Offend Maggie
6.9
Offend Maggie

Album de Deerhoof (2008)

Tandis que je traverse la discographie de Deerhoof, Offend Maggie est l'album que je voudrais transporter dans le passé et me tendre à moi-même, en 2008, pour que je m'intéresse un peu plus tôt à ce groupe étrange qui, à l'époque, ne m'évoquait qu'un bordel indigeste. Pas dit que la mag(g)ie aurait opéré, mais de tous les albums que j'ai écoutés jusqu'à présent, celui-ci est le moins excentrique (toute mesure gardée) d'un groupe qui a habitué ses fans à des explorations sonores toujours plus folles, dissonantes, inattendues, faisant le grand écart entre guitares violentes, rythmes décousus et mélodies candides. Et ça, ça aurait peut-être plu au jeune fan de math-rock que j'étais alors. D'ailleurs, c'est l'album que je vais conseiller autour de moi aux gens récalcitrants au style du groupe. C'est une bonne porte d'entrée, non ? OM (lol, comme l'équipe de foot) est tempéré, mesuré, pragmatique - même pas un ptit coup de cymbale à côté. On dirait que le groupe est revenu en 3e vitesse, comme s'ils avaient voulu se ranger, tenter une approche nouvelle, "plus mature", diront d'ailleurs les critiques. Et franchement, c'est plaisant, c'est travaillé, y a de bons tubes (je pense d'abord à "Fresh Born", évidemment), et à côté de ça des sons un peu nouveaux, comme "Chandelier Searchlight" qui joue sur un terrain mélodique inédit pour le groupe.
Pourtant, quand on vient de se farcir leurs précédents albums et qu'on arrive à OM, on ne peut pas s'empêcher de trouver que quelque chose cloche.
Car finalement, pourquoi écoute-on Deerhoof sinon pour savourer ces moments d'énergie folle, ce bouillonnement rock joyeux, spontané et enfantin qui fait le sel du groupe? OM est plaisant pour l'auditeur que j'étais il y a quelques années, il titille encore chez moi ce goût du jeu carré, efficace et sans fioritures, mais aujourd'hui, je recherche clairement autre chose chez Deerhoof (et, en fait, dans la musique en général), et ce quelque chose, Offend Maggie ne l'a pas, ou trop peu. Ce goût de débarquer à l'improviste, de dépasser les attentes, de foncer tête baissée. L'album reste chouette – il est juste différent.
Parmi les rejetons de Deerhoof, Offend Maggie est un peu le gamin toujours sérieux, qui ne sourit pas, qui va droit au but. On sait qu'on peut compter sur lui, c'est un brave petit gars, mais c'est pas avec lui qu'on se marre le plus.

Feedbacker
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Deerhoof vs. Feedbacker

Créée

le 1 déc. 2020

Critique lue 38 fois

4 j'aime

1 commentaire

Feedbacker

Écrit par

Critique lue 38 fois

4
1

D'autres avis sur Offend Maggie

Offend Maggie
Chro
10

Critique de Offend Maggie par Chro

Par Olivier Lamm Depuis qu'il a entamé son ascension des bas-fonds math art noise jusqu'aux scènes pop des grands festivals, le groupe de Greg Saunier et Satomi Matsuzaki ne semble obéir qu'à une...

Par

le 9 avr. 2014

1 j'aime

Offend Maggie
MathieuCan
4

Globalement inutile

Mais quel ennui, ça minaude, ça se tord le cul dans tous les sens pour qui pour quoi. Au fur et à mesure de ma progression dans la discographie complète de ce groupe, je ne vois pas d'évolution mais...

le 31 juil. 2014

1

Du même critique

The Seer
Feedbacker
10

Chemin de croix

Il serait facile de commencer par décrire la musique des Swans comme un condensé de noirceur pure, car c'est bien ce qui frappe d'emblée à l'écoute de chacun de leurs albums : une pulsion malsaine et...

le 10 sept. 2012

53 j'aime

11

Sugar Man
Feedbacker
5

Working Class Hero

Ou "Bob Dylan du pauvre" en titre. Sugar Man retrace le parcours d'un musicos, Rodriguez, qui a sorti dans le plus grand anonymat deux disques aux USA au début des 70's. Mais les disques parviennent...

le 4 mars 2013

42 j'aime

23

Les Mondes de Ralph
Feedbacker
4

Critique de Les Mondes de Ralph par Feedbacker

Les Mondes de Ralph, ça commençait bien. Son univers nous est joliment présenté : les connexions entre les différents jeux de la salle d'arcade, la façon dont les personnages perçoivent le monde...

le 20 déc. 2012

26 j'aime

2