Blonde on Blonde
7.9
Blonde on Blonde

Album de Bob Dylan (1966)

Bob Dylan ! Bébou comme certains l'appellent (moi quoi.). Un artiste autant apprécié que décrié, les deux étant faits par ses propres fans ce qui est un exploit.
Surement le compositeur de folk le plus connu au monde et qui, surprenamment, n'est pas tant écouté que ça si on enlève les chansons passant la radio. C'est assez triste , moi étant un fervent défenseur de l'écoute d'un album d'une seule traite et qui considère qu'un album ne doit pas être une collection de singles n'ayant aucun rapport. L'album est une œuvre entière, les chansons ne sont que des parties de ce dernier. C'est pour cela que par exemple, écouter une excellente chanson d'un très bon album sans écouter le reste dénature souvent l'émotion (coucou les playlist spotify.). Nous ne sommes pas dans l'ambiance propice à l'écoute, alors certes, on peut apprécier le morceau, mais cela ne sera jamais aussi pertinent et puissant que si on écoutait l'album entier. C'est comme si on regardait uniquement la meilleure scène de chaque film.
Sauf que, pour s'accrocher à un album pensé comme étant une œuvre et non comme une compilation, il faut forcément que ce dernier soit bon et ne soit pas trop redondant et monotone. Sinon il nous fait sortir de son écoute.


C'est là où le bât blesse pour Blonde on Blonde.


J'aurais aimé apprécié cet album comme tout le monde, vraiment, mais ce n'est pas possible.
Commençons par le plus simple, la voix de Dylan.
Voilà, bon c'est assez facile à critiquer. Mais il faut que les gens fassent cependant la différence entre les caractéristiques de sa voix et son chant; il a certes une voix "cassée" et un timbre et une intonation particulière, mais ce n'est pas ça qui fait la médiocrité de son chant. La raison est même plus simple, il chante ""presque"" juste, mais si c'est ""presque juste"", ça veut aussi tout dire que c'est faux. C'est frustrant alors, soit il ne monte pas assez, soit il ne descend pas assez, mais à chaque fois il essaye, ce qui rend le tout à la limite du supportable car…
On a envie de l'aider le pauvre. D'ailleurs tant que j'y suis, je n'ai pas pris la peine de vérifier si ses paroles étaient profondes et belles. La musique c'est avant tout la mélodie et les notes(après je dis pas, avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est le mieux). Mieux vaut être un excellent chanteur avec des paroles de merde, qu'être Bob Dylan. C'est pas pour rien que Whitney Houston est considéré comme étant, et à juste titre, une chanteuse incroyable, alors que n'importe quelle fille sous perfusion Disney Chanel aurait pu écrire ses paroles ( et accessoirement, aurait pu se faire """draguer""" par Gainsbourg de la même façon, de toute façon Serge préfère ce genre d'Annie).


Ensuite et c'est là le point noir de cet album. Il veut tellement être un album et non une compilation qu'à la fin, tout se ressemble et chaque morceau a la même ambiance, les mêmes accords, la même âme. Dylan a dit que Blonde on Blonde était l'album où il a le mieux réussi à retranscrire le son qu'il avait en tête dans la réalité:



« The closest I ever got to the sound I hear in my mind was on individual bands in the Blonde on Blonde album," Dylan would later say in 1978. "It's that thin, that wild mercury sound. It's metallic and bright gold, with whatever that conjures up. That's my particular sound. I haven't been able to succeed in getting it all the time. Mostly I've been driving at a combination of guitar, harmonica, and organ. »



Il est tombé dans cet écueil, il a tellement voulu ce son (assez unique il faut dire) qu'il a créé un album entier qui se ressemble.
La plupart des morceaux vont être conduits par le piano, l'orgue, la guitare, la basse et la batterie.
Ce qui n'est pas mal, cependant, ce serait bien de ne pas avoir les mêmes accords en boucle et les mêmes sensations mélancoliquo-romantique. Si bien que lors de mes trois premières écoutes, je n'ai pas vu passer le segment Just Like a Woman - Most Likely You Go Your Way (And I'll Go Mine) - Temporary Like Achilles. Et encore, je pourrais encore une fois via mon humble bonté accepter cette ressemblance. Sauf que ces chansons sont ennuyantes à souhait, rien ne se retient, on a pas envie de chanter, ni de pleurer, ni rien au final, aucune émotion, pourtant le but de l'art est d'en provoquer, peu importe la couleur de ces dernières. Le pire est atteint avec Pledging my Time, horriblement chiante celle la. Même le très apprécié Sad Eyed Lady of the Lowlands tombe à l'eau très vite et ne tient pas en haleine (comparé à sa sœur ainée Desolation Row qui réussit cet exploit avec brio).


Toutefois tout n'est pas perdu, il y a de très bonnes chansons, mais elles ne font que 42 % de l'album ( sur la vitalité de mes aïeux, j'ai calculé) :



  • Visions of Johanna

  • One of Us Must Know (Sooner or Later)

  • I Want You

  • Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again

  • 4th Time Around

  • Just like a Woman


Les 3 premières s'enchainent merveilleusement bien et réussissent quelque chose que l'album a raté, garder le fil artistique de l'œuvre tout en ayant leur propre personnalité, ce qui fait que tu peux bien distinguer le très folk-pop et cheesy I Want You et le quasi soft rock Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again. Le tout en ayant toujours la sensation d'être dans le flot de Blonde on Blonde avec cette impression de pureté noble (enfin c'est comme ça que je le ressens) inhérente à l'album. Elles sont toutes efficaces et c'est là où je ressens ce qu'on pourrait appeler le génie de Dylan.


Et deux chansons sympathiques mais oubliables :



  • Rainy Day Women ♯12 & 35

  • Absolutely Sweet Marie


Ce qui fait que plus de la moitié de l'album est très peu intéressant et véritablement redondant.


Blonde on Blonde est désavantagé alors, car des morceaux me font sortir de son écoute à cause de leur ennui et de leur ressemblance, ce qui nuit aux très bonnes chansons. La note représente alors l'impression que me donne l'album et non la moyenne des chansons y figurant dessus ( on ne note pas les scènes d'un film une à une pour noter le film, sinon le principe de fluidité entre les scènes serait inutile).


C'est une disque complexe à noter car malgré tout ses défauts, il y a quand même ce son propre à Dylan et qui est touchant pour qui se laisse tenter, et je trouve qu'il décrit très bien à quoi il ressemble



It's metallic and bright gold, with whatever that conjures up



C'est dorée; c'est noble. Ca ressemble à un filament d'or, aussi classe que subtil, malgré tout il se casse rapidement et facilement.

Tyo-San
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Créée

le 30 juil. 2021

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Tyo-San

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