Après les deux parenthèses néo-classiques que constituent El Greco et Mythodea, Vangelis retourne à l'électronique tonitruante tendance pompière qui fait sa renommée depuis le début des années 90 et le triomphe de la B.O. de 1492.


De bande originale il est d'ailleurs de nouveau question, Alexander étant la musique du film éponyme signée Oliver Stone sur le grand conquérant de l'Antiquité.
Comme souvent avec Vangelis, je n'ai pas vu le film, mais la B.O. étant avant tout conçue et pensée comme un album à part entière, ce n'est pas un problème. Alternant mélodies triomphales, passages nerveux hérissés de percussions sauvages, parenthèses rêveuses, échappées ethniques et glorieuses envolées lyriques, les 56 minutes du disque enchaînent les 18 titres en souplesse et convoquent leurs propres images mentales.


Pour illustrer la vie trépidante d'Alexandre, Vangelis recourt à sa panoplie complète de saltimbanque tonitruant. Les thèmes principaux sont chantés par des cuivres massifs, des rangées impressionnantes de chœurs servent de matelas à des déploiements orchestraux monumentaux, les cordes s'envolent vers les cieux tandis que timbales et cymbales claquent à tout-va.
Les Anglais disposent d'un adjectif que j'aime beaucoup et dont ils usent volontiers pour évoquer la musique de Vangelis : c'est "bombastic". On peut le traduire par majestueux, quelque chose dans ce goût-là, mais on y perd la sonorité particulièrement emphatique du mot, qui semble bomber le torse à lui tout seul.
Alexander est sans aucun doute l'un des sommets "bombastic" de Vangelis, bien plus que 1492 qui, pourtant, ne faisait déjà pas dans la dentelle.


D'un autre côté, qui d'autre que lui sait faire cela avec un tel mélange d'euphorie, de finesse et de sincérité ? C'est devenu son style depuis les années 90, et cette voix est inimitable, voire inégalable dans ce registre - même par Hans Zimmer, pas le gars réputé pour se retenir quand il faut pouëter plus haut que son fondement.


À côté de cela, le disque offre des respirations bienvenues, des moments de retrait ou de retenue sans doute moins impressionnants que les titres principaux de l'album, mais tout aussi intéressants. Et utiles à l'économie de la composition.
Si je cède sans résistance à l'enchaînement fatal des trois morceaux qui ouvrent le bal ("Introduction", "Young Alexander" et "Titans", qui fait office de thème principal), ou encore au lyrisme classique mais émouvant de "Eternal Alexander" ou "Across The Mountains", je suis tout aussi sensible à l'exotisme de "Roxane's Dance", où la flûte enjôle une ligne rapide de percussions hypnotiques ; ou encore au vertige lancinant de "Eastern Path", qui semble dessiner le long chemin vers les confins du monde au milieu des mirages de chaleur soulevés de la poussière.


Monumentale, volontiers martiale, mais aussi délicate et aventureuse par ses pas de côté ethniques, Alexander s'avère une partition sans surprise du Vangelis des années 2000. Sans surprise, certes, mais qui remplit le contrat attendu avec puissance et enthousiasme.

ElliottSyndrome
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le 5 juin 2021

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