la condition humaine est viscéralement immonde et dégueulasse

Quand on aborde la question de la laideur, de l'immoralité dans l'art, on pense souvent a l'art pictural, cinématographique ou romanesque mais la musique me semble être le médium parfait pour cela de par l'immédiateté qu'elle impose a celui qu'il écoute et son aspect non visuel qui permet de s'imaginer sa propre vision du laid et de ce qui est peut être conçu par l'esprit humain de plus immonde.

Human = Garbage, EP majeur dans l'histoire du metal extrême, a la jonction de deux sous genres du metal influencé par le punk hardcore : le sludge et le crust. Cette dualité entre un metal lent, agonisant proche de eyehategod/grief avec des moments d'une intense violence en fait une oeuvre au songwriting maîtrisé et mature. Mais Human = Garbage est bien plus que cela, c'est un album remplit de sound collage horripilant et glauques ainsi que de samples de vocaux aux paroles dérangeantes au possible.

L'album commence sur cette intro saisissante de "stress builds caracter", un homme déclame toute sa rage et sa détresse de l'injustice de son existence (critiquant au passage le capitalisme rendant la vie invivable aux classes populaires). La mort serait selon lui préférable a une vie aux conditions aussi difficiles, vie qui semblerait être une quête absurde dénuée de sens.

"YOU DON'T CARE, YOU DON'T LOVE ME

I ONLY LOVE MYSELF, NO ONE WILL LOVES ME LIKE I LOVE ME"

Dans un monde sans dieu, sans empathie pour son prochain, il ne reste que l'amour de soi élément vital de sa propre survie.

Puis ce riff sludgy fait monter la tension et petit a petit tout explose dans un carnage d'une rare brutalité. Et c'est ce qui rend cet EP si jouissif et essentiel il synthétise tout ce qu'il y a plus de plus malsain dans le metal sans tabasser avec des gros riffs h24, il sait ralentir au bon moment pour appuyer sur l'aspect dépressif/pessimiste de son propos et au contraire accélérer pour mieux imposer un climat de brutalité pur a son auditeur.

L'EP semble clairement inspiré du "Enemy of the sun" de Neurosis qui a cet aspect profondément experimental et imprévisible, empilant des riffs cradingue au milieu d'atmosphère délétères et nihilistes tout en ayant un grand sens du build up et du songwriting. Je dirais que enemy of the sun semble aller plus loin car il dure plus d'une heure et nous enfonce jusqu'au cou dans la vase, mais cet EP a le mérite d'être redoutablement efficace pour sa courte durée, c'est la demie heure de haine et carnage parfaite qu'il vous faut.

L'EP s'achève sur Love // hate, le morceau le plus expérimental et de loin le plus dérangeant. Ces sound collage psychédéliques/dissonants étranges ont clairement du influencer "sadness will prevail" du today is the day. Le morceau s'achève sur un extrait d'interview d'un homme ayant tué sa femme et son aveu est ce qu'il y a de plus troublant.

"I didn’t need no gun, I did mine with my hands, I was right there, I was right on top of her, I was face to face

I wasn’t even mad really, she looked too surprised, she was so

In a few minutes her faced puffed out and it turned dark purple and she just stared at me

She couldn’t move

She couldn’t scream

I had total control of her

I had total control of her

It felt so real, she was dead there in front of me and

I felt so fucking alive"

Human = Garbage a le mérite de bien porter son nom, il est un exposé de la nature humaine dans toutes ses failles, tout ce qu'elle a de plus néfaste qu'elle engendre ou qu'elle subit. On peut penser que c'est juste un trip edgy mais justement c'est un moyen de cathartiser ce genre d'émotion mauvaise.

Un EP vraiment important qui mériterait d'être plus reconnu et qui impose un autre niveau d'extremité dans le metal.

Alyta
10
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le 9 févr. 2023

Critique lue 10 fois

Alyta

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