Amnesiac
7.7
Amnesiac

Album de Radiohead (2001)

Tout le monde le sait : l'Amnesiac de Radiohead ressemble comme un frère siamois au disque précédent, Kid A, puisqu'il est issu des mêmes sessions d'enregistrement, il est donc aussi sublime. Fin de la chronique. Il n'empêche, Radiohead vient de rater un coup énorme : imaginez un double album intitulé Kid Amnesiac et rassemblant en un seul Cd les vingt-deux titres disponibles... Une sorte de White Album conçu pour le XXIe siècle, de la part des Beatles des années 2000. Un timing parfait puisque le disque serait chronologiquement venu après OK Computer, leur Seargent Pepper à eux. Et après ? Thom Yorke, le cerveau complètement grillé, après avoir décidé de ne plus faire de tournées, aurait déclaré que "Radiohead est désormais plus populaire que le Christ". Logiquement, Georges W. Bush, soutenu par le lobby conservateur, aurait banni du territoire américain ce groupe "blasphématoire". Ses membres, désormais disséminés aux quatre coins du Globe, ne communiqueraient plus que par visioconférence. Bien sûr, d'autres albums verraient le jour, dont le fameux Oxford Road. Ce disque dont la pochette cryptée donnerait lieu à de folles rumeurs sur Internet : "Thom Yorke est mort, on l'a remplacé par une image virtuelle". Puis viendrait leur chant du cygne : Let It Creep, un disque apaisé, bénéficiant des compositions de Jonny, Colin, Ed et même Phil, le batteur chauve, dont la spécialité serait de chanter des titres idiots. Enfin, après un ultime show sur le toit de l'immeuble d'EMI, l'aventure se serait terminée un 31 décembre 2005. Nigel Godrich, leur producteur génial et sixième membre officieux, aurait annoncé la fin de Radiohead. Dès lors, Thom Yorke aurait formé avec sa compagne japonaise (la "traîtresse Yorko", designée par les fans comme responsable de la démission des Fab Five d'Oxford), son propre groupe : Fake Plastic Band. Un drôle de projet, un peu laborieux et très mystique que les fans auraient boudé, à l'exception peut-être du génial single Idiot Karma, retrouvant l'inspiration de la grande époque circa 1997/2001. Puis en 2015, le drame : Thom Yorke serait revolverisé devant la porte de sa ferme new age en Islande par un fan complètement cintré et... Euh, finalement, à bien y réfléchir, c'est une bonne idée de ne pas avoir sorti ce Kid Amnesiac. Un coup à choper la poisse, ce truc.(Magic)


Amnésique de ses promesses de retour à la normale et de son passé, Radiohead continue seul son odyssée : l'électronique déjà dépassée, le groupe d'Oxford est déjà loin, hors d'atteinte, creusant son trou noir quand ses suiveurs creusent leur tombe. Amnesiac, titre idéal. Tout d'abord pour cette manière brillante d'oublier les inquiétantes promesses faite l'an passé, à la sortie de Kid A. Promesses d'un retour à la normalité, à la chanson rock, à la guitare franche : comme si ce terrain de jeu, encore à peine assez vaste à l'époque de The Bends, saurait aujourd'hui contenir les désirs et circulations de Radiohead. Comme si ce groupe en mouvement pouvait décemment reculer pour attendre, dans son ancien pré carré, ses suiveurs en meutes, de Travis à Coldplay.Ceux qui ont vu Radiohead sur scène récemment savent à quel point, en comparaison des nouvelles chansons, celles de The Bends ou même OK Computer paraissent fades, mornes, ordinaires, jouées avec distraction, sans passion ni enjeux. Car là aussi, Amnesia porte bien son titre : Radiohead ne se souvient plus comment jouer de la guitare. Finies, les chansons besognées en missionnaire : Radiohead, désormais, ne se contente même plus de Kama-Sutra (ou de karma police et des mélodies à reprendre en chorale), inventant à chaque chanson des ascenseurs inédits pour le septième ciel. Seul quelques irréductibles nostalgiques de la guitare flamboyante ? ce genre héroïque et flambeur que Radiohead a remis, à son corps défendant, au goût du jour ? continueront ici à parler de musique absconse, opaque. Alors que Kid A n'était que lumière ? une lumière diffuse, blanche et chaude, rayonnante et bienfaitrice. Celle d'Amnesiac possède cette pâleur fluette, ce vacillement. Mais la lumière est ici plus directe, plus rasante aussi, allongeant les ombres. Elle se fait également plus éblouissante quand des refrains surgissent, hirsutes, décoiffés, de ce magma grondant et pourtant clair comme de l'eau d'Islande. C'est notamment le cas sur l'impensable Pyramid song (que l'on jurerait issu d'Homogenic), la merveille pop bousillée que seuls, cette année, Air ou Björk, pouvaient se permettre d'envisager. A ce jeu hasardeux de la génétique ? une voix d'homme greffée sur des machines ivres, des mélodies de jardin d'enfant vissées sur le tronc grave et épuisé d'un adulte ?, Radiohead réussit de véritables merveilles, comme ce Life in a glasshouse qui conclut l'album dans une fanfare insensée, où Tom Waits, Chet Baker, Billie Holliday et Jeff Buckley soufflent un hymne cabossé, hantant. Anyone can play guitar chantait il y a très longtemps Radiohead, avant de cocufier allégrement les guitares du côté de l'électronique. Un terrain de jeu à son tour visité frénétiquement, puis abandonné avant que ne s'installe la routine, sur ce disque déjà au-delà de l'electronica mutante de Kid A. Anyone can play synthesisers, semble aujourd'hui s'amuser le groupe : Dieu seul sait où l'on retrouvera Radiohead la prochaine fois. (Inrocks)
Annoncé comme le versant apaisé et hospitalier de Kid A, le somptueux Amnesiac réinvente le son Radiohead, épanoui dans sa quête inouïe de liberté. Un disque qui, mis bout à bout du Kid A enfanté dans le même souffle, complète le diptyque Kid Amnesiac, disque d'avant-garde populaire comme on n'en avait pas osé depuis le "double blanc" des Beatles. Serrés comme des sardines dans une boîte de conserve écrasée" : le premier titre du nouveau Radiohead décrit merveilleusement nos sensations ­ terreur claustrophobe et courbatures, estafilades à vif et maux de crâne ­ au sortir du précédent, Kid A, sale gosse dont l'apprivoisement progressif ne s'est pas fait sans contorsions ni crises de nerfs. Kid A, à l'aune des espoirs collés sur le dos de Radiohead ("plus grand groupe du monde, bla-bla-bla, disque le plus attendu de la décennie, bla-bla-bla..."), pouvait apparaître comme un accident industriel, une fausse manip et, pour les mollahs les plus butés, comme un impardonnable sabordage bouffi d'orgueil. Un enfant gâté, dans tous les sens du terme. En fait, on le savait (et, à vrai dire, ça pipait un peu les dés), Kid A possédait un jumeau escamoté à la naissance, un côté pile, un yang réputé plus affable, plus robuste, meilleur dans ses manières. La venue retardée de celui-ci devait compléter la carte génétique et, par association chimique ou thermique, par superposition des transparences et des zones d'ombre de l'un et l'autre, révéler enfin la photo de famille complète ­ à défaut de ses secrets. Ce second volet du diptyque devait surtout, tel un deus ex machina prévisible, rassurer quant à la maîtrise de Radiohead de ses propres écarts et confusions, garantir une bonne réception après un tel enchaînement de figures libres exécutées sans filet, de triples saltos et de sauts de l'ange dans le vide. Amnesiac, titre que l'on ne peut s'empêcher de franciser en La Mémoire neuve, comme dirait Kid (Dominique) A, est exactement l'album qu'on attendait de Radiohead dans la mesure où il ressemble à un OK computer décomposé et remonté avec les instruments de torture de Kid A, sans toutes les pièces et avec un mode d'emploi en volapük. Traduisez : c'est exactement l'album qu'on attendait de Radiohead, dans la mesure où il ne ressemble à rien de terrestre. On pense y retrouver d'anciennes marques, un certain nombre de paysages familiers, des odeurs et des couleurs amies et pourtant, tout a bougé, rien n'est demeuré intact. Des lambeaux entiers du son originel ont été remplacés ou réinventés (cette fois encore les guitares font ceinture), le matériau de base n'est plus le même, pas plus que les schémas d'écriture.

Sur Amnesiac, ce qui frappe d'emblée, c'est l'amplitude atteinte, l'incroyable souffle humain (et même parfois surhumain) qui, sur la plupart des titres, s'abat comme un ouragan. S'il est une différence nette entre Kid A et celui-là, c'est bien cette inversion des vapeurs entre l'intellect et l'émotionnel. Pyramid Song et son feu follet d'Ondes Martenot, sa mélodie en tapis volant, n'entraîne aucun commentaire d'ordre esthétique : il saisit simplement à la gorge comme le meilleur Billie Holiday, le plus pur Tim Buckley, le Nick Drake le plus élégiaque. Avec Sparklehorse, Radiohead est désormais le seul groupe de rock capable de prétendre en une chanson au sacré, à l'infinitude, comme autrefois Coltrane en un seul chorus. C'est surtout le seul à posséder le secret de l'abandon absolu, quand partout ailleurs il n'est plus question que d'épicerie, de comptabilité et de mesure. Le fait que ce groupe-là, cette entité de plus en plus modulable et fusionnelle, soit devenu un tel étendard, ait réussi l'hallucinant tour de force de faire un commerce à l'échelle mondiale de ses tourments et de ses recherches, sans sacrifier un gramme de sa richesse et de son indépendance, est une chose encore plus sidérante. Quelques millions de gens encore vont accéder grâce à Amnesiac à la substance de l'art, c'est-à-dire à de la beauté douloureuse, à des formes et des combinaisons chromatiques inouïes, quand jadis un tel privilège était celui des initiés, des assoiffés d'avant-garde.
Depuis les Beatles, personne n'avait réussi une telle martingale. D'ailleurs, Kid Amnesiac, une fois ressoudé, peut souffrir la comparaison avec le "double blanc", l'éclectisme avoué et la patiente destruction de tous les automatismes de chacun provoquant au final une nouvelle cohésion, un compactage inédit. Pour s'en tenir à ce deuxième volet, l'inventaire à froid des lieux donne le vertige, tant la profusion des atmosphères, des registres et des teintes enfle à chaque nouvelle écoute. Il y a en tout cas cette fois des chansons "normales" ­ tel ce Knives out promis à devenir un hit rouleau-compresseur, en dépit des subtilités de son architecture ­ et autour d'elles des tunnels instrumentaux où défile toute la gamme des sensations que Radiohead a rapportée de ses expériences extrêmes au pays des son(ge)s électroniques et des cauchemars free. You and whose army ? évoque Karma Police vu dans un miroir déformant, tandis que le monumental Like spinning plates ressemble à un château de sables mouvants. C'est d'ailleurs la chose la plus (é)mouvante entendue depuis le Sea Song de Robert Wyatt, minimum. Quant à Life in a glasshouse, qui clôt l'album avec ses allures de marche funèbre interprétée par une fanfare mingusienne, il trace une nouvelle piste vers tous les horizons possibles. Reste que Radiohead s'est sérieusement aéré et épanoui une fois passé la chaîne des montagnes hostiles de Kid A, a retrouvé tout son élan, sa féerie empoisonnée et ses désirs d'altitude. Jusqu'à en étouffer de bonheur. Mais prudence : si les sardines sont libérées, les eaux alentour n'en sont pas moins troubles. (Inrocks)


On espérait sans trop y croire avoir affaire à ce fameux disque truffé de six-cordes. Thom Yorke l’avouait récemment, il “ne supporte plus la guitare”. D’un autre côté, la lave électronique a coulé sous les ponts et “Kid A” est toujours aussi splendide. Voici donc le cinquième Radiohead, “Amnesiac”, issu des mêmes séances que son prédécesseur. “Packt Like Sardines In A Crushd Tin Box” ouvre l’album. Par-dessus une rythmique qui mélange casseroles et bips synthétiques, une basse qui prend au corps, Yorke chante qu’il est devenu quelqu’un de “raisonnable”. La suite démontrera le contraire. En fait, pour cette chanson, le chanteur se met dans la peau d’un automobiliste furibard qui s’apprête à sortir de sa voiture, fusil à pompe en main. “Pyramid Song” commence au piano, mais sur un rythme étrange, qui évoque l’Egypte justement. L’entrée de la batterie change tout et, comme avec “Exit Music (For A Film)”, on change de dimension. Mieux vaut trouver les paroles de “Pull Pulk Revolving Doors” sur Internet — elles ne figureront évidemment pas dans le livret — pour y comprendre quelque chose. Cette chanson, cryptée au vocoder et qui parle des différents types de portes, laisse penser que le cerveau de Thom Yorke renferme encore bien des idées. “You And Whose Army ?” est du même acabit que “Pyramid Song”, chanson qui explose. Arrive alors un futur single, “I Might Be Wrong” qui, incroyable affaire, repose sur un riff de guitare des plus crasseux. Thom Yorke l’a en fait trouvé en triturant un mini-clavier, il voulait imiter New Order. En revanche, il y a dans “Knives Out” une invasion de guitares imparables, proche de celles de “OK Computer”, l’enchaînement d’accords rappelle d’ailleurs le début de “Paranoid Android”. La nouvelle version de “Morning Bell” ne vaut pas la première qu’on trouvait sur “Kid A”. “Dollars & Cents”, rondement menée par la ride de Phil Selway et la ligne de basse de Colin Greenwood, mais déglinguée par la guitare en caoutchouc d’Ed O’Brien rampe magnifiquement. Il ne se passe pas grand-chose sur “Hunting Bears”, seul un bluesman de la nouvelle ère y fait ses gammes. Il y a également “Like Spinning Plates” dont le titre illustre une fois encore le contenu. Les claviers virevoltent et partent en vrille, comme les assiettes au cirque. Le chant semble être à l’envers. Pas si sûr, il doit seulement être un peu trafiqué. “Amnesiac” se termine sur “Life In A Glasshouse”, mélange de piano, cuivres, hautbois et batterie de fanfare. Le disque est excellent, mais certainement plus disparate que “OK Computer” ou “Kid A”, sauf que maintenant, Radiohead n’est plus attendu au tournant. Il fallait faire “Kid A” pour pouvoir ensuite faire tout comme ils l’entendaient : des inédits plein les singles, des vidéos trop honnêtes pour être diffusées. Et si, pas amnésique pour un sou, Thom Yorke avait un plan ? L’avenir s’annonce palpitant. (Rock n folk)
Avant de parler de ce disque, je tiens à apporter quelques précisions: je n’ai jamais été un fan inconditionnel de Radiohead et certains de leurs “atermoiements artistiques” (pour reprendre les termes d’un ami qui fut l’un des meilleurs rock-critiques de son époque) me laissent circonspect, tout comme les dithyrambes qui accueillent désormais chacun de leurs albums. Dans le même temps, je reconnais volontiers que les ballades de “The Bends” sont d’une intensité et d’une beauté exceptionnelles, que “OK Computer” est un album important et “Kid A”, une suite plutôt gonflée. Je garde aussi un souvenir vivace de leurs concerts, même si tout cela date un peu (la dernière fois que je les ai vus, ils jouaient encore dans une salle à taille humaine, et ce n’était pas chez Vivendi Télévision).En fait, c’est surtout la métamorphose du groupe - ou des cloportes, comme disait l’autre - en l’espace de quelques années qui m’étonne et me laisse admiratif. Je me rappelle Thom Yorke et Jonny Greenwood en forum Fnac, à l’époque de “Pablo Honey”. Ils grattouillaient leurs chansons sur deux pauvres guitares acoustiques (dont une corde cassa, d’ailleurs) pour une poignée d’étudiants, et avaient l’air tellement pouilleux qu’on aurait presque eu envie de leur payer un kebab et une nuit au Formule 1. Radiohead semblait alors condamné aux premières parties de groupes de “rock indé” un peu plus connus qu’eux.Aujourd’hui, le “rock indé” n’existe (presque) plus, et Radiohead - le meilleur des groupes tirant leur nom d’un titre des Talking Heads - a sans conteste été à la pointe de ce tranquille bouleversement de la scène musicale. Jonny Greenwood est aujourd’hui un amateur de jazz reconnu et un grand prêtre des ondes Martenot; Thom Yorke, tel le Sphinx, ne s’exprime plus que par énigmes dans ses textes. Chez les cinq d’Oxford, la soif de nouvelles découvertes, bien au delà du cadre strict du rock (cf. le récent numéro des “Inrocks” qu’ils ont “supervisé”), semble impossible à étancher. On espère d’ailleurs que leur prosélytisme passionné pour des groupes aussi talentueux qu’eux mais nettement moins médiatisés - des Américains de Sparklehorse aux Allemands de Notwist - permettra à ceux-ci de se faire mieux connaître. Etonnant parcours, donc. Radiohead a établi son statut de supergroupe en prenant des chemins de plus en plus escarpés, à l’inverse de Cure, qui est devenu vraiment populaire en enregistrant quelques singles sautillants juste après l’abyssal “Pornography”. D’une manière générale, les “géants” attendent d’être au zénith de leur “force de vente” et de leur popularité pour négocier des tournants risqués et ambitieux: Depeche Mode avec “Violator”, U2 avec le projet Passengers, voire R.E.M. avec “Automatic for the people” et, plus tard, “Up”. Dans un registre différent, on pourrait aussi citer Bowie et sa période berlinoise, ou même Madonna, Kylie Minogue, George Michael... Ca leur prend une dizaine d’années; Radiohead a grillé les étapes.Et ce nouveau disque, alors ? Pas si nouveau que ça, d’ailleurs, puisque les morceaux proviennent des mêmes sessions que “Kid A”. Pour aller vite, les deux tiers des chansons (“The Pyramid Song”, “You and whose army”, “Knives out”...) sont dignes de l’album précédent, tout en étant plus évidentes, directes - leur dynamique rappelle parfois des morceaux de “The Bends”. En revanche, les plages les plus expérimentales marquent les limites d’un groupe qui s’éparpille peut-être un peu trop. “Pulk Pull Revolving Doors” ne va nulle part pendant quatre bonnes minutes et ressemble à une mauvaise parodie de Krautrock ; “Hunting bears” (mais quels ours ?) sonne comme un décalque inutile de la B.O. de “Dead Man” par Neil Young; “Like Spinning Plates” (mais quelles assiettes ?) est meilleur mais ses bidouillages restent un peu vains. Du grand songwriting et une légère complaisance : le bilan est donc “globalement positif”. “Amnesiac” confirme la créativité du groupe, mais sans ouvrir beaucoup de nouvelles pistes. Difficile donc de deviner à quoi ressemblera la suite: fuite en avant ou retour en arrière (lors de son récent concert à Canal, Radiohead a ressorti les guitares pour une reprise de “Cinammon girl” de Neil Young - décidément ... -, qui devait être coupée au montage) ? En tout cas, “No surprises” semble être l’inverse de leur ligne de conduite ... ce qu’on ne peut qu’approuver.(Popnews)
Après 'Kid A', voici 'Amnesiac' de Radiohead, groupe que l'on ne présente plus. Thom Yorke (leader du groupe et chanteur à l'occasion ! ;) ) et les siens ont voulu éviter le double album en sortant à moins d'un an d'intervalle deux albums issus de la même veine. Le contexte de sortie de cet album est intéressant à restituer. Certains morceaux furent ainsi joués en live durant la tournée 2000, on a pu entendre par exemple 'Pyramid Song'(anciennement 'Egyptian Song'), 'You and Whose Army', 'Dollars and Cents, 'Knives Out', ou encore 'I Might Be Wrong'. Après le choc 'Kid A', certaines critiques sévères sont parues à la volée pour faire du papier, souvent après avoir écouté qu'une seule fois cet album ce qui explique certains jugements très manichéens. Avec bien souvent le souvenir d''OK computer' qui hante l'esprit de journalistes rock en manques de riffs. L'anti promo voulue par le groupe a renforcé l'image anti-commercial de cet album, apparu pourtant en tête des ventes aux Etats-unis comme un OVNI ! 'Kid A' ne fut donc pas le désastre commercial prédit et a même préparé le futur du groupe comme nul ne pouvait alors l'imaginer. On pourrait résumer cela ainsi :'Kid A' ou comment sortir de l'impasse 'Ok computer', et renaitre à nouveau, 'Amnesiac' ou comment repartir de plus belle en oubliant le passé. Alors nous voici plongés dans le monde d''Amnesiac', avec le premier titre en forme de clin d'oeil, en guise de réponse peut-être à ces mêmes journalistes chroniquant 'Kid A' qui, décus et intrigués, semble leur demander "Mais pourquoi un tel changement ? Vous êtes devenus fous !!?". Thom Yorke leur répète alors avec insistance sur le refrain : "I'm a reasonable man, get off my case" (trad : je suis raisonnable, foutez moi la paix !). Ce titre a été joué recemment en live (concert privé de canal + diffusé le 5 juin 2001) dans une version un peu plus rock, ils ont voulus rassurés peut-être tout le monde en rebranchant les guitares ! Amnésiaques peut-être mais fous surement pas ! Après cette entrée en douceur dans ce nouvel opus, on écoute ensuite 'Pyramid Song', premier single à venir, (sorti le 21 mai) et c'est l'immersion totale dans un rêve où l'on croit entendre le chant des sirènes, les accords du piano sont relégués au rang d'ambiance musicale, et l'émotion Radiohead est bien là, toujours présente. Avec, à la fin, un envol lyrique superbe !Le morceau suivant est à replacer dans un contexte de préambule qui resitue une atmosphère à ce disque, car c'est bien d'atmosphère dont il est question sur chaque album, et le stress installé, 'You and Whose Army' peut alors commencer et prendre toute son ampleur onirique avec une montée en puissance dans la voix de Thom. 'I Might Be Wrong' arrive ensuite comme un éléctro-choc avec un riff de guitare très accrocheur (merci Jonny Greenwood, le guitariste mulit-facettes) il emporte tout sur son passage.La voix modifiée de Thom au début et une acalmie instrumentale à la fin... tout y est ! Un autre grand morceau de Radiohead.'Knives Out' et 'Dollars and Cents' déjà entendues en live, gardent la même intensité et je serais alors tenté de dire moins surprenantes. Ces deux morceaux restent de très bonne facture, et éstampillés Radiohead. 'Morning Bell' sur 'Amnesiac' non vous ne rêvez pas, elle était déjà sous une autre forme sur 'Kid A', mais à l'écoute, on a du mal à la reconnaitre ; un coté étrange et inquiétant s'échappe de cette version, qui fut beaucoup plus dense sur 'Kid A' (perso je préferais cette première version). Premier petit bémol donc sur cet album (je tiens à rester objectif !). Le deuxième bémol est attribué à 'Hunting Bears' ! Enfin, ce titre uniquement instrumental (guitare électrique) est très court, et le temps d'appuyer sur la touche Skip de votre chaine, on est déjà sur 'Like Spinning Plates' ! C'est en fait le deuxième morceau que je qualifierais de mise en ambiance (peut-être à tort). Morceau brut, électronique, fresque ambiante où la voix de Thom semble s'envoler. L'atterrisage ne se fera en tout cas surement pas sur 'Life in a Glass House', sur lequel le vétéran du jazz Humphrey Lyttleton accompagne Thom avec son orchestre de cuivres, donnant un style

drastiquement différent que celui entendu précédemment sur une vidéo de Radiohead. L'influence de la Nouvelle-Orléans redonne vie à ce morceau et une vigueur incroyable à la voix (et oui encore une fois) de Thom. Radiohead semble ainsi vouloir expérimenter tous les styles musicaux et on s'en plaindra pas !
'Amnesiac' = 'Kid b' ? Bah non, le groupe n'a pas l'habitude de se répéter et les fans en sont ravis.
En ce qui concerne le futur, le groupe parle déjà dans certaines interviews de leur sixième album, pas étonnant quand on sait le nombre encore important de morceaux inédits (qui trainent toujours sur le net). Par contre ne comptez pas sur moi pour vous dire ce que va être cette sixième oeuvre. Certains membres du groupe, voulant sans doutes rassurer certains journalistes, annoncaient 'Amnesiac' comme un album beaucoup plus pop, plus grand public (pour ne pas dire plus commercial). Bien ces journalistes vont être décus ! et tant mieux ! (indiepoprock)

bisca
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le 21 févr. 2022

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