Page of Life
6.5
Page of Life

Album de Jon and Vangelis (1991)

L'album de la discorde, qui sonne le glas de l'amitié (musicale au moins) entre Jon Anderson et Vangelis. Après deux premiers disques plutôt réussis et un troisième décevant, ainsi qu'une tentative infructueuse de donner suite à leur duo au milieu des années 80, les deux artistes se retrouvent finalement au début des années 90, alors même que leurs trajectoires se sont éloignées et ont pris chacune une épaisseur personnelle, incompatible avec celle de l'autre. Anderson est retourné chez Yes, tandis que la carrière solo de Vangelis est désormais installée, redynamisée depuis Direct et à l'aube du succès monumental de 1492.


Qu'attendre donc de cette réunion ? Pas grand-chose, et cela vaut mieux. Difficile de s'extasier sur la douzaine de titres qui composent ce disque, tant aucun n'est à la hauteur de ceux proposés par le duo jusqu'alors ; tant aucun, en soi, ne présente grand intérêt, oscillant entre la tentation pop d'un Yes allégé de ses oripeaux de rock progressif, et les fonds de tiroir paresseux d'un Vangelis en roue libre.

La galette commence pourtant plutôt pas mal, avec un "Wisdow Chain" punchy et bien arrangé, qui crée un espoir inattendu. Espoir aussitôt douché avec le terne "Page of Life" qui le suit, sans parler du pseudo hip-hop placé en troisième position, l'affreux "Money" qui ressemble à une démo de déconne en fin de séance de répétition (et qui dure, horreur supplémentaire, 6 longues minutes).

Dans le même genre, passons à toute vitesse sur "Be a Good Friend of Mine", dont l'atroce boîte à rythme n'aurait jamais dû quitter les archives du pire des années 90. Indigne pour les deux artistes !


Vangelis trouve le moyen de s'amuser un peu, en témoigne le fun "Jazzy Box" où Jon Anderson a le bon goût de se taire. Mais cela reste un morceau anecdotique, genre de blagounette de studio dont on se demande bien comment il a pu atterrir dans le master final. Tout comme "Little Guitar", qui sent le remplissage à plein nez, avec Vangelis qui s'amuse pendant deux minutes avec un son de guitare acoustique.

Je ne vais pas vous ennuyer en déroulant l'ensemble de la tracklist, vous avez compris l'esprit général de la chose. On peut encore sauver "Garden of Senses", pourquoi pas, et puis c'est tout. Le reste, c'est de la soupe FM que la plupart des radios FM dignes de ce nom (ou pas) auraient refuser de difuser.


Histoire de parachever le tableau, signalons que ce disque provoque donc la rupture définitive entre Jon et Vangelis, puisque le premier nommé, mécontent sans doute du résultat (on peut le comprendre), décide de ressortir le truc sept ans plus tard, avec des titres en moins et d'autres remaniés, sans qu'il y ait de miracle sur le résultat final, et surtout sans prévenir Vangelis qui, logiquement, prend la mouche et rompt tout contact avec son camarade.

Une réussite de bout en bout, ce Page of Life...

ElliottSyndrome
6
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le 8 févr. 2023

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ElliottSyndrome

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