Beggar's Banquet est l'album qui m'a vraiment fait découvrir les Rolling Stones. Bien sûr, je connaissais déjà le groupe avant cela, notamment via leurs plus gros tubes, mais à l'écoute de Beggar's Banquet on se rend compte que les meilleurs best-of du monde ne peuvent refléter l'essence des Rolling Stones. La musique des Stones c'est bien plus que quelques tubes et l'image de rockers drogués qui leur colle à la peau, il y a une musique, une âme derrière le cirque rock'n'roll.


Ce que j'admire le plus dans Beggar's Banquet c'est justement la vision artistique qui se dégage de l'ensemble. Le groupe atteint une sorte de pureté rock, mais sans excès, avec une sensibilité étonnante et un équilibre parfait entre électricité et acoustique, le tout porté par une production fantastique, très roots, qui semble invoquer l'esprit des racines musicales de l'Amérique profonde. L'alchimie est parfaite et donne une cohérence sans égale à l'album (même si Exile On Main Street est pas mal dans le genre également).


Le titre phare du disque est évidemment Sympathy For The Devil qui représente justement à merveille le mélange électrique/acoustique si particulier de Beggar's Banquet. Je trouve que ce morceau gagne d'ailleurs à être écouté sur album, il y déploie toute son aura et retrouve un sens, une magie, une énergie qu'il perd totalement sur les compilations. Toute la force, le côté roots et tribal de Beggar's Banquet explosent dans ce titre qui démarre calmement pour culminer lors des solos épileptiques et tétanisants de la guitare de Keith Richards.


Les autres merveilles du disque, ses morceaux emblématiques sont, à mes yeux, Jigsaw Puzzle et le final épique Salt Of The Earth qui, dans un registre certes différent, me rappellent l'énergie viscérale de Sympathy For The Devil, le premier avec son côté lancinant et hypnotique, le second bouclant l'oeuvre dans un déluge de gospel élégiaque.


De l'autre côté du spectre, je trouve que No Expectations est sans doute le plus beau morceau des Stones. Si les trois titres ci-dessus sont les piliers de l'album, No Expectations en serait son âme, le garant absolu du folk à la fois pur et lumineux - avec une mélodie absolument sublime - et roots, brut et sincère - à l'image de cette guitare slide fabuleuse que l'on entend frotter contre le manche de la guitare.


Je n'ai même pas besoin d'évoquer Street Fighting Man et Stray Cat Blues pour vanter les mérites de Beggar's Banquet, c'est dire si ce disque est une oeuvre complète, aboutie, et le premier véritable chef-d'oeuvre des Stones. Le groupe revisite le patrimoine musical américain à sa manière, avec une vision bien affirmée, et avec une pureté et une luminosité qui se transformeront par la suite en énergie beaucoup plus rock (mais non moins bonne, Sticky Fingers et Exile On Main Street arrivant juste derrière en terme de qualité).

benton
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top albums 1968 et Ma discothèque - Les indispensables

Créée

le 17 août 2016

Critique lue 442 fois

benton

Écrit par

Critique lue 442 fois

D'autres avis sur Beggars Banquet

Beggars Banquet
DanielO
10

Tue le veau gras et réunis la famille!

Les Stones ne sont jamais aussi bon que lorsqu'ils sont dos au mur. En ce début d'année 1968, tout porte à croire que le groupe est sur le point de s'arrêter: il vient tout juste de se séparer de son...

le 24 févr. 2013

23 j'aime

13

Beggars Banquet
Ramblinrose
10

CECI N'EST PAS UN CHIOTTE

Je me suis toujours demandé si j'étais plutôt fan des Beatles ou des Rolling Stones. J'ai déjà répondu en partie à cette question... enfin je crois ! Je me suis également demandé si j'aimais tous les...

le 23 déc. 2011

18 j'aime

2

Beggars Banquet
EricDebarnot
9

Un disque qui change tout, un disque-clé

"Beggars Banquet" est le disque qui change tout chez les Stones, et c'est donc, inévitablement, un disque clé dans l'histoire du Rock. Brian Jones s'efface, il n'est déjà plus qu'un moribond qui erre...

le 16 janv. 2015

12 j'aime

1

Du même critique

Beach House
benton
9

Critique de Beach House par benton

Je ne sais par quel miracle la musique de Beach House arrive à créer une nostalgie de rêveries insondables. Les mots ne sont pas assez forts pour évoquer le pouvoir étrange des chansons de ce groupe...

le 7 juin 2012

23 j'aime

5

Goodbye and Hello
benton
8

Critique de Goodbye and Hello par benton

Tim Buckley est presque aussi connu, si ce n’est plus, pour être le père de Jeff Buckley que pour sa musique, et c’est finalement un bien triste constat. Car il suffit d’écouter les albums de Tim...

le 1 juin 2013

17 j'aime

1

Figure 8
benton
9

Critique de Figure 8 par benton

Figure 8 est l'aboutissement logique ayant mené Elliott Smith du folk intimiste à la pop étincelante et fastueuse. C'est en tout cas l'effet que donne l'album, mais il faut avouer que le chanteur est...

le 7 juin 2012

16 j'aime