Lorsque cet album paraît, en 2001, Doc Gynéco est déjà passé de mode. Ses "liaisons dangereuses" ont fait pchit et ses apparitions régulières dans les emissions de variet' l'ont rendu parfois touchant, souvent insupportable. Pourtant le gigolo de porte de la chapelle est capable du meilleur, comme sur ce "Quality Street", une vraie réussite qui envoie la plupart des ses collègues à la cave et fait la lumière sur ce que sont vraiment ses potes Passi et Stomy Bugsy : des peintres.
Le Doc clamait sur un morceau de son premier album qu'il voulait être classé dans la variet'. Mission accomplie visiblement puisque le premier titre "noirs & blancs" n'est pas co-signé par Laurent Blanc mais bien par Laurent Voulzy, et ça s'entend. N'importe qui aurait fait de cette mélodie et de ces paroles une ode à la guimauve, mais miraculeusement, dans la bouche de Gynéco, ça sonne juste et beau. Quand le morceau se termine, on a envie d'aller rouler une pelle à son voisin.
Comme pour rappeler que la terre reste un endroit principalement mal famé, Bruno Beausir enchaîne avec "caramel", friandise infectée de vice et au groove irrésistible. "Trop jeune" possède une instru à faire pâlir d'envie tous les rappeurs en bois de cagette qui sévissent aujourd'hui sur skyrock et "Rue Mazarine" renoue avec le Doc Gynéco de "Vanessa" qui a tant plu aux femmes sur son premier album, l'odeur de souffre en moins.
"j'sais pas remplir ma feuille d'impôts" est une ballade un poil crémeuse mais suffisamment mélodique pour éviter le redressement. "Cousins" n'est pas là pour faire de la figuration : brillamment construite sur 4 petits samples, c'est un écrin parfait pour le flow agile de RZA qui s'époumone à base de "fuck" et de "pussy" pendant que le Doc raconte strictement n'importe quoi. Jouissif.
"Quality street" se promène tranquille les mains dans les poches avec l'assurance de ceux qui n'ont plus rien à prouver. Le Doc enchaîne avec "la poudre aux yeux", le meilleur titre de l'album. Une chanson qui aurait pu propulser Gynéco au sommet. Peut être freinée par ses paroles... "Je désire aimer, être aimé, je veux m'extraire de ce monde d'hommes, ce monde étroit comme un rectum". Sûrement à cause des paroles en fait.
La reprise de "Thief a man" avec Gregory Isaacs est dans le ton. "Souveraine" est l'occasion pour le Doc de se frotter aux rythmes latinos avec succès et "secrets sucrés" exploite en "profondeur" son goût pour le(s) cul(s) et le parler cru.
L'album se termine sur "L.O.V.E story", comptine mainstream sur laquelle il règle ses comptes avec sa maison de disques, emprunte le refrain à Bob Marley et se montre tristement visionnaire sur son cas personnel ("Déjà ce son qui ne sonne plus juste, et vos sourires qui se rajustent, trop obsédé par le CD, mon intellectuelle propriété") et lucide ("Y'a que les filles qui attirent mon regard, penser à elles en entrant dans la bagarre").