Enfin, j'ai trouvé un album aussi puissant et fascinant que Spiral Insana. . . ENFIN ! Il est vrai que chaque album de Nurse With Wound possède une identité qui leur est propre, cependant, je considérais que l'identité la plus profonde, la plus universelle, était celle de Spiral Insana. Eh bien je dois dire que je me suis trompé, il y en avait un autre, et cet autre, c'est The Surveillance Lounge.


Alors bien sûr que Spiral Insana reste pour moi le meilleur album de Nurse WIth Wound et de très loin le meilleur album de tous les temps (si vous voulez en savoir plus sur mon avis concernant cet album, je vous conseille de lire la critique que j'en ai fais), mais je considère que The Surveillance Lounge a atteint le même degré de perfection, le même degré d'émotion et d'expérimentation que Spiral Insana.


Et le plus fascinant, c'est qu'il réussi à atteindre ce stade d'une façon diamétralement opposé à c'elle de Spiral Insana. En effet, l'un va travailler une ambiance très surchargée, en constant dépassement dans l'expérimentation musicale, tandis que l'autre va travailler une esthétique beaucoup plus primaire, contemplative et austère. Pour conclure cette comparaison, je peux dire que ces deux albums, bien qu'ils possèdent une vision musicale diamétralement opposé, ils repoussent chacun de leur côté les frontières de ce qu'est la "musique".


Voilà, ça s'était pour la comparaison, maintenant on peut parler plus en détails de cet album.

The Surveillance Lounge, comme beaucoup d'autres albums du groupe, n'a pas forcément de contexte ni de narration ; dans cette album, tout est question de subjectivité. Evidemment, je ne suis pas en train de dire qu'il n'y a rien de factuel, rien de concret dans cet album, je suis en train de dire que tous ce qui est accessoire à un album (contexte, paroles. . .) sont de l'ordre du subjectif, de l'interprétation. La seule chose qui est concrète et factuelle au sein de l'album, c'est sa composition, son esthétique et les émotions qu'elles suscitent.


L'esthétique de cet album prône, globalement, la neutralité, la sobriété ainsi que l'abstraction musicale, afin de véhiculer un sentiment de malaise et de contemplation. Sa particularité est de repousser cette aspect contemplatif jusqu'à atteindre une dimension presque primaire de ce sentiment. Il parvient à basculer sans cesse entre les frontières du vide et du frontal, à travers, une composition simple mais profondément lugubre et juste ; on navigue au sein d'un paysage infini, enfermé dans un abîme sans fond.


Evidemment, cette esthétique est livrée sous le style de Nurse With Wound, un style rempli de subtilités, d'ingéniosités, qui toujours sont mis au service de cette abstraction malsaine et dérangeante. Les diverses percussions erratiques assemblées les unes aux autres, les semples de voix étranges, incompréhensibles et cryptiques, la présence de statiques qui viennent parasiter les différents mouvements de l'album, et enfin, les longs passages de silence et de contemplation purs sont les différentes esthétiques principales que l'on va retrouver au sein de cet album et plus généralement dans la discographie de Nurse With Wound. Ce style, propre et indissociable au groupe, est modifié, amélioré et adapté en fonctions des exigences auquel doit répondre l'album.


Bien que l'album soit divisé en 4 grands morceaux, il garde néanmoins la même ambiance du début à la fin. Cependant, la façon dont est véhiculé cette ambiance varie selon les différents mouvements qui composent un morceau. Certaines compositions vont plus mettre l'accent sur l'aspect brutal et perçant de l'album, comme au début de The Part of Me Which Is That Part in You Is Now Dead qui construit durant plusieurs minutes un crescendo particulièrement éprouvant à écouter et particulièrement saisissant ; le spectateur est totalement déstabilisé face à cette progression, cette intensité croissante de plusieurs semples distordus et saturés. Il se voit également dans Yon Assassin Is My Equal où l'auditeur peut assister à une surenchère de bruits parasitaires, ainsi que de statiques, qui viennent corrompre la mélodie globale qui se jouait. Il y a une véritable altération expérimentale qui se crée au sein de cet album.


Pour ce qui est de Close To You, premier morceau de l'album, l'esthétique et la composition musicale sont mis au service du malaise, de l'énigmatique et du bizarre. Cela se voit au tout début du morceau avec la présence d'un piano, balançant des notes au hasard, sans contexte ni mélodies et mêlés à un paysage sonore très étrange et lugubre (on peut potentiellement y voir une autre référence à Spiral Insana où, dans celui-ci, le piano est également incorporé au sein d'une ambiance particulièrement oppressante). Pour ce qui est du morceau The Golden Age of Telekinesis, le groupe revient à leurs fondamentaux, c'est-à-dire un style tribal brutal et austère qui constitue la majeure partie du deuxième mouvement du morceau.


Enfin, l'album construit au fur et à mesure des morceaux son aspect le plus important qu'est celui de la primarité et de la contemplation musicale. Et pour atteindre ce but, chaque morceaux va user de son identité qu'il lui est propre afin de faire ressentir cet aspect à l'auditeur. C'est comme ça que l'on va se retrouver avec des longs paysages vides, presque entièrement abandonnés par la musique, d'autres complètements lugubres et désolés, accentuant l'aspect tragique de l'album, ou enfin d'autres laissant apparaître des bouts de voix, de discussions incompréhensibles et incertaines.


Contrairement à Spiral Insana, je n'ai pas réussi à interpréter la moindre thématique, le moindre contexte, ni même la moindre narration au sein de cet album. Et c'est peut-être le point le plus dérangeant de celui-ci, le fait qu'il ne s'agit, finalement, que d'un instantané du néant.

Ayllich

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