"La lune est le soleil des statues." Jean Cocteau.

Le Dungeon Synth, c'est quelque chose qui occupe une place de choix dans mon coeur, aux côtés d'Elric, de Dark Souls, et bien d'autres encore. Et parmi la foultitude de skeuds du genre que j'ai écouté, seuls quelques-uns ont su se faire une petite place parmi mes albums favoris, celui-ci en fait partie.


Matthew Davis, l'artiste derrière le projet Secret Stairways, avait composé un chef-d'oeuvre du Dungeon Synth avec Enchantment of the Ring. Le genre de chef-d'oeuvre lancinant qui va au plus profond de votre âme pour y libérer ce côté noble des ténèbres et de l'imagination.


Et comme si ça ne suffisait pas, il récidive deux ans plus tard avec ce skeud, mais ne se contente pas de nous resservir la même soupe, ça ne lui suffit pas. Il pousse encore plus loin, plus profondément, son exploration des contrées du rêve et de la fantasmagorie. En complexifiant d'abord la composition de ses morceaux, ainsi que leur instrumentation : on n'y retrouvera jamais une seule nappe au synthé, mais toujours deux ou trois qui se superposeront pour donner une vraie texture et profondeur, dont le mixage et la qualité sonore, très bons pour un album de Dungeon Synth de l'époque, permettent à l'afficionado des donjons de ténèbres d'apprécier toutes les subtilités de ces échos d'un autre monde.


Bien que l'on y retrouve les classiques nappes au synthé, Davis modèle chacun de ses morceaux de manière à leur donner une identité particulière, en leur offrant déjà une mélodie distincte, mais aussi une certaine diversité dans l'instrumentation, qui intègre des éléments de la musique classique : on rencontrera par exemple des samples vocaux dans Voices ou The Return of Lucinda, ou encore de la harpe dans Gwenhwyfar.


À mon humble avis, il y a même une évolution dans le ton : Enchantment of The Ring était surtout lancinant, désespéré, donnant cette impression que votre quête pour sauver ceux que vous aimez n'aura servi à rien. Turning Point, malgré sa mélancolie, laisse entrevoir l'espoir, ce moment où l'âme en peine retrouve enfin ses compagnons en Avalon, après un périple d'un millier d'années, et où la tristesse se dissout dans ce qu'il y a après la mort. J'ai d'autant plus cette impression quand je me remémore que Matthew Davis s'est suicidé en 2011.


Je pourrais passer des éons à parler et discourir pour montrer que cet album est une tuerie absolue qui transcende son art, un chef-d'oeuvre intemporel qui ne prendra jamais de rides, une perle noire de la musique. Mais je vais préférer laisser s'exprimer certains commentaires au sujet de l'album sur la chaîne The Dungeon Synth Archives :


"So sad to pass on at such a young age... But then as I sit here listening to Into the Astral Wind, I would also feel very fortunate if I could leave something even half this beautiful behind, as a gift to the world after I'm gone."


"It hurts listening to something so perfect."


"Always brings tears to my eyes."


"I've never met you, you're just a guy who in the 90s created this simple and wonderful music that now continues to touch the hearts of those, like me, in the meanders of youtube, looking for these feelings that only this kind of music can give . I'm sorry you ended this way."

BaleineDesSables
10

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le 4 janv. 2020

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