The Bottom Line
7.9
The Bottom Line

Album de O.V. Wright (1978)

Depuis que je suis tout petit, j'ai des rêves plein la tête.
Y'a ceux que tout le monde connaît, ceux que t'as sûrement aussi eus, les fantasmes de gloire sportifs, les songes de jeux olympiques nés des premiers frissons à voir des types suer à l'autre bout du monde, vissé dans le canapé. Y'a les aspirations professionnelles : pompier, policier, astronaute, médecin, avocat, testeur de jeux vidéos quand tu découvres pour la première fois la GameCube, tous les mirages qu'on a dans la tête à vouloir marcher dans les pas du moindre gars un peu charismatique.


Et puis au milieu de tous ces rêves bas de gamme, standardisés, j'en ai un bien particulier. Un qui se démarque du lot.
Je m'en suis rendu compte tout gamin, quand déjà je divergeais de la masse pour me nourrir au sein des plus grands. Quand je préférais Alicia Keys à Shakira, quand j'osais regarder les "Oh Oh, oh ohoo" en boucle de Magic System en dépit du bon goût. Je le sentais bien, qu'il y avait un truc en plus dans cette peau foncée, gavée de soleil.
Je me nourrissais de chocolat noir, j'étalais du Nutella sur ma peau blafarde, j'essayais de passer des journées entières sous le soleil pâlichon du centre de la France, n'y gagnant que de douloureux coups de soleil que je supportais amèrement allongé dans ma chambre face à un poster de France 98 où j'avais entouré Thuram et Desailly.


Et moi, j'aspirais à tout ça, au mythe de ces génies ébènes ! Je rêvais de pouvoir porter des costumes ridicules qui ne pouvaient aller qu'à un type comme moi, des lunettes teintées, de suinter la classe à chaque instant.
Et ça s'est pas arrangé en grandissant ! J'ai découvert les patrons ! Otis Redding, c'est moi. Bientôt en tout cas. Et puis y'a OV Wright.
OV Wright et sa musique qui respire l'élégance, la soul. Une musique de patron, le genre qui s'écoute dans un fauteuil en cuir, cigare dans une main, verre de bourbon dans l'autre, un hymne à la classe et à la sensualité qui renvoie à toute ton enfance, c'est la musique des grands ! Le genre qu'on écoute quand on a les cheveux qui s'éclairent et les rides qui se creusent. Le genre que t'entendais de loin, quand t'étais tout petit. Qui fait couler quelques larmes de nostalgie.


Des années que j'en rêve, de cette élégance, de ce charisme, de cette facilité. Des années que je songe à cette fumée imbibée de cognac qui se dégage de sa voix.
Un jour, moi aussi je serai comme ça ! Classe en toutes circonstances, élégant, bourré d'un charisme indescriptible. Tu me verras régner sur les pistes de danse de tout le pays, tu entendras ma voix de velours, tu admireras mon style, la perfection de chacun de mes gestes.


Putain c'est décidé ! Quand je serai grand, je serai noir !

Black_Key
9
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le 29 oct. 2016

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