Le Dieu de l'Adolescence Contrariée s'exprima en ces termes dans l'Évangile selon St Cobain :



"Chaque an de grâce devra voir paraître au moins 1 très bon album d'emo. Si ma faim n'est pas satisfaite au 31 décembre de chaque année, j'engloutirai la surface de la Terre sous un déluge de larmes et de maquillage noir".



Comme toutes les années qui précédèrent, 2016 parvint à rassasier le Dieu capricieux, grâces aux offrandes de Pinegrove, Told Slant, The Hotelier ou encore Yes Yes 1000 Times Yes. Mais 2017 n'est pas encore assurée de comporter un tribut de qualité. Oh Pinegrove a bien tenté avec son album live, mais dans le Nouveau Tristament il est bien spécifié, je cite, que "Les live c'est d'la triche >:'("). Remo Drive nous a proposé du Weezer en plus geignard (c'est dire), et The Smith Street Band du folk punk qui veut bien se taillader les veines sur commande, mais ça commence à frémir dans les rangs des fidèles car l'on se doute que ça ne sera pas suffisant. Fort heureusement, les petits gars de Sorority Noise viennent de soumettre une offrande aux allures alléchantes : un album écorché vif sur le thème de la mort des amis. Miam !


Difficile d'apporter du neuf dans un genre si codifié, si enclin à l'autocaricature. On ne peut d'ailleurs pas dire que les 4 gus de Sorority Noise, avec leur formule guitares/basse/batterie, leurs émois bien familiers et leurs paroles directes, amènent quoi que ce soit sur la table qu'on ait pas déjà entendu ailleurs. Mais ce qu'ils font, il le font sans ambages et ils le font très bien. Là où le groupe est le plus à l'aise, c'est sur les alternances couplets calmes et refrains je-t'étale-ma-grosse-émotion-en-faciale, qui donnent naissance à d'excellentes pépites emo disséminées dans la tracklist. Comme "A Portrait Of", "No Halo", ou encore "A Better Sun", le "tube" de l'album qui laisse briller la voix à la fois rauque et juvénile du chanteur.


Sur ce disque, on parle donc des amis du chanteur qui visiblement ces deux dernières années sont tombés comme des mouches, souvent frappés de suicide carabiné. Et loin de se contenter de se lamenter, comme l'emo lambda l'aurait fait, lui préfère raconter comme il continue à vivre, à se convaincre que "everything's going to be alright" et à porter en lui la mémoire des disparus. Bon, on ne peut pas dire que ce soit exprimé au travers de paroles pleines de subtilités, ça reste très dans-ta-face mais après tout si on écoute de l'emo c'est aussi pour ce genre de trucs ! Si on conclut en précisant que la production est assez remarquable, on peut affirmer qu'on tient là un bon candidat pour rassasier notre Dieu. Mais ça n'empêche pas de continuer à chercher...

TWazoo
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le 5 mai 2017

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T. Wazoo

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