Cardioid
6.9
Cardioid

Album de Yodelice (2010)

Cet album est apparu dans ma vie sans que je ne connaisse rien de son contexte. En revanche, le contexte dans lequel je me trouvais a joué un très grand rôle dans mon appréciation voire adoration presque mystique du disque.


Disque que j'ai fini par racheter il y a quelques mois, et ce en dépit de la proposition de mon père qui était prêt à me filer son exemplaire. Cette idée généreuse mais stupide et maladroite était en réalité une manière d'avouer qu'il n'a rien compris à ce qui me lie tant à cette œuvre.


Je suis tout sauf doué pour les dates, donc il est parfois un peu laborieux de situer mes souvenirs, mais je dirais que nous étions aux alentours de 2012. Aucune importance de toute façon, ce n'est pas la période du calendrier qui nous intéresse ici mais bien celle de nos vies à ce moment-là.


Pour des raisons qu'il serait inutile d'évoquer, la famille était quelque peu éparpillée et mon père nous conduisait régulièrement, ma sœur et moi, chez nos grand-parents. Il venait nous rechercher en début de soirée, quand la nuit tombait et que nous étions tristounets à l'idée de quitter nos vieux jusqu'à la prochaine visite.


Cette précision est importante, puisque c'est dans le noir complet - ou quasiment, selon la saison - que nous rentrions en voiture, en empruntant de petits chemins de campagne que seuls les phares de la voiture illuminaient et que seules ses roues arpentaient. C'est dans cette espèce d'ambiance d'expédition nocturne et solitaire que mon père démarrait systématiquement ce même disque. Dans une ambiance étrange, voire mystique. Inquiétante.


Voilà comment je décrirais ce qui pesait sur notre fragile cage en métal ces soirs-là, lorsque le silence morbide de ces champs déserts était brisé par des mélodies telles que Experience ou Five Thousand Nights .


C'est sans doute à ce sentiment unique que je dois ma fascination pour das Unheimliche, ou comme on le traduit très joliment en français, l'inquiétante étrangeté. Quelque chose d'impalpable, un malaise inexplicable mais intense. Et qui en plus de cela, est si intrigant qu'il attire plus qu'il ne dérange, si bien que l'on revient s'y plonger dès que l'occasion se présente à nous.


Déjà à l'époque, je profitais de la fatigue générale qui nous gagnait suite au trajet du retour pour réécouter discrètement cet artefact bizarre dans ma chambre, avant de m'endormir. Mais rien n'y faisait, la sensation n'était jamais exactement pareille.


Aujourd'hui, ces balades appartiennent au passé. Mais il m'arrive encore, lorsque les ténèbres font leur retour, de les rejoindre en pensée grâce aux ballades de Cardioid.

Eneyen
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Albums

Créée

le 4 oct. 2018

Critique lue 234 fois

4 j'aime

2 commentaires

Eneyen

Écrit par

Critique lue 234 fois

4
2

D'autres avis sur Cardioid

Cardioid
MarcPoteaux
8

Critique de Cardioid par Marc Poteaux

Penser un deuxième album est un exercice ardu en général, mais d'autant plus lorsque le premier a fait un monstrueux carton, et que le passé musical du compositeur laissait largement à désirer. Maxim...

le 16 oct. 2012

4 j'aime

Du même critique

Cardioid
Eneyen
10

L'inquiétante étrangeté

Cet album est apparu dans ma vie sans que je ne connaisse rien de son contexte. En revanche, le contexte dans lequel je me trouvais a joué un très grand rôle dans mon appréciation voire adoration...

le 4 oct. 2018

4 j'aime

2

L'Oeil de Galilée
Eneyen
7

« L'esprit était céleste »

Au-delà des trois lois qui rendent cet homme si célèbre, je dois dire que je ne connaissais pratiquement rien de sa vie ou de son génie. C'est donc en raison d'une ignorance honteuse, et avec une...

le 5 juin 2018

3 j'aime

Call of Duty: WWII
Eneyen
4

Retour aux sources pour un naufrage plus spectaculaire

Pour commencer et pour ne pas changer les bonnes vieilles habitudes : une campagne qui n'est rien de moins qu'une démo technique jonchée de personnages creux dont j'aurai oublié le nom d'ici quelques...

le 30 janv. 2018

3 j'aime