Pharoah
8.1
Pharoah

Album de Pharoah Sanders (1976)

Il existe deux couvertures, l'une marron et l'autre bleue, celle du Cd est très différente.


Je saisis l’opportunité qui m’est donnée pour dire deux petits mots de cet album très particulier dans la discographie de Pharoah Sanders. J’ai déjà évoqué sa grande rareté, elle s’explique assez facilement, Pharoah était en errance de label et une opportunité lui est proposée par "India Navigation Company", un label underground basé à New York, il signe. Faute de moyens le tirage est relativement confidentiel alors que la renommée de Pharoah ne cesse de grandir, la distorsion engendrée par ce grand écart explique les prix. Les seules rééditions vinyles qui se trouvent sur le marché sont pirates, imitant tant bien que mal l’original. Il y a fort à parier que les « masters » n’ont pas été utilisés.


Par contre, « Harvest Time » qui occupe à lui seul la première face est un merveilleux titre plein de groove et de spiritualité. Il se distingue du reste de la discographie de Pharoah par une économie de moyen et une certaine sobriété. Il est accompagné par le guitariste Munoz avec lequel il joue en duo pendant l’introduction, le bassiste Steve Neil et, vers la fin du titre, par Lawrence Killian aux percussions et Bedria Sanders à l’harmonium.


Le titre est très zen, ici pas de luxuriance au niveau des percussions ni d’exubérance d’aucune sorte, cette sobriété ne signifie pas une économie d’investissement de la part de Pharoah qui joue quasiment tout du long, en laissant un peu de place aux impros de ses partenaires tout de même, sans jamais risquer le cri dont il est habituellement un grand amateur. Le bassiste Steve Neil est le grand interlocuteur de Pharoah sur cette pièce, le son de la basse est primordial ici, lancinant, répétitif, plein de calme et de sérénité. Pharoah se repose sur ce groove délicat pour dérouler un solo passionnant où même la respiration s’entend, la prise de son est délicate, quel contraste avec la face deux beaucoup plus négligée !


Après l’extraordinaire réussite de la première face, la seconde passe (un peu) à côté. La formation se modifie avec l’arrivée de Jiggs Chase à l’orgue et de Greg Bandy à la batterie qui remplacent leurs homologues. "Love Will Find A Way" est très enlevé avec Pharoah au chant et aux percussions, on retrouve le sens de la joie et de la fête qui se manifeste souvent dans sa musique, festif et joyeux donc, mais la prise de son est lointaine pour la batterie et trop imparfaite, heureusement le solo de ténor est particulièrement réussi, ce qui équilibre l’impression d’ensemble, le solo de guitare de Munoz plaira aux amateurs de Carlos Santana qui retrouveront la couleur du maître guitariste.


Le dernier titre « Memories of Edith Johnson » en souvenir probablement de l’actrice de ce nom, est le plus court, cinq minutes, c’est sans doute également le moins mémorable, il prend la forme d’un spiritual, malheureusement la prise de son n’est pas à la hauteur.


On retiendra essentiellement cette première face éblouissante.

xeres
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le 18 nov. 2022

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