Schmilco
6
Schmilco

Album de Wilco (2016)

Juste avant d'écrire cette critique, je me disais justement que je devrais mettre à jour mon profil pour préciser que je ne veux plus écrire de critique, que je trouve l'exercice un peu redondant. Ca fait des mois, peut-être même un an que je préfère juste annoter rapidement chacune de mes notes avec quelques mots sur mon ressenti sur le moment, je trouve ça plus simple, spontané, y'a pas de mise en forme, et ça ouvre généralement plus les discussions.
Puis là, le nouvel album de Wilco m'a étrangement donné envie de m'y remettre. Pourtant, je lui donne la note la plus anodine qui soit, le 7, celle où on a généralement pas grand chose à dire - c'était bien, voilà, c'est tout.
Mais vu qu'il semble que ce Schmilco se fait un peu descendre sur RYM et ici, je me suis dit que ce serait pas mal d'apporter un contre-avis et soutenir le groupe préféré des bobos blancs américains.
Je précise que j'attendais plus grand chose de Wilco, depuis pas mal d'années. Je crois que The Whole Love a mis un sacré coup à mon amour pour le groupe, non que l'album soit particulièrement mauvais, juste qu'on y trouve un groupe qui ressasse les mêmes idées - ce que Wilco (the album) faisait déjà, en quelque sorte.
Star Wars, l'impromptu, honnêtement je m'en souviens plus. Je me souviens seulement que ça expérimentait, vaguement, mais que ça n'avait déjà plus la fougue d'antan, les mélodies étaient faiblardes. Aussitôt écouté, aussitôt oublié.
Tout ça pour dire que moins on attend un album et - évidemment - plus il a de la chance de nous surprendre. Schmilco n'a rien d'un grand album, c'est même carrément un album de vieux, mais pour une fois, Wilco semble l'accepter, pleinement. Schmilco ne montre aucune grande ambition, et en cela, il est surprenant. Et même bon.
Jeff Tweedy est fatigué, ils sont tous, en fait, lassés et ne jouent qu'à la moitié de leur capacité, mais c'est ce même sentiment qu'ils parviennent à exploiter avec brio et qui fait en partie la qualité de l'album. Quand j'écris ça, je pense surtout à "Just say goodbye" dont la mélodie entêtante de la basse semble naturelle, évidente - une recette simple, quasi minimaliste dans la forme, pour exprimer une douce mélancolie. Même quand ils pourraient s'étendre et, justement, expérimenter, ils préfèrent s'arrêter en cours de route ("Locator"). Ce qui ne dispense pas l'album de grouiller de petits détails sonores savoureux si l'on tend bien l'oreille.
Sans prétention, sans artifice, c'est comme s'ils acceptaient le fait de vieillir, et c'est finalement ça la surprise de l'album. Il n'a rien de solennel pour autant, c'est justement l'inverse, il est léger et drôle, sans jamais tomber dans la facilité, le refrain pop ; en fait, aucun morceau n'est un tube potentiel.
A la place : un sentiment d'apaisement contagieux, des musiciens avec une carrière internationale de plus de 20 ans qui se complaisent dans la simplicité de morceaux folk de 3 minutes, et... ça fait étrangement du bien. C'est comme si les gars de Wilco s'étaient eux-même retrouvés. Il y a du cœur comme il n'y en a pas eu depuis longtemps dans ces ballades. Tout n'est pas parfait ("Nope", "Quarters" et "Happiness" sont dispensables) mais cette confiance et ce sentiment de sérénité qui traversent l'album rendent Scmilco attachant. Dans ce que ça m'évoque, Jim O'Rourke n'est pas loin, une sorte de tristesse réconfortante, de nostalgie cool, avec un peu de second degré.
Je comprends que ça semble mou et un peu chiant, 35 minutes de ballades, mais je trouve que cette envie de ne pas en faire trop est précisément ce qui fait sa force. Wilco retrouve une part de naïveté et de sincérité. Comme repartir à zéro.
Et pour finir avec une phrase-type de critique d'album - avant de retourner à mes annotations de 3 lignes qui me plaisent bien plus - c'est l'album qu'il faut pour une fin d'été.

Feedbacker
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Wilco (the list) et Les meilleurs albums de 2016

Créée

le 10 sept. 2016

Critique lue 552 fois

13 j'aime

6 commentaires

Feedbacker

Écrit par

Critique lue 552 fois

13
6

D'autres avis sur Schmilco

Schmilco
Ashbey
7

Un air d'album fait maison

Sans doute un des albums les plus pantouflards du groupe. On a l'impression qu'il a été enregistré par Tweedy seul, dans le prolongement de sa carrière solo entamée en 2014 avec Surikae, un double cd...

le 10 déc. 2022

Du même critique

The Seer
Feedbacker
10

Chemin de croix

Il serait facile de commencer par décrire la musique des Swans comme un condensé de noirceur pure, car c'est bien ce qui frappe d'emblée à l'écoute de chacun de leurs albums : une pulsion malsaine et...

le 10 sept. 2012

54 j'aime

11

Sugar Man
Feedbacker
5

Working Class Hero

Ou "Bob Dylan du pauvre" en titre. Sugar Man retrace le parcours d'un musicos, Rodriguez, qui a sorti dans le plus grand anonymat deux disques aux USA au début des 70's. Mais les disques parviennent...

le 4 mars 2013

42 j'aime

23

Les Mondes de Ralph
Feedbacker
4

Critique de Les Mondes de Ralph par Feedbacker

Les Mondes de Ralph, ça commençait bien. Son univers nous est joliment présenté : les connexions entre les différents jeux de la salle d'arcade, la façon dont les personnages perçoivent le monde...

le 20 déc. 2012

26 j'aime

2