Les cocardiers les plus farouches ne manqueront pas de faire remarquer que le jeune Jeremy Warmsley a du sang français. Mais le Londonien a bel et bien cette fibre britannique d’exubérance et de vivacité. Une fantaisie qui avait un peu délaissé ces derniers temps la Perfide Albion pour le cousin Canadien mais qui reprend tout son lustre avec Jeremy Warmsley. Le jeune prodige, âgé seulement de 24 ans, reprend à son compte quelques figures imposées d’une écriture classique pour mieux jouer avec. L’album s’appelle The Art of Fiction et ce n’est pas un hasard. Warmsley a des envies démiurgiques ; celles de récréer son univers en teinte multicolore, dans un esprit bigger than life. Mais, magie d’un album enchanteur et gai, le miracle se produit sans que l’ego de créateur ne paraisse surdimensionné. Ce qui n’arrive pas si souvent. L’Anglais joue avec la modernité, au delà des simples instruments à vent, à cordes qui ont fait le bonheur d’un Divine Comedy.
Il y a du Beatles dans 5 verses mais affublé de grosses programmations, la mélodie prend un entrain juvénile. Dirty blue jeans rappellera Final Fantasy dans une même musique de chambre débridée. The young man sees the city as chessboard peut nous montrer que Warmsley a été élevé à l’école Beta Band comme une nouvelle preuve qu’il utilise de machines avec un naturel mélodique. Et quand celles-ci prennent l’essentiel du spectre musical, l’humanité du chanteur n’en émerge que plus (les impressionnistes If I had only et Hush, presque Hood-ien). Sur I knew That her face was a lie, l’artiste se met seul au piano mais sans oublier son pouvoir de séduction, celui qui fait les grands comédiens, les grands magiciens et les grands interprètes. Pour paraphraser une célèbre réplique de film, « quand la Fiction est plus belle que la réalité, choisissez la fiction ».