Il y a déjà bien longtemps que je voulais écrire cette critique, mais j’avais préféré repoussé sa rédaction sachant qu’il n’est pas très orthodoxe d’apprécier cette B.O. sur SensCritique.
Mais plus d'un an après sa sortie, le temps est venu de défendre cette partition.


Beautiful Lie débute par la première occurrence du premier leitmotif de Batman : 5 accords joués fortissimo par les cuivres : un leitmotif sombre et puissant qui augure le reste de la B.O. Il est suivi par le deuxième leitmotif, très sombre et interprété aux piano, qui sert d'introduction à cette mélodie mélancolique elle aussi au piano, qui nous plonge immédiatement dans les tourments du chevalier noir : une naissance sous le signe du deuil.


Their War Here revient sur les évènements de Man Of Steel, Zimmer récapitule la piste Arcade pour nous replonger dans la destruction de Metropolis. Saturée en percussions et développant sa mélodie à la contrebasse, elle impose une puissance émotionnelle époustouflante. Le morceau se termine en évoquant le désarroi de Bruce Wayne au milieu des décombres.


Débute ensuite The Red Capes Are Coming pour nous dresser le portrait maléfique de Lex Luthor, un héros fantasque et baroque comme le clavecin qui rythme son thème joué aux cordes dans un registre grinçant. Un morceau efficace et redoutablement pertinent.


Dans Day of the Dead, Zimmer convoque le thème de Superman au piano que l'on retrouve dans Flight, enveloppé dans une atmosphère éthérée. Il est suivi par un étonnant rappel du Corynorhinus de Zimmer/Newton Howard dans Batman Begins joué par l’ensemble des cordes, puis repris par des chœurs graves dont l’apparition constitue une mélopée.


Must There Be a Superman débute par des chœurs très dissonants qui intriguent autant qu’ils déstabilisent. Cette première partie se résout par un silence, qui fait ensuite place à une succession d’éléments électroniques que l’on attribuera sans doute plus à Tom Holkenborg (alias Junkie XL) qu’à Zimmer. Un morceau qui fait partie des moins intéressant de la B.O.


New Rules débute par le deuxième motif de Batman, l’étire avant qu’il ne se dissolve en une succession de clusters qui aboutissent au premier leitmotif aux cuivres.


Do You Bleed commence par le thème de Batman aux cuivres doublées par les chœurs, qui s’enchaîne par un ostinato de percussion rythmant la course-poursuite de Batman. On retrouve une partie entièrement électronique cachée parmi les cordes, les percussions et les cuivres. Une musique d’action qui n’est pas sans rappeler Molossus de Batman Begins. Le premier leitmotif Batman retentit à nouveau une fois de plus soutenue par des chœurs ténébreux avant qu’un silence étouffant tombe sur le morceau.


Problems Up Here est l’occasion du retour de Lex Luthor dont le thème fait une entrée fracassante avant de donner le relais à des cordes plus discrètes et en retrait. Une piste qui accompagne la mise en place du plan diabolique de Luthor.


Black and Blue débute timidement avant que ne jaillisse le thème de Batman, il s’ensuit une démonstration de force autour de ce thème. Puis le thème de Superman contre-attaque, mais se dissous rapidement sur des chœurs. Dans ce morceau fleuve de presque 9 minutes, le paysage sonore est extrêmement dense et multiplie les idées : on retrouvera certains motifs déjà présents dans le Mad Max de Tom Holkenborg, des passages du Beautiful Lie, et un développement très solide qui confère à l’ensemble un caractère épique qui correspond parfaitement au ton du film.
Le morceau s’achève sur le retour du Beautiful Lie.


Tuesday est un built up sonore accompagnant le combat de titans entre Doomsday et Superman, un développement de cuivres très puissants, encadré par des accords de piano dans les graves.


Avec Is She With You, Zimmer et Tom Holkenborg frappe un grand coup. Dès son apparition, il laisse l’auditeur le souffle coupé. Avec son premier thème plein de rage entonné au violoncelle électrique, soutenu par une basse continue aux percussions, on est immédiatement sous le charme. Un second thème en douceur arrive ensuite, toujours aux violoncelles. Le premier thème revient ensuite légèrement altéré avec un développement endiablé. Il revient une nouvelle fois dans sa forme originale, avant de se lancer dans des pirouettes virevoltantes accompagné par des percussions aux premiers plans qui conduisent l'action. La suite du morceau revient aux cordes de l’orchestre qui poursuivent l’action le temps du combat, soutenues par des chœurs féminins. Il s’ensuit un dialogue en passage mélodique accompagnée de chœurs et percussions rythmiques et épiques.


This Is My World est le testament de Superman : commençant par une évocation de Man Of Steel If You Love These People et ses 2 thèmes intriqués, il ponctue en apothéose la mort de l’homme d’acier par un paroxysme insoutenable. Un chœur prend la suite du morceau, entonnant un chant funèbre rendant honneur au sauveur de l’humanité. Le morceau se conclue par une invocation au thème de Superman toujours au piano et son accompagnement céleste.


Men Are Still Good (The Batman Suite) s’ouvre sur une citation de Flight (Man of Steel), immédiatement tempérée par un retour du thème très sombre de Batman, apparaissant en sourdine. Il laisse la place à un paysage sonore obscure qui se termine sur le retour de son thème. Place ensuite aux variations sur le thème de Luthor à mi-chemin entre Vivaldi et Glass. Une dernière fois le thème de Superman retentit avant de laisser la place aux errances de Batman. Retour aux sources tout d’abord avec une longue complainte aux cordes dont une trompette vient marquer la pulsation, avant que n’explose le leitmotif interprété avec toutes les percussions (tymbales, grosses caisses, cloches d’orchestre), les contrebasses prennent ensuite le relais jouant pianissimo. Après une nouvelle occurrence du Beautiful Lie, on assiste à l’ascension du thème de Batman dans toute sa splendeur : percussions en ostinato, cordes interprétant une autre partie du thème, cuivres ajoutant une couche sur le leitmotif qui leur est dédié et finalement les chœurs venant marquer la pulsation par-dessus l’ensemble pour aboutir à l’acmé de cette B.O.


Pour conclure, il peut sembler difficile d’adhérer à cette B.O. tant les passages aux percussions ont paru indigestes à certains. Mais Batman v Superman est la synthèse du travail de Zimmer commencé il y a douze ans sur Batman Begins, poursuivi dans The Dark Knight et Rises, renouvelé dans Man Of Steel, un travail qui consiste à chercher de nouveaux modes d'expression musicale, auxquels certes nous ne sommes pas encore accoutumés mais un travail qui n'est pas dénués de thèmes, de développement, de logiques. Il fera certes passer Mahler pour du Chopin, mais il contient parmi les moments les plus mémorables de la B.O. de super-héros de ces cinq dernières années. Ici on retrouve 3 nouveaux leitmotifs pour Batman, 2 thèmes pour Wonder Woman, ainsi que le retour des 3 thèmes de Man of Steel (Flight, Arcade, If You Love These People), et un thème fabuleux pour Lex Luthor. En fait, on n’avait pas entendu de musique de super-héros aussi mémorables depuis… The Dark Knight Rises.

Créée

le 11 juin 2017

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Quentin Pilette

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