chronique en 2006


Projet « oulipien » d’une musique sous contrainte, John Venture marque la rencontre de 2 entités Stéphanoises bourrées de talent et d’idées, Broadway et Angil Le concept était un peu fou et carrément casse-gueule : regrouper les 2 groupes pour 18 jours de création. Ils composeraient ensemble les titres le matin, les joueraient l’après-midi pour les enregistrer le soir…Avec l’idée de ne jamais ensuite revenir dessus. Angil a apporter avec lui des idées de textes (tournant beaucoup avec l’idée de prohibition), retravaillés, gribouillés par Fab de Broadway mais rendus fermes et définitifs après cette relecture. De même, chaque platiniste est venu avec une collection de vinyls pour « ambiancer » et à servir comme arrangements, sans espoir de repartir chez lui. Sans compter que tous sont venu avec leur propre sensibilité, son univers, electronica pour les uns, jazz pour les autres, folk pour Angil. Et La preuve qu’un concept et un processus fonctionnent, c’est tout simplement que l’on oublie tout ça en écoutant le résultat.


Avec John Venture, c’est bel et bien le cas. L’album est un tour de force dans sa conception mais une évidence dans son écoute. La musique souvent répétitive dans son premier plan, fait ressortir une profondeur de champs où chaque plan en apparence hétéroclites, enrichit le grand tout. John Venture entretient le rêve d’une musique globale qui mêlerait une multitude de genres (on ajoutera Abstract hip hop à la liste déjà donnée). Une musique qui peut être claustro (Stein waltz) ou ambiant (What extra miles et son côté Philip Glass). Un simple folk parasités par l’électronique (old Europe sur un type d’interférences proche de Thomas Mery) ou des constructions riches et complexes qui remuent les tripes (Approximate turnover compagny). Avec John Venture, les cloisons sont poreuses, tout comme les conceptions d’art populaire et d’art contemporain. Généralement ce genre de défi se passe ailleurs chez Anticon, entre Why ? and Fog, entre Themselves et Notwist (13&GOD). Aujourd’hui cela se passe chez nous, à St Etienne. On peut être vraiment fier. On le serait encore plus si tout le monde faisait un triomphe à ce petit bijou.

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le 2 sept. 2015

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denizor

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