l'excès. Car quelques morceaux brillants aux tapages moins outranciers (la magnifique ouverture Blow, Do You Read Me, la très Deus High Voltage Queen, 21st Century Crooners?) et la belle attitude crâneuse du groupe donnent à Blow un éclat indiscutable.(Inrocks)


Ghinzu n'est pas un groupe belge, comme veut le convaincre la biographie du deuxième Lp de la formation... belge. Rien d'infamant pourtant, surtout depuis que dEUS ou Venus, auxquels ils s'apparentent, occupent le terrain. D'ailleurs, démarrer l'album par le titre éponyme qui met bien longtemps à  s'installer pour se développer en lyrisme proto-Radiohead relève bien de l'humour parfois tordu de nos voisins. Comme, sans doute, cette façon de contrebalancer les parts de romantisme et de tragédie qui habitent leurs morceaux par ces costumes de scène dérisoires. La moumoute afro, ça dédramatise tout immédiatement. Le premier extrait, Do You Read Me, évoque assez franchement le Supergrass des grands singles. Cockpit Infernoet Til You Faintmettent plus en avant une électronique de combat et des basses fuzzées. The Dragster-Wave, Sweet Loveet Sea-Side Friends occupent le registre de la ballade tendue, High Voltage Queen accélère sur des textes sarcastiques, 21st Century Crooners montre un joli sens des couches sonores, et Horsepourrait être un hommage au space rock des 70's. Qu'une personnalité en décalage avec l'image de Ghinzu se dégage de l'album ne manque pas de troubler. (Magic)
Après dEUS, Venus ou encore Soulwax, voici Ghinzu - du nom d’une marque de couteaux japonais - nouveau groupe belge avec lequel on va désormais devoir compter. Encore peu connu, même dans son pays d’origine, le groupe sort en septembre 2004 son deuxième album, "Blow", après un premier essai passé complètement inaperçu ("Electronic Jacuzzi", en 2000). Le disque s’ouvre sur un morceau fleuve de 9 minutes qui donne à l’album son nom et sa tonalité générale : Ghinzu distille un rock sombre et tendu, sorte de rencontre entre Muse et dEUS, passant sans cesse du plus calme au plus violent, mélangeant les genres les plus improbables mais sans jamais tomber dans l’excès ou l’incohérence. L’enchaînement de l’aérien Jet Sex et de l’endiablé Cockpit Inferno, basés tous les deux sur le même texte, est un bel exemple du genre de grand huit musical dont est capable Ghinzu. Du single ultra efficace Do you read me à l’impeccable final Sea-side friends, en passant par la magnifique ballade piano-voix toute en retenue Sweet Love, les belges impressionnent par leur maturité et leur maîtrise tant au niveau des arrangements, où l’électro s’intègre parfaitement au mur de guitare, qu’au niveau des textes teintés d’un humour noir désabusé. Vous l’aurez compris, "Blow" mérite plus qu’un simple détour, il nécessite même de nombreuses écoutes pour être apprécié à sa juste valeur, c’est-à-dire un grand disque de rock à la fois original, puissant et subtil. Sur leur site internet, les six membres de Ghinzu se définissent comme étant des « song warriors » : Radiohead aurait-il enfin trouvé un adversaire à sa hauteur ? (indiepoprock)
bisca
7
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le 27 mars 2022

Critique lue 84 fois

bisca

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