L'Hiver est Immortel

L'hiver approche, et qui dit hiver, dit froid, et qui dit froid, dit pays scandinave, et qui dit pays scandinave dit Norvège, et qui dit Norvège dit Black Metal bien sûr ! Et pour la chronique du jour, je vais vous parler du premier groupe de Black Metal que j'ai écouté et de leur album que je préfère : At the Heart of Winter d'Immortal.

Sorti en 1999 sur le label français Osmose, il s'agit du cinquième album du groupe. Le line-up s'avère assez étrange puisque Abbath, le frontman, a été crédité pour tous les instruments sauf la batterie. Derrière les futs on retrouve Horgh, batteur ayant déjà fait ses marques avec le groupe et qui a plus tard joué avec Hipocrisy.

Si il y a une chose qui frappe immédiatement quand on écoute ce disque, c'est que ça décoiffe salement ! L'album précédent, Blizzard Beasts, était assez médiocre et son succésseur semble venir d'un tout autre univers tant sa qualité est supérieure. Fini le Black Metal cru produit avec le strict minimum et les morceaux de trois minutes, cette fois-ci, Immortal met les bouchées double.

Le son de cet album est beaucoup plus clair que les précédents. J'irai pas jusqu'à dire que le son est léché et propre, ça reste du Black Metal, mais c'est quand même bien mieux produit. Les albums enregistrés dans un garage c'est sympa cinq minutes, mais quand Peter Tägtgren produit un disque, tu sais que la magie va opérer.

Et ce son moins crado rend les instruments bien plus impressionants et majestueux. Les sonorités de guitare sont vraiment le truc que j'ai adoré sur ce disque : les riffs sont tranchants et grinçants, entrecoupés de breaks plus légérs qui sonnent comme un vent froid qui traverse nos oreilles. Ajoutez à ça une batterie surpuissante et vénère, de discets arrangements de claviers, et la voix glaçante et cruelle d'Abbath, vous obtenez un disque de Black Metal imposant comme la plus haute des montagnes et aussi puissant que douze armées d'orcs.

Il est important de noter que cet album marque le début de l'influence Thrash Metal des compositions. Si jusque là le groupe se contentait de faire du Black rapide, sale et maléfique, la donne va changer à partir de At the Heart of Winter. Les morceaux deviennent plus longs, plus catchy, et plus épique. C'est presque amusant de comparer les premiers albums du groupe avec ceux sorti après celui-ci : c'est la chenille qui se transforme en papillon ! Bien sûr, certains regretteront ce côté cru et amateur des premières productions, mais on ne peut pas nier que ce disque est une véritable montée en puissance, un pic de créativité qu'Immortal n'a jamais réussi à reproduire.

Vous le savez si vous lisez mes chroniques d'albums, j'aime les jolies pochettes. Et là je dois dire que c'est un vrai festin visuelle ! Signée par un certain Jean Pascal Fournier, qui a illustré un certain nombre de pochettes de Metal, c'est une petite oeuvre d'art. Là aussi, au placard les photos du groupe maquillé qui pose dans la neige, on installe un vrai décor. Un territoire glacé et escarpé, où le feu et les glaciers s'entrechoquent sous un ciel obscur. Au milieu de ce paysage désolé se dresse une forteresse à moitié en ruine où s'échappe une force mystérieuse gardée par deux corbeaux sillonant le ciel.

Cette pochette illustre très bien les sonorités de l'album : une odyssée épique et glacée jusqu'au Coeur de l'Hiver

Bref, pour conclure cette chronique, je ne peux que vous inviter à écouter ce formidable album. Puissant, ténébreux, épique et presque entraînant par moment, c'est un vrai bijou qui se hisse facilement dans le panthéon des meilleurs albums de Black Metal. Album culte par un groupe culte, idéal pour des balades dans des paysages hivernales ou pour headbanger dans son salon, je crois qu'on peut le dire simplement : Immortal, ça défonce.

Top 3 : Withstand the fall of Time, Tragedies blow at Horizon et At the Heart of Winter