Je ne savais rien du tout de Stereolab avant de commencer l'album, mais nommer ce dernier après un film de Terayama ne pouvait laisser présager que du bon.

C’est donc avec joie que je me lance dans l’écoute de Emperor Tomato Ketchup, qui s’avère très rapidement répétitif. Mais peut-on vraiment reprocher à l’album d’être répétitif ? Il est clair que c’est ici l’effet recherché par Stereolab : créer une ambiance lancinante, aliénante, répétitive… Et on ne peut pas vraiment dire que ce soit raté à ce niveau-là. Dès la première chanson, j’ai été charmé par les boucles interminables, la voix féminine, les couches qui se superposent… J’ai beaucoup aimé la manière dont l’album était foutu, un peu comme du drone. Progressivement, les instruments se superposent les uns aux autres. On a vraiment l’impression qu’il y a plusieurs « couches » parce que chaque instrument répète en boucle les mêmes accords pendant toute la durée des morceaux, il y a peu de variations, et c’est surtout ça qui donne l’aspect répétitif et aliénant de l’album. J’ai aussi beaucoup aimé la voix de la femme, elle raconte un peu n’importe quoi et c’est tant mieux. Je trouve les premiers morceaux très bons, pareil pour les derniers. Malheureusement, je trouve qu’il y a un creux au milieu. L’album a du mal à se renouveler jusqu’au morceau éponyme.

Et puis mon autre problème avec cet album, c’est que je ne trouve pas que le pop/rock (au sens large) soit très adapté à la répétition. Attention, je ne dis pas qu’un album de rock est mauvais s’il est répétitif, mais je trouve que l’électro (au sens large) s’y prête bien mieux. Pour moi des boucles de samples, de boîtes à rythmes, sont plus adaptés que des guitares et des batteries pour créer des répétitions aliénantes. Je sais, je dois dire environ 424 fois le mot « répétition » ou « répétitif » dans cette critique, mais c’est parce que pour moi, c’est vraiment là l’intérêt de l’album, c’est son principal, voire seul atout. Et même si le rendu est vraiment bien foutu, je trouve qu’en électro des artistes comme Fuck Buttons, ou alors l’album Alésia de Housse de Racket sont bien plus efficaces (d’ailleurs dans ce dernier, on retrouve le côté paroles complètement loufoques). Bref je préfère personnellement l’électro qui me procure la même chose que Stereolab en plus intense, mais c’est complètement subjectif.

En résumé, un bon album qui arrive parfaitement à provoquer les effets voulus, mais loin d’être parfait car trop inégal. Et puis le titre n’est finalement qu’un hommage, car il n’y a pas vraiment de rapport entre l’album et le film de Terayama, si ce n’est qu’ils sont tous deux expérimentaux, mais bon, ce n'est pas très important.
Ebow
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le 2 mars 2013

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Ebow

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